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  • Le Lion et l'oiseau

    Le Lion et l'oiseau

    de

    Marianne Dubuc

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    "Lion travaille à son jardin quand il entend un bruit."

    Un oiseau est tombé, visiblement blessé.

    "Il ne peut pas le laisser ainsi, le pauvre petit."

    Lion soigne l'oiseau et, quand il relève la tête, il réalise que la volée est partie, abandonnant son nouveau protégé.

    Il accueille donc l'oiseau chez lui.

    "Tu peux rester, il y a bien assez de place pour deux"

    Débute alors une très belle histoire d'amitié entre ces deux esseulés.

    Mais leur nouvelle complicité pourra t-elle résister au retour de la volée?

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    Cet album, je n'en avais jamais entendu parler avant que je le remarque dans le bac des coups de cœur de la médiathèque parisienne que je fréquente. Aussitôt vu, aussitôt emprunté et...aussitôt lu.

    Son titre m'a fait penser à une fable de Jean de la Fontaine. D'ailleurs, si cet ouvrage en était vraiment une, sa morale pourrait se résumer à: l'amitié vraie fleurit partout et ne cesse jamais.

    C'est en effet le magnifique message que véhicule cet ouvrage.

    Au fil des pages, on suit, du point de vue du lion, l'évolution des liens entre ces deux personnages.

    L'hiver cohabitation/Le printemps départ/L'été attente/L'automne espoir...Ainsi va la ronde des saisons.

    Pour épouser les émotions du lion, Marianne Dubuc a choisi se se montrer économe en mots. Les phrases se font rares....Les silences d'autant plus forts....Comme, dans certains films muets, des fondus au blanc occupent certaines pages. Pour mieux faire corps avec l'attente, l'espoir, la désillusion...Toute cette palette de sentiments qui envahit notre protagoniste.

    A cette sobriété du langage, tellement juste et tellement chargée en émotions, se superpose la délicatesse des images. L'auteur entremêle aquarelle, encre et  crayon à papier pour donner vie à son intrigue. Avec toujours cette même retenue.

    Bref, vous l'aurez compris: je suis tombée sous le charme de ce petit bijou. Un livre miracle, rempli de pudeur, de poésie et de sensibilité.

    Éditions La Pastèque, 2013

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  • Vera d'Elizabeth von Arnim

    Vera

    de

    Elizabeth von Arnim

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    "Lorsque le médecin fut parti, et que les deux femmes du village, restées seules là-haut, n'eurent rien d'autre à faire que patienter auprès de son père mort, Lucy sortit dans le jardin, alla jusqu'au portail et s'y accouda pour contempler la mer."

    Le père de Lucy vient de mourir. Il était le seul ancrage de sa vie et, face à sa perte brutale, elle se sent désemparée.

    Alors qu'elle s'est accoudée au portail de leur location, elle fait la rencontre de Mr Wemys. Ce dernier s'est exilé en Cornouaille après le suicide de sa femme Vera.

    "Il avait choisi la Cornouaille à cause de l'éloignement, car il faut une journée de train pour s'y rendre et une autre journée pour rentrer à Londres, ce qui écourtait la semaine; ce laps de temps que l'opinion publique exigeait pour son deuil. Mais il restait encore cinq journée solitaires, d'errances sur les falaises, à essayer de ne penser à rien, sans âme à qui parler, sans la moindre occupation. [...] Non, il ne pouvait plus supporter cela, car il lui fallait parler à quelqu'un. Cette jeune fille, avec ses yeux étranges, n'était pas tout à fait comme les autres. Elle ne refuserait pas qu'il s'assît dans le jardin, auprès d'elle, un instant. Elle comprendrait..."

    Très vite, entre ces deux êtres confrontés à un deuil accablant, se noue une relation forte. Tellement forte que quelques mois plus tard, ils décident d'unir leur destin.

    Mais leur alliance peut-elle vraiment résister à leur installation aux "Saules", la maison de Wemys? Celle où l'ombre de Vera plane encore....

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    Il s'agit du premier roman d'Elizabeth von Arnim que je découvre. D'emblée, j'ai été frappée par les ressemblances avec le Rebecca de Daphné du Maurier. Vera lui est antérieur mais on retrouve dans les deux œuvres plusieurs points de convergence: une union éclair, un écart d'âge entre les deux conjoints, une femme disparue mais qui continue de hanter les vivants, des doutes autour des circonstances de sa mort...

    Cependant, malgré ce canevas commun, les deux intrigues ne continuent pas dans la même veine. Point de Mrs Danvers, par exemple. Non, cet ouvrage s'intéresse plutôt aux rouages du mariage.  

    Avec une cruauté implacable, l'auteur dissèque la mécanique de ce couple. De la première rencontre aux premières déclarations, de la lune de miel au retour à la réalité, rien n'échappe à son œil acéré.

    Nous les suivons ainsi sur un an, des drames qu'ils viennent de vivre à....Mais je vous laisserai découvrir la conclusion de ce huis-clos.

    En effet, alors que ce livre s'ouvrait dans un espace aéré, un jardin avec vue sur la mer, il se conclue dans un espace clos, une pièce d'une maison. Pour mieux illustrer sans doute l'enfermement de l'héroïne...

    Cette dernière, petit à petit, renonce à toute liberté pour se placer sous le joug d'Everard Wemys.

    Il est rare d'ailleurs qu'un personnage principal masculin ait provoqué autant de rejet chez moi. De prime abord, j'ai été émue par la tragédie qui le frappait. Puis, au fil des pages, j'ai mieux compris les ressorts de sa personnalité, son égoïsme profond, sa volonté d'écraser et d'asservir à son bon vouloir tous ceux qui l'entourent...Cette aversion est d'autant plus forte qu'Elizabeth von Arnim nous fait connaître la moindre des pensées de cet anti-héros.

    Effectivement, elle a choisi de nous plonger, tour à tour, dans la tête de ses trois personnages principaux, Everard, Lucy mais aussi Miss Entwisthle, la tante de Lucy, qui assiste, impuissante, à l'emprisonnement progressif de sa protégée.

    A ce schéma narratif assez explicite quant aux intentions de ses héros, elle choisit d'entremêler des zones d'ombre. Comme celles autour de la disparition de Vera...Ce qui inquiète forcément le lecteur...Et si Everard était capable de tout?

    Le doute règne jusqu'au bout...Et on ressort de cette lecture, glacés et inquiets...

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai trouvé ce roman de la tyrannie conjugale très intéressant. Mais, même si j'en reconnais les qualités tant psychologiques que stylistiques, je n'ai pas eu de coup de cœur. Sans doute car le sujet m'a trop heurtée...Et que je n'aime pas les fins ouvertes...

    Éditions 10/18, 286 pages

    Billet dans le cadre du challenge A year in England organisé par Titine.

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