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abbé faria

  • Sur les traces d'Edmond Dantès au château d'If

    Sur les traces d'Edmond Dantès au château d'If

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    La vue du château en arrivant par la navette du port de Marseille

    "Dantès se leva, jeta naturellement les yeux sur le point où paraissait se diriger le bateau, et à cent toises devant lui il vit s'élever la roche noire et ardue sur laquelle monte, comme une superfétation du silex, le sombre château d'If.

    Cette forme étrange, cette prison autour de laquelle règne une si profonde terreur, cette forteresse qui fait vivre depuis trois cent ans Marseille de ses lugubres traditions, apparaissant ainsi tout à coup à Dantès qui ne songeait point à elle, lui fit l'effet que fait au condamné à mort l'aspect de l'échafaud."

    Dans le Comte de Monte-Cristo, Dantès, suite à la trahison de Danglars et Fernand, se fait enfermer au château d'If.

    Alexandre Dumas a donc choisi  de situer une partie de l'intrigue de son roman dans cette forteresse édifiée en 1529 par François Ier, à la fois pour protéger un des ports les plus importants et assurer la fidélité de Marseille, nouvellement rattachée au royaume de France . Après avoir accueilli ses premiers prisonniers en 1540, cet établissement pénitentiaire a servi, après la révocation de l'Edit de Nantes par l'Edit de Fontainebleau en 1685, à enfermer les protestants. Quelques 3500 d'entre eux sont ainsi passés par ce lieu en deux siècles, avant d'être enchainés aux galères et d'y connaitre la mort. La Révolution de 1848 et la Commune ont également offert leurs lots de condamnés.

    Comme vous le savez peut-être, j'ai passé une partie de mes vacances à Marseille. Je vous en reparlerai plus en détail dans un de mes prochains billets. Et j'ai profité de cette occasion pour me rendre au château d'If. Une visite que j'attendais beaucoup...

    Cette visite, justement, commence par la Cour du Midi. Une Cour qui rappelle par une plaque le sort des prisonniers protestants. Une Cour dont les murs sont aussi ornés des noms gravés dans la pierre par les Républicains qui ont séjourné sur l'île entre 1848 et 1849.

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    Un des noms de Républicains, gravés entre 1848 et 1849

    Au 1er étage, se trouvent les "pistoles", des cellules individuelles où les prisonniers étaient logés s'ils payaient une pistole. Elles ont notamment abrité quelques enfermés illustres, à l'instar du comte de Mirabeau entre 1774 et 1775, retenu à la demande de son père pour le guérir de son libertinage.

    Une de ces pistoles a été transformée pour évoquer la présence du corps du général Kleber, rapatrié ici après son assassinat au Caire.

    Une autre est attribuée au fameux Masque de fer. Il n'y a pas logé mais, à l'époque de son incarcération, toutes les prisons de France devaient avoir une cellule réservée pour lui, au cas où il serait transféré.

    Quand on redescend au rez-de-chaussée, on peut entrer dans les cellules collectives où les conditions étaient plus que déplorables et où l'espérance de vie ne dépassait pas les 9 mois.

    Une d'entre elles sert de lieu d'exposition autour d'Alexandre Dumas et de la naissance du Comte de Monte-Cristo. On y apprend que l'auteur avait visité le château en 1834, lors d'une croisière en Méditerranée. Aussi, quand il a décidé de situer le début de l'intrigue à Marseille, il a tout naturellement pensé à ce lieu pour y enfermer son héros pendant quatorze années.

    En 1858 (douze ans après le dernier chapitre), il est revenu au château d'If. Et là, il a été accueilli par un gardien qui lui a raconté avec exactitude les conditions d'incarcération d'Edmond Dantès, son amitié avec l'abbé Faria, la mort de ce dernier...Comme si le héros avait réellement existé!

    J'ai beaucoup apprécié cette anecdote, d'autant plus avec le recul, après avoir achevé de lire moi-même le roman lundi soir. Je n'ai pas encore trouvé les mots pour parler de cette incroyable œuvre. Mais j'ai été particulièrement frappée par la partie située dans le château, par la relation entre l'abbé et Edmond, par la dureté de l'emprisonnement, par l'évasion...Et tout est raconté avec une telle force qu'on peut comprendre pourquoi le gardien a eu envie de croire à la réalité de cette fiction.

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    La "cellule de Dantès" (je n'ai pas réussi à faire pivoter la photo)

    Afin de flouter encore plus les frontières entre réalité et fiction, une des cellules collectives a d'ailleurs été transformée en cellule Edmond Dantès. Et un trou a été creusé pour la relier à une autre, comme si c'était celle de l'abbé Faria...

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    Le trou vers la "cellule de l'abbé Faria"

    Bref, on ressort impressionné par ce lieu chargé d'histoire et avec l'envie urgente de se plonger dans l'ouvrage de Dumas.

    Pour tout renseignement, voici le lien vers le site du château.