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roman sur les relations intergénérationnelles

  • La Fille qui n'aimait pas les fins

    La Fille qui n'aimait pas les fins

    de

    Yaël Hassan et Matt7ieu Radenac

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    "Je déteste cet endroit.

    Les bibliothèques me font toujours cette impression étrange: je les déteste et en même temps, je dois avouer que j'apprécie leur calme, leur ambiance studieuse et leurs rayonnages débordant de livres dans lesquels, s'ils m'appartenaient..

    Mais ils ne m'appartiennent pas!

    Et là est tout le problème....

    Emprunter un livre et avoir à le rendre ensuite, à s'en séparer, à s'en éloigner...Impossible!"

    Maya est une jeune adolescente qui adore les livres. Elle en possède pas moins de 334. Mais ses étagères débordent. Et sa mère, pour contrer cette invasion, décide, malgré ses protestations, de l'inscrire à la bibliothèque.

    Elle y fait la rencontre de Manuelo, un vieil original.

    Des liens se tissent très vite entre ces deux passionnés de littérature.

    Mais leur relation tient-elle vraiment au hasard?

     

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    A mon arrivée en secteur jeunesse, j'avais découvert certaines œuvres de Yaël Hassan: Un grand-père tombé du ciel, Momo, petit prince des bleuets et Le professeur de musique. Et, à chaque fois, j'avais été frappée par sa faculté à parler avec simplicité et émotion de sujets tels que les relations intergénérationnelles, les disputes familiales....

    Aussi, quand ce roman qu'elle a rédigé à quatre mains avec Mathieu Radenac est arrivé à la médiathèque, je n'ai pas hésité longtemps avant de m'y plonger. Surtout que je gardais en mémoire le bel article de George dessus.

    Pour raconter l'histoire de Maya et de Manuelo, les deux auteurs ont opté pour un schéma narratif qui s'articule autour d'une alternance de leurs deux points de vue (à une exception près). Un procédé que j'ai trouvé habile car il permet de mieux cerner ces protagonistes et de comprendre ce qu'ils cachent.

    Maya est une adolescente de 13 ans passionnée par les livres. Une passion qu'elle tient de son père qui avait l'habitude de lui lire des histoires tous les soirs. Un père qu'elle a malheureusement perdu trois ans auparavant.

    Maya a dû mal à faire son deuil et à accepter le nouvel ami de sa mère.

    Mais c'est justement son inscription à la bibliothèque municipale et sa rencontre là-bas avec Manuelo qui vont l'aider à avancer.

    De son côté, Manuelo dissimule également des blessures. Très vite, on comprend qu'il est le grand-père de Maya et qu'il tente de rattraper le temps perdu. En effet, son fils et lui étaient fâchés (pour des motifs que nous apprendrons à la fin) et il a été tenu à l'écart de tous les grands événements de sa vie.

    A cette thématique sur le deuil, sur les disputes familiales et sur les regrets qui peuvent en découler se greffe un bel hommage aux livres et à l'écriture.

    Maya et Manuelo nouent des échanges à partir de l'emprunt de Robinson Crusoé. Ensemble, ils vont ainsi disserter des Trois mousquetaires, de l'importance des carnets pour épancher toutes ses pensées, de marque-pages et de la fin des romans.

    Comme le laisse deviner le titre, Maya, pour une raison bien particulière (je vous laisse la découvrir), n'aime pas les fins. Elle a pris pour habitude de laisser en plan tous les ouvrages qu'elle parcourt cinquante pages avant de les avoir achevés.

    Cette question de savoir s'il arrive de regretter une fin, elle va la poser à une romancière qu'elle rencontre qu'à son grand-père, lui-même écrivain.

    "Si je regrette les fins? Je ne pense pas qu'il faille les regretter, elles marquent un nouveau départ. La fin peut être une petite lumière qui illumine l'ensemble en lui donnant un sens. Je l'espère en tout cas."

    J'ai beaucoup apprécié toutes ces réflexions sur le livre comme lien entre les personnes, sur l'écriture comme remède....

    En revanche, j'ai moins adhéré à certains éléments de l'intrigue tels que l'histoire d'amour adolescente. J'ai trouvé qu'ils avaient tendance à éloigner le lecteur des thématiques essentielles et déjà très riches abordées dans ce court roman.

    De même, je n'ai pas été convaincue par les arguments avancés pour justifier la brouille entre Manuelo et son fils.

    Bref, vous l'aurez compris: malgré quelques bémols, j'ai passé un agréable moment en compagnie de cette œuvre qui fait réfléchir sur le pouvoir de la littérature et sur le deuil.

    Syros, 217 pages, 6,50 €