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  • La Blancheur qu'on croyait éternelle

    La Blancheur qu'on croyait éternelle

    de

    Virginie Carton

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    "Lucien avait cherché un loueur de voitures de collection et réservé pour la journée une Ford Mustang année 1966. Le type avait dit que cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps  qu'un homme entre comme ça lui louer une Mustang 66. A une époque, c'était la folie, il ne se passait pas une semaine sans qu'un dingue franchisse le pas de sa porte vêtu du trench de Trintignant avec le projet de se rendre à Deauville en Ford Mustang. "

    Deux destins entrecroisés. Celui de Lucien, 35 ans, pédiatre, grand fan de vieux films et de Trintignant et celui de Mathilde, 35 ans aussi, qui rêve de devenir chocolatière et se sent toujours décalée au milieu des autres. Deux solitaires qui n'ont pas su s'adapter aux rencontres amoureuses modernes. Deux belles personnes qui vivent dans le même immeuble et qui, malgré leurs nombreux points communs, ne se sont jamais adressés la parole.

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    Ce roman, j'avais très envie de le lire depuis que Bianca en avait si bien parlé sur son blog. Aussi, quand il est arrivé à la médiathèque où je travaille, je me suis précipitée dessus. Et bizarrement, j'ai pris mon temps avant de l'ouvrir. Comme si j'avais peur que l'intrigue ne soit pas à la hauteur du magnifique titre. Comme si je craignais de ne pas être touchée par le destin de Lucien et de Mathilde.

    Touchée, on peut pas dire que je l'ai été. Intéressée, oui. Attendrie aussi par ces deux protagonistes si inadaptés pour l'amour et les relations modernes.

    Pour narrer leur histoire, l'auteur a choisi une structure narrative articulée autour de l'enchaînement de leurs deux points de vue. Tour à tour, on suit donc les aventures de ce prince et de cette princesse charmantes, tous deux enfermés dans leur tour de solitude et qui attendent d'être délivrés par leur alter ego.

    Mais, comme dans tout conte qui se respecte, de nombreux obstacles vont de dresser devant eux. Et ils vont devoir affronter quelques épreuves avant leur rencontre...

    Néanmoins, l'hommage aux contes de notre enfance n'est pas le seul auquel se livre Virginie Carton. On s'aperçoit très vite qu'elle est éprise de chanson française et on s'amuse à retrouver les paroles de certains tubes dans le récit.

    De même, on sent bien qu'elle aime le cinéma. Un amour qu'elle partage avec son Lucien et sa Mathilde. Tous deux admirateurs de vieux films, de Romy Schneider et de Jean-Louis Trintignant. Cette empreinte cinématographique se retrouve également dans la construction de son intrigue. Elle a su créer des scènes fortes (la fête chez le voisin, les retrouvailles des Anciens, la journée à Deauville) et très vivantes. Et que dire de cet épilogue qui rappelle les génériques de fin des longs métrages?

    "On porte en soi des images de films, des chansons qui surgissent à des moments inattendus de nos vies, qui font de nous quelqu'un ayant appartenu à une époque. Il nous reste des empreintes de ces histoires qui nous ont marqués, de ce temps où nos vies étaient vierges et où l'on croyait la blancheur éternelle. On voulait que notre vie ressemble à ce moment-là, à cet instant parfait."

    Je me suis attachée à ces deux héros et à leurs péripéties. J'ai ri avec eux, partagé leurs instants de timidité, leurs maladresses.... J'ai aimé les voir évoluer dans leur enfance. J'ai guetté leur rencontre. Je me suis énervée contre les aléas du destin.

    Lucien, Mathilde et les autres permettent aussi de dresser un portrait des trentenaires et de leurs rapports amoureux. Un portait qui peut parfois faire peur et qui m'a plutôt rapproché du romantisme et de la timidité des deux protagonistes.

    Bref, vous l'aurez compris: même s'il n'a pas constitué un coup de cœur, j'ai passé un bon moment en compagnie de ce roman sensible, tendre et optimiste.

    Editions Stock, 2014, 221 pages, 18 €

    En bonus, je joins une chanson de Vincent Delerm que j'aime beaucoup et qui retranscrit si bien l'atmosphère de la ville de Deauville au début de cet ouvrage.