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  • Les Tribulations d'une cuisinière anglaise

    Les Tribulations d'une cuisinière anglaise

    de

    Margaret Powell

    tribulations d'une cuisinière anglaise, margaret powell, editions payot, traduction française de below the stairs, autour de l'univers de downton abbey, source d'inspiration de julian fellowes

    "Je suis née en 1907 à Hove, près de Brighton, et j'étais la deuxième d'une famille de sept enfants. Mon souvenir le plus ancien, c'est que les autres gosses avaient l'air plus riches que nous. Mais nos parents nous aimaient tellement!"

    Née dans une famille pauvre de la région de Brighton, Margaret Powell a dû renoncer à son rêve de devenir institutrice pour entrer en condition. Tout, d'abord fille de cuisine, elle a gravi les échelons pour devenir cuisinière dans différentes familles londoniennes avant de se marier et d'abandonner cette carrière.

    C'est ce quotidien de domestique anglaise des années 20 qu'elle dépeint dans ce livre, paru en 1968 sous le titre de Below stairs.

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    Son ouvrage a d'ailleurs constitué une des principales sources d'inspiration de trois séries télévisées: Upstairs, downstairs; Beryl's lot et bien entendu, Downton abbey.

    C'est pour cette raison que je l'ai emprunté. Je suis actuellement plongée dans la nouvelle saison de l’œuvre de Julian Fellowes et je guette avec impatience sa diffusion. J'ai pensé que les souvenirs de Margaret Powell représenteraient un bon antidote à l'attente.

    Tout d'abord, je dois avouer que j'ai eu du mal à rentrer dans le vif du sujet en raison du style. En effet, le langage oral prime et certaines constructions ou expressions m'ont quelque peu décontenancée.

    Mais, une fois surmonté ce handicap, je me suis intéressée à la vie de cette ancienne fille de cuisine devenue cuisinière (avec toujours en tête les images de Daisy et de Mrs Patmore)

    Engagée à quinze ans dans une maison de Hove, Margaret fait l'apprentissage du dur quotidien de fille de cuisine. Pour preuve, voici la liste de tout ce qu'elle doit accomplir.

    "La liste commençait par: se lever à cinq heures et demie (six heures le dimanche), descendre au sous-sol, nettoyer les conduits, allumer le feu, passer le fourneau à la mine de plomb [...] Après, je devais briquer au papier de verre le pare-feu en acier et les accessoires de cheminée [...] Je devais aussi astiquer les décorations en cuivre de la porte d'entrée, récurer les marches du perron, nettoyer toutes les chaussures et mettre la table du petit déjeuner pour les domestiques. Tout cela, il fallait que ce soit fait avant huit heures du matin."

    On la suit ainsi dans toutes les tâches qui lui incombent (comme préparer la table de la cuisine, passer au tamis tous les ingrédients d'une recette, repasser les lacets...).

    Puis, elle quitte sa ville natale pour entrer au service d'une famille londonienne. Au bout de deux ans, change encore d'emploi...Elle devient cuisinière et doit apprendre à gérer des repas à chaque fois différents selon les postes qu'elles occupent.

    Ce qui reste, en revanche invariable, c'est sa relation avec le "haut". "Eux" font souvent vivre leurs domestiques dans des conditions misérables, exigent des femmes qu'elles ne soient pas frivoles, congédient celles qui ont le malheur de tomber enceintes....

    Presque toutes les familles n'échappent pas au regard acerbe de Margaret Powell.

    "Mais si "Eux "avaient entendu les bavardages que les femmes de service rapportaient de là-haut, ils se seraient aperçus que, derrière nos visages sans expression et nos manières respectueuses, il y'avait du mépris et de la dérision"

    On est bien loin de l'image des patrons bienveillants véhiculée par Downton Abbey (même si un des couples d'employeurs s'en rapproche). Et c'est justement là un des principaux intérêts de cet ouvrage: retracer la vie et les interactions du personnel de cuisine. Des domestiques à part des autres (ils doivent les servir à table). Mais contrairement aux majordomes, valets ou femmes de chambres; une cuisinière a les pleins pouvoirs dans son domaine et ne reçoit la visite qu'une seule fois par jour de la maîtresse de maison.

    De même, une des autres qualités de ce livre réside dans l'humour de son auteure. J'ai souri à de nombreux passages, à l'instar de celui-ci:

    "Ce qu'il y avait aussi avec Mrs Bowchard, c'est qu'elle souffrait d'un mal inconnu de la médecine qui s'appelait "mes pauv' jambes". A cause de "mes pauv' jambes", il y avait tout un tas de choses qu'elle ne pouvait pas faire; "mes pauv' jambes" l'empêchaient de monter l'escalier pour aller dormir au grenier comme tout le monde, "mes pauv' jambes" lui interdisaient de faire quelque chose que quelqu'un d'autre pouvait faire à sa place, et c'était toujours à moi de m'y coller."

    Bref, vous l'aurez compris: en dépit du style trop oral et souvent répétitif, le témoignage de Margaret Powell m'a semblé intéressant car il restitue, sans langue de bois, un pan de l'histoire de la domesticité anglaise des années 20.

    Si, comme moi vous êtes fans de la série de Julian Fellowes, je pense qu'il pourrait également piquer votre curiosité.

    Editions Payot, 2013, 248 pages, 20 €