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des films et des séries

  • Couleurs de l'Incendie, un film de Clovis Cornillac

    Couleurs de l'Incendie

    un film

    de

    Clovis Cornillac

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    Voilà un film que j'attendais avec impatience. Sans doute parce que la série historique de Pierre Lemaître articulée autour de Au-Revoir là-haut, Couleurs de l'Incendie et Miroir de nos peines fait partie de mes livres préférés de ces dernières années. Sans doute également car j'avais hâte de voir comment l'incroyable scène d'ouverture serait adaptée. Tout comme certains moments impactants de ce roman.

    Dès les premières minutes et cette séquence de l'enterrement du patriarche Péricourt, avec ce ballet de la caméra qui saisit la foule présente pour rendre hommage ainsi que les serviteurs affairés et parvient quand même à capter les intentions de chacun des personnages principaux, j'ai su que j'allais passer un très bon moment de cinéma.

    C'est Clovis Cornillac, à la demande de Pierre Lemaître, qui s'est attaqué à la réalisation de cette œuvre. Et j'ai été bluffée par sa manière de mettre en scène cette vengeance à la Monte-Cristo. Comme pour l'introduction, il propose des mouvements de caméra qui donnent de l'élan aux compositions d'ensemble et retranscrivent pour autant les émotions des protagonistes les plus importants. Par un jeu d'alternances de gros plans, de plans caméra à l'épaule et de plans séquence.

    On parle souvent d'écriture cinématographique pour des romans. Mais je crois que parfois, on pourrait évoquer l'écriture romanesque d'un film. Comme pour celui-ci qui raconte, avec une juxtaposition si juste de regards et de points de vue, une histoire à la dimension de grand spectacle.

    J'ai été marquée par la façon aussi dont il filme le personnage qu'il incarne : M. Dupré, le chauffeur des Péricourt qui va seconder Madeleine Péricourt dans son entreprise de revanche. Dès le début, j'ai été frappée par le regard de ce protagoniste. Comme s'il était un peu en retrait des événements initiaux. Comme s'il voyait plus loin que les autres. Comme s'il savait. Dans un second temps, il se transforme en sorte de deus ex machina, primordial dans certains rebondissements. Comme s'il proposait une mise en abyme du rôle de réalisateur, dont l'agencement et la vision guident le bon déroulé d'un long métrage.

    Autour de lui, Clovis Cornillac a réuni un casting parfait : Léa Drucker, Fanny Ardant, Benoit Poelvoorde, Olivier Gourmet, Jana Bittnerova... : tous se révèlent formidables dans leurs rôles et prêtent vie aux héros imaginés par Pierre Lemaître. L'action permet également de dresser le tableau d'un pan de la France de 1929 à 1934, entre crise, pouvoir politique, affaires de corruption, courses à l'innovation et montée du fascisme.

    Bref, vous l'aurez compris : je vous conseille à votre tour de découvrir Couleurs de l'Incendie. Je sais déjà que certains instants me resteront en mémoire. Comme celui des funérailles. Celui d'une scène de concert à Berlin. Et ceux de complicité entre une cantatrice sur le déclin et un jeune homme brisé. 

     

  • Montre jamais ça à personne

    Montre jamais ça à personne

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    C'était lundi soir il y a 15 jours. J'étais en quête d'un nouveau programme quand je suis tombée sur cette photo. Orelsan ne fait pas partie des artistes que je connais bien . Loin de là même. Mais voilà, ce titre et ce cliché ont suscité ma curiosité. Et j'ai regardé à la suite les six épisodes de ce documentaire.

    Un documentaire entamé il y a 20 ans par un petit frère, Clément Cotentin qui croyait déjà au destin du plus grand. Un plus grand qui avait son propre appartement à Caen et qui avec sa bande fascinait son cadet.

    C'est je crois ce qui m'a le plus émue dans cette création : le regard d'un frère sur l'autre. Plein d'amour et de confiance. Un frère qui, avec le caméscope de son anniversaire, interviewe son aîné et collectionne tous ses instants de vie, de doutes, de rires, de colère, de peur, d'échecs et de succès.

    Ainsi s'enchaîne sous nos yeux une succession de séquences sur le vif où Orelsan et ses amis : Skread, Ablaye et Gringe se livrent. Avec cet effet miroir de ces scènes de maintenant, au cadrage plus classique, où chacun revient sur leur passé en commun. Pour un voyage dans le temps infiniment émouvant.

    Les années ont passé. Mais ce qui demeure, c'est ce lien. Vecteur de tous les possibles qui les a unis dès la fin de l'adolescence. Dans le bouillonnement d'un appartement, certains y ont cru plus tôt. Y ont travaillé aussi avec plus d'intensité. Avec cette certitude que tout allait s'ouvrir à eux. Puis, Orelsan a rattrapé le train de Skread et Ablaye. Sans jamais oublier le quatrième mousquetaire :Gringe avec lequel il a crée le groupe les Casseurs Flowteurs, après le succès de son deuxième album et tourné un programme court pour Canal +.

    Le regard d'un frère. La force d'une amitié qui ne se dément jamais. Autant d'éléments si sincères qui jalonnent cet itinéraire.

    Et puis, il y a ces autres voix qui retentissent. Celles de la famille un peu désemparée face à ce garçon qui ne semble pas trouver totalement sa place et dont le succès les prend de court. Celles des professionnels : managers, producteurs, auteurs, compositeurs, interprètes. Contrepoints qui éclairent d'autres facettes d'Orelsan.

    Il y a ces moments également où se dégage un air de fête. La fête des gens heureux d'être ensemble. Joie sur les tournages des clips artisanaux des débuts. Complicité sur les tournées qui prennent de l'ampleur. Rêve sur grand écran. Tous ces projets qui grandissent avec eux et dont l'ampleur parfois les surprend.

    Il y a ces heures en studio. Ecrire, raturer, chanter, recommencer, chercher le mot juste, l'intensité. Quête créative passionnante.

    Il y a ces réflexions sur le monde de la musique et sur la difficulté encore plus grande pour ceux qui ne viennent pas de Paris ou de Marseille.

    Montre jamais ça à personne.

    La preuve qu'il ne faut pas toujours écouter les grands frères.

    Montre jamais ça à personne.

    Ou un documentaire coup de cœur. Récit d'existences croisées que je ne peux que vous recommander.

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  • En thérapie

    En thérapie

     

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    Une femme de profil qui pleure. Gros plans sur ces larmes entremêlées de vie et de mort trois jours après le Bataclan.
    Dans la même pièce, il y a un homme assis. A l'écoute de cette femme et de tout ce qu'elle a besoin de déverser. Flot de paroles et de sanglots.
    Cet homme, c'est le psy Philippe Dayan. Nous sommes lundi 9h et c'est le moment où Ariane occupe l'espace.
    Jour après jour, vont se succéder ainsi dans son cabinet des patients. Un membre de la BRI qui fait partie des premiers rentrés au Bataclan. Une adolescente plâtrée qui a oublié les circonstances de son terrible accident. Un couple qui se déchire.
    Ils résistent. Ils se livrent. Ils accusent. Ils crient. Ils chuchotent. Scènes d'intensité apparemment accueillies avec le même calme et la même bienveillance par Dayan.
    Pourtant derrière ce mur d'écoute en retrait, apparaissent des fissures. Dans ses yeux. Dans ses expressions. Comme si face à ces confessions, lui même se perdait un peu. Être en crise qui chercherait lui aussi un moyen de se reancrer.

    Il y a ce cadre de l'existence du dedans qui jaillit et qui tente d'être réparée. Dans ce salon au canapé rouge.
    Il y a cette existence du dehors qui bruisse à la porte et fait parfois irruption. Rappel de tout ce qui se noue ici et ailleurs.

    Sept semaines de rencontres. Où les patients reviennent et évoluent dans cette atmosphère de l'après Bataclan qui cristallise tant de remises en question. Transfert, poids de la culpabilité, traumatismes enfouis se succèdent ainsi devant nos yeux. Portrait de générations combinées.

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    Je ne connaissais ni la version israélienne ni la version américaine qui ont inspiré cette série en 35 épisodes d'une vingtaine de minutes. Aussi, je n'avais aucune attente précise en commençant ce format et dès les premiers instants, j'ai été captée par ce huis-clos entre Ariane et Dayan. Par son intensité. Par la qualité de l'interprétation. Par les dialogues. Par les plans. Ballet de la caméra qui s'attache à nous livrer tout ce qui se joue sur leurs visages et dans cet impalpable que les silences habitent.  Et puis, j'ai enchaîné avec le second huis-clos. Et j'ai su que j'étais face à une série forte et intense. Qui émeut et fait réfléchir. Qui tutoie l'intime et l'universel.

    Les heures ont défilé et sur mon propre canapé, j'ai été scotchée par la qualité des acteurs tous aussi incroyables les uns que les autres. Frédéric Pierrot magistral dans ce rôle central, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Céleste Brunnquell, Carole Bouquet, Clémence Poesy, Pio Marmai, Djemel Barek et Elsa Lepoivre nous tiennent captifs. Interprètes incarnés. J'ai été emportée aussi par la qualité des répliques et par la réalisation. Immergée par certains plans sous une vague d'émotions. Et j'ai quitté à grand regret cette série si réussie.

    Bref, vous l'aurez compris : je ne peux que vous recommander ce programme coup de cœur et j'espère qu'Eric Toledano et Olivier Nakache imagineront une deuxième saison. 

    En thérapie, saison 1, 2021, 35 épisodes

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