Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

littérature américaine

  • Un Eté à soi

    Un été à soi

    d'Ann Patchett

    1000007137 (1).jpg

     

    C'était la première fois que je pénétrais dans l'univers de cette autrice dont j'avais entendu si grand bien. Avec cette histoire d'amour et de transmission autour d'un été à Tom Lake il y a si longtemps. 
     
    Nous sommes au printemps 2020 dans une exploitation au Nord du Michigan. Les trois filles de Lara sont réunies sous le toit familial et demandent à leur mère de leur raconter son histoire d'amour avec Peter Duke, le célèbre acteur. 
     
    Lara accepte et se transforme en Shéhérazade. Elle reconstruit pour elles et pour nous le fil de ses souvenirs. Entrelacs de récits enchassés où surgissent des figures de son passé. 
     
    La narration alterne ainsi entre des séquences de retour à Tom Lake et des scènes de ce quotidien de 2020. 
     
    Le soir, le jour, Lara parle. Elle choisit ses mots et ses anecdotes avec soin. Pour ancrer une image d'elle jeune dans la mémoire de des filles. Une image au plus près de ce qu'elle a été. Avec les éventuels blancs qu'elle souhaite laisser. Réédification de la légende de cette jeune fille et de cette jeune femme qu'elle a été. Une réédification qui forcément résonne d'autant plus chez ses filles arrivées elles-mêmes à peu près à l'âge qu'elle avait alors. 
     
    Il est question de sa grand-mère, de ses talents de couturière, de sa première pièce de théâtre, de New York, de cinéma, de Tom Lake. Oui, forcément, il est beaucoup question de Tom Lake et de Peter Duke. Et de cet été à jouer, à tomber amoureuse, à se baigner... 
     
    J'ai tout aimé je crois: les sujets évoqués, la construction, les scènes du passé et du présent, la voix de Lara, ses liens avec son mari et ses enfants, les possibles qui n'ont pas été, le ton, les paysages du Nord Michigan...Ainsi que bien entendu le style d'Ann Patchett et sa finesse d'analyse psychologique. 
     
    Bref, vous l'aurez compris: un roman que j'ai quitté à regret et que je ne peux que vous conseiller.
     
    Traduit par Hélène Frappat.
     
    Actes Sud, 2024, 230 pages
  • Les Règles du jeu d'Amor Towles

    Les Règles du jeu

    d'Amor Towles

    les règles du jeu, amor towles, littérature américaine, roman américain, roman d'apprentissage, rules of civility, new york, années 30, chronique littéraire, avis lecture, blog, blog littéraire

     

    Un soir d'octobre 1966 à New York, Katey assiste à un vernissage de photographies et reconnaît parmi les sujets quelqu'un de son passé.
    L'occasion pour elle de se remémorer ses premiers pas professionnels en 1938 et 1939. Ainsi que ses amitiés et ses amours.
     
    Il y a dans ce roman d'apprentissage raconté à rebours une certaine mélancolie. 
    Mélancolie du temps qui a filé.
    Mélancolie de ces amitiés qui se sont diluées ou qui ont tout simplement disparu.
     
    Pour autant, au creux de la nostalgie de la mémoire, subsiste un élan. Celui de cette jeunesse qui nous est contée avec ses illusions, son sens de la fête et son infini de possibilités. 
     
    Katey se lie ainsi à Eve, à Tinker, à Wallace, à Dicky. Valse de leurs quatre saisons partagées entre 1938 et 1939. 
    On assiste à leurs amours, à leurs espoirs, à leurs choix professionnels, à leurs éventuels départs.
     
    Une année cruciale donc où Katey va se métamorphoser et intégrer toutes les règles de ce jeu new-yorkais. Jeu des apparences. Jeu où on peut perdre de son essence. Jeu où chacun se cache derrière la meilleure version de soi pour briller en société.
     
    Autant je n'avais pas été sensible au Gentleman à Moscou, autant j'ai apprécié cette première œuvre d'Amor Towles. On dit souvent que dans les premières œuvres, on met beaucoup de soi et de ses influences. Ici, planent notamment les ombres de Fitzgerald et de Gatsby. Sans que cet héritage empêche pour autant Amor Towles d'affirmer son style. 
     
    Katey constitue une héroïne attachante. Éprise de lecture (comme j'ai aimé les pages sur la consolation grâce à Dickens). Un peu seule au milieu de toute ce mouvement. Mais qui avance néanmoins tout le temps. 
     
    Quant à Tinker et Wallace, ils offrent un contrepoint masculin si bien vu. Images de l'amour et de l'amitié. Images de ce qui peut échapper. Par sens du devoir. Par volonté d'absolu. Par perte de repères. 
     
    Bref, vous l'aurez compris : un titre qui m'a beaucoup plu et que je ne peux que vous conseiller. 
     
    Traduit de l'anglais par Nathalie Cunnington.
  • Absolution d'Alice McDermott

    Absolution

    d'Alice McDermott

    20241124_100408.jpg


     
    Deux femmes nous racontent et se racontent. Souvenirs de cette époque à Saigon au début des années 60 et de leurs après. 
     
    Il y a Patricia qui a suivi son mari. Elle appartient aux "épouses de", boit des cocktails dans les garden-party et s'ennuie dans cette vie qui ne lui convient guère.
    Il y a Rainey, petite fille alors. 
     
    Elles se racontent mais surtout, elles racontent Charlene. Leur amie et leur mère. Être fascinant qui fourmille de projets. Commerce de vêtements de poupée. Visites dans une léproserie.
    Autant de décisions et d'instants qui permettent de mieux appréhender ce que devait être l'atmosphère au Vietnam notamment du point de vue des expatriés.
     
    Je n'avais encore jamais lu de roman d'Alice McDermott. Et j'ai aimé son pacte narratif. Ce "je" des deux femmes. Le "je" de la confession. Le "je" du retour dans le passé. Avec le fil conducteur de la mémoire. Regards croisés sur leur réalité d'adulte et d'enfant. Flou de certains événements qui se sont dilués dans le temps. 
     
    J'ai été sensible également au style de cette autrice américaine. A la fois élégant, évocateur et qui sait saisir les mouvements de l'âme. Entre doutes, regrets, admiration, fêlures, remords, interrogations sur l'existence et sur leur environnement, deuils..
     
    Bref, vous l'aurez compris: une première découverte réussie de l'œuvre d'Alice Mc Dermott. Auriez vous d'autres titres d'elle à me conseiller ? 
     
    Traduit de l'anglais par Cécile Arnaud.