Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Invisible de Charlotte Bousquet & Stéphanie Rubini

    Invisible

    un roman graphique de Charlotte Bousquet

    illustré par Stéphanie Rubini

    invisible.jpg

    "Ne me cherchez pas sur la photo de classe. Je n'y suis plus. Je n'y suis jamais de toute façon.

    Ce rituel, je trouve ça débile. Et puis, c'est toujours la même chose, les petits devant, les grands derrière, le prof sur le côté, "ouistiti!". A la fin, tout le monde se bat pour récupérer un truc moche et gribouiller des petits cœurs dessus."

    Marion se sent invisible. Invisible aux yeux de sa famille. Invisible aux yeux de ses camarades de collège.

    De celles dont on confond le prénom. De celles qu'on ne remarque jamais. Sauf dans les situations difficiles qui lui valent des quolibets.

    "Tu ferais mieux de renoncer avant de te prendre la réalité en pleine face, ma grosse. Même pour tes parents, t'es invisible. Nulle. Néant. Nada. "

    Puis, quand elle se rapproche de Soan, elle finit par croire que sa présence va prendre un tout autre sens.

    Et si...?

    invisible,charlotte bousquet,stéphanie rubini,gulf stream éditeur,roman graphique,bande dessinée,maux d'adolescents,dépression

    J'avais déjà eu l'occasion de vous parler sur ce blog de Rouge Tagada, le premier roman graphique consacré à ces années collèges, si marquantes et parfois si dures pour ceux qui les traversent.

    Un album qui m'avait marqué par sa justesse et sa très grande sensibilité.

    Puis, Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini ont poursuivi l'exploration des membres de cette classe. Bulles&blues ainsi que Mots cutter, mots rumeurs ont enrichi cette collection.

    Harcèlement/Besoin de se démarquer/Envie de s'affirmer/Doutes sur sa sexualité/Amour qui tait son nom/Honte aussi...autant de maux d'adolescents évoqués entre ces pages.

    Jusqu'à ce dernier opus. On y fait la connaissance de Marion, l'absente-invisible. Un peu grosse, très timide, tout le temps rougissante. Elle rase les murs. Et disparaît parfois même aux yeux de ses parents.

    Un désarroi profond l'envahit. Comme si elle acceptait cette invisibilité. Qui la fait pourtant tant souffrir.

    Toujours dans les tons gris, elle se fond dans le décor. Mais Stéphanie Rubini, par des touches de couleur (ses bocaux, ses affiches, ses créations) nous montre à quel point cette héroïne se dévalorise.

    On a envie d'y croire. On a envie, comme elle, de penser qu'elle va enfin exister pour les autres et par les autres. Surtout lorsque le beau Soan, jeune premier de la Nuit des Rois, la pièce dont elle est la costumière, commence à lui parler.

    A cette question du regard de ceux qui entourent, regard si important, regard si fui et si espéré à la fois, se superpose donc celle des premiers émois.

    "Quand je suis arrivée en cours, Soan n'était pas là. Toute la journée, j'ai eu une boule dans la gorge, une boule de larmes dures et salées qui m'empêchait de respirer."

    Montagne russe des sentiments/Oscillation perpétuelle entre le "il m'aime"/"il n'en a rien à faire de moi"

    "J'ai chassé cette voix familière, cette voix que je haïssais à coups de comètes et de rêves éveillés."

    Que c'est beau! Que c'est poignant aussi!

    A la manière d'une pièce de théâtre, les actes s'enchaînent. Et on ne sait si ce magnifique roman graphique prendra la tournure d'une comédie ou d'une tragédie.

    Jusqu'à ces ultimes pages dont je ne vous dirai rien. Mais qui m'ont tant émue.

    Bref, vous l'aurez compris: un volet extrêmement réussi, à la fois poignant et percutant, qui confirme tout le talent de ce duo Charlotte Bousquet/Stéphanie Rubini.

    Gulf Stream, 2015