Ragdoll
de
Daniel Cole
"Lundi 24 mai 2010,
Samantha Boyd se faufila sous le ruban de signalisation de la police et, tandis qu'elle se redressait, jeta un œil vers la tristement célèbre Haute Cour criminelle de Londres. Perchée à la pointe du dôme d'Old Bailey, la statue de la Justice ne lui apparaissait plus désormais comme un symbole de puissance et d'intégrité, mais pour ce qu'elle était vraiment: une femme désespérée ayant perdu toutes ses illusions, prête à sauter dans le vide et à s'écraser sur le sol."
En ce 24 mai 2010, le jury doit rendre son verdict lors du procès de Naguib Khalid. On accuse cet homme d'être le célèbre Tueur crématiste, "le serial killer le plus prolifique de toute l'histoire de Londres: vingt-sept victimes en vingt-sept jours." Mais le jury le déclare innocent de ces crimes. Wolf, l'inspecteur en charge de l'enquête ne peut le supporter et se précipite dans le box de l'accusé. Il le démolit à coups de poings...et se fait mettre à pied pour cette grave erreur. Pourtant, il avait raison et Naguib était bien coupable...
Après une traversée du désert qui a causé la fin de son couple et lui a valu un séjour en hôpital psychiatrique, Wolf vient d'être réintégré dans ses fonctions. Voilà qu'on l'appelle en pleine nuit. Un "cadavre" composé de six victimes démembrées et rassemblées par des points de sutures a été découvert en face de chez lui. Ce "Ragdoll", comme le surnomme la presse, pointe d'ailleurs un doigt vengeur vers sa fenêtre.
De plus, on apprend qu'une liste a été communiquée par le tueur. Une liste de six noms avec les dates de leur exécution. Wolf serait le dernier à être assassiné.
Débute alors une course-poursuite pour Wolf et ses coéquipiers. Face à eux, un ennemi comme jamais ils n'ont encore vu....Prêt à tout et capable de tout. Et si c'était la dernière enquête de Wolf?
J'ai pu assister récemment à la remise du premier prix Bête noire des Libraires. Il a récompensé l'Appât, le second tome la série de Daniel Cole. Et il m'a furieusement donné envie de me lancer dans le premier opus. Aussitôt entamé, aussitôt dévoré.
Dès les premières pages, on est happés par l'intrigue. Pour son premier roman, l'auteur démontre, en effet, un grand sens de la narration. Chaque chapitre s'emboîte à merveille avec le précédent, recomposant un peu plus à chaque fois le puzzle de cette mécanique infernale. Et, bien entendu, chaque chapitre nous amène à lire le suivant, et encore le suivant. Dévorés que nous sommes par la volonté de comprendre qui est ce tueur à l’œuvre.
A ce grand sens de la narration s'allie une écriture cinématographique. Daniel Cole va à l'essentiel. Son style est serré et nerveux. Ce qui correspond-je trouve-à merveille tant avec le sujet que le milieu décrit.
Pour autant, il ne néglige pas de creuser ses personnages. J'ai particulièrement apprécié les paires de Wolf/Baxter et de Baxter/Edmunds. Ces duos de briscard/débutant où, tour à tour, Baxter joue deux rôles différents. Une manière de saisir la complexité de cette inspectrice et de sentir toutes ses failles.
De même, j'ai beaucoup apprécié l'absence de manichéisme dans la peinture de tous ces protagonistes. Certes, un tueur, comme nul autre, sévit. Mais les camps du bien et du mal sont loin d'être profondément séparés. Chacun présente ses zones d'ombre et nul n'est à l'abri de ce pacte faustien.
L'auteur nous perd dans les méandres de son intrigue. Le suspense, avec cette liste de six victimes à faire disparaître, monte graduellement. Jusqu'à un climax insoutenable. Quand la résolution arrive, même si je l'ai jugée moins forte que le reste, elle nous laisse pantelants.
Et énervés également. Car Daniel Cole nous avait donné plusieurs indices, au fil des pages...Mais derrière les images toutes plus saisissantes que les autres, comment les percevoir?
Bref, vous l'aurez compris: j'ai adoré ce polar aux accents faustiens, au rythme haletant et aux personnages bien campés Par conséquent, je ne peux que vous en recommander la lecture!
La Bête noire, Robert Laffont, 2017, 453 pages
Merci à la Bête noire et aux éditions Robert Laffont pour cette découverte!
Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.