Il suffit d'une nuit
de Somerset Maugham
Mary, jeune veuve de 30 ans, passe un agréable séjour dans une villa prêtée par les Léonard, un couple d'amis absents, sur les hauteurs de Florence. Son quotidien est rythmé par les balades en voiture dans les collines toscanes, les brunchs ou dîners avec la bonne société et les visites de Sir Edgar Swift, un vieil ami de sa famille. Ce dernier n'a jamais dissimulé les tendres sentiments qu'il portait à la jeune femme. Et dès les premières pages, il la demande en mariage. Mary lui promet alors une réponse dès son retour.
Le soir même, elle est invitée à un dîner par la princesse San Ferdinando. Parmi les convives, on remarque très vite Rowley Flint, un jeune Anglais à la réputation sulfureuse de séducteur. Ebloui par la beauté de l'héroïne, il lui fait une cour ardente. Mais la jeune femme se refuse. Elle rêve d'une nuit avec un inconnu " un homme qui soit malheureux, pauvre et solitaire, qui n'aurait jamais goûté aux bonnes choses que l'argent nous procure". "[Elle pourrait] lui offrir une expérience unique, une heure de félicité totale, quelque chose qu'il n'aurait même pas osé rêver et qui ne se reproduirait jamais dans sa vie"
C'est alors que son destin croise celui de Karl Richter....
J'avais adoré La Passe dangeureuse, le roman de Somerset Maugham adapté récemment au cinéma sous le nom Le voile des illusions avec Edward Norton et Naomi Watts. Aussi, quand je cherchais des ouvrages en rapport avec la Toscane et que ce titre s'est présenté à moi, je n'ai pas hésité à l'emporter dans mes bagages.
Et j'ai passé un très agréable moment de lecture.
Déjà parce qu'on sent l'amour profond de l'auteur pour cette région merveilleuse. Malgré le format assez court de son récit et l'écriture resserrée autour de l'action, il ne peut s'empêcher de discourir sur les beautés des paysages alentours. "Il y'a quelque chose dans cet air léger de la Toscane qui vous émeut au point que toute impression physique met en branle des correspondances spirituelles. Vous ressentez la même émotion que, par exemple, en écoutant la musique de Mozart, mélodieuse et gaie avec un arrière-fond de mélancolie, qui vous remplit d'un si parfait contentement que vous vous trouvez comme affranchi de l'empire de la chair. Pendant quelques minutes bénies, toute grossièreté temporelle est épurée, toute confusion s'ordonne en une harmonieuse perfection".
Et c'est sans doute cet environnement qui exacerbe les sens de Mary et qui l'éveille à la sensualité et à l'amour. En effet, on assiste à une renaissance de l'héroïne au cours de ces quelques jours décisifs. Son "coup de folie" la sort de son apathie et la force à se replonger dans la vie.
L'évolution de son personnage se révèle par conséquent très intéressante à suivre, même si elle aurait mérité un développement plus ample.
Néanmoins, le protagoniste le plus fascinant demeure sans conteste Rowley Flint. Dès la première description qui en est faite, j'ai immédiatement pensé à Rhett Butler, un de mes héros préférés de la littérature. Même côté séducteur, même cynisme, même réputation auprès des femmes, même sens de la répartie. Et cette impression s'est confirmée au fil de l'intrigue. On ne peut s'empêcher d'avoir un petit faible pour lui.
Le seul bémol de cette oeuvre réside dans le ressort même de l'intrigue: cette nuit aux conséquences désastreuses. J'ai eu beaucoup de mal à croire à son dénouement. Le justificatif psychologique apporté par Maugham me semble un peu faible. Cependant, comme je souhaitais voir ce qu'un tel événement, impliquait pour les personnages, j'ai continué avec plaisir ma lecture.
Bref, si vous désirez passer un bon moment de détente et partager les aventures de Mary, Edgar et Rowley près de Florence, n'hésitez pas.
De mon côté, je vais essayer de trouver l'adaptation cinématographique avec Kristin Scott Thomas et Sean Penn.
10/18, Collection "Domaine étranger", 158 pages
Commentaires
Quand on aime Florence, le style de maugham quoi de mieux..un peu d'immoralite et de non-conformisme..delicieux