Frieda
de
Annabel Abbs
"Plus tard, après que le scandale eut éclaté et que les journaux l'eurent mise au rang de paria, elle fit remonter l'origine de tout cela à une journée précise. A un moment précis. Parfois, ce moment tournoyait devant elle en une valse vertigineuse, avant de se fixer en une scène unique."
Nottingham, 1907. Mère de 3 enfants et mariée à un universitaire anglais, Frieda mène une existence marquée par la routine. Comme si tout lui échappait sans qu'elle puisse réellement identifier ce tout. Comme si elle se languissait d'un bonheur inconnu.
La visite de sa soeur et sa rencontre avec Otto Gross vont représenter un tournant. Celui d'une libération exubérante du corps. Celui d'une liesse qu'elle ne peut désormais contenir. Même si elle tente de rentrer dans le carcan conjugal. Avant que D.H Lawrence ne vienne frapper à sa porte. Évidence de cet ailleurs à construire. Malgré tout.
Construit sur un modèle narratif choral, ce roman dresse le portrait d'une femme en quête de sens et de liberté. Une femme qui n'a cessé de se définir au regard de ses soeurs, au regard de son mari et au regard des attentes de la société. Quitte à s'oublier. Le choix de ses soeurs ainsi que la rencontre d'Otto Gross qui prône une sexualité ouverte et rêve de communautarisme vont modifier son parcours.
Scène après scène, l'autrice montre les étapes de cette métamorphose sensuelle et morale. Elle tire ainsi de la matière biographique un personnage éminemment romanesque. Ce qui nous permet de mieux saisir encore toutes les ressemblances de Frieda avec la célèbre Lady Chatterley.
A cette réappropriation de son corps, dans une communion avec la nature et avec ses désirs, se greffe toute une réflexion sur la condamnation par la société. Et par les intimes mêmes.
Est brossé également tout le mécanisme qui a poussé Frieda au divorce. Mécanisme éclairé par les voix de son mari et de son fils. Car, forcément, la liberté a un prix. Celui des enfants dans une société corsetée où les apparences font loi.
Les ombres de chacun transparaissent entre les pages. La force vitale de Frieda aussi. Comme une boussole qui aimante tout.
J'ai beaucoup apprécié la manière dont les personnages sont décrits, dans leurs contrastes.
De même, j'ai été séduite tant par le style que par la manière dont la construction s'opérait, entre polyphonie et chapitres assez resserrés qui nous poussent à tourner les pages.
Tout le rapport complexe avec D.H Lawrence m'a particulièrement intéressée. Rapport créatif tout autant que rapport amoureux. Rapport d'égalité. Rapport de destruction.
Mais surtout ce qui demeure, une fois achevée cette oeuvre, c'est la sensation d'une femme en liberté qui a existé. Envers et contre tout.
Demeure aussi cette envie de me replonger dans Lady Chatterley.
Editions Hervé Chopin, 2020, 461 pages
La visite de sa soeur et sa rencontre avec Otto Gross vont représenter un tournant. Celui d'une libération exubérante du corps. Celui d'une liesse qu'elle ne peut désormais contenir. Même si elle tente de rentrer dans le carcan conjugal. Avant que D.H Lawrence ne vienne frapper à sa porte. Évidence de cet ailleurs à construire. Malgré tout.
Construit sur un modèle narratif choral, ce roman dresse le portrait d'une femme en quête de sens et de liberté. Une femme qui n'a cessé de se définir au regard de ses soeurs, au regard de son mari et au regard des attentes de la société. Quitte à s'oublier. Le choix de ses soeurs ainsi que la rencontre d'Otto Gross qui prône une sexualité ouverte et rêve de communautarisme vont modifier son parcours.
Scène après scène, l'autrice montre les étapes de cette métamorphose sensuelle et morale. Elle tire ainsi de la matière biographique un personnage éminemment romanesque. Ce qui nous permet de mieux saisir encore toutes les ressemblances de Frieda avec la célèbre Lady Chatterley.
A cette réappropriation de son corps, dans une communion avec la nature et avec ses désirs, se greffe toute une réflexion sur la condamnation par la société. Et par les intimes mêmes.
Est brossé également tout le mécanisme qui a poussé Frieda au divorce. Mécanisme éclairé par les voix de son mari et de son fils. Car, forcément, la liberté a un prix. Celui des enfants dans une société corsetée où les apparences font loi.
Les ombres de chacun transparaissent entre les pages. La force vitale de Frieda aussi. Comme une boussole qui aimante tout.
J'ai beaucoup apprécié la manière dont les personnages sont décrits, dans leurs contrastes.
De même, j'ai été séduite tant par le style que par la manière dont la construction s'opérait, entre polyphonie et chapitres assez resserrés qui nous poussent à tourner les pages.
Tout le rapport complexe avec D.H Lawrence m'a particulièrement intéressée. Rapport créatif tout autant que rapport amoureux. Rapport d'égalité. Rapport de destruction.
Mais surtout ce qui demeure, une fois achevée cette oeuvre, c'est la sensation d'une femme en liberté qui a existé. Envers et contre tout.
Demeure aussi cette envie de me replonger dans Lady Chatterley.
Editions Hervé Chopin, 2020, 461 pages