Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vera d'Elizabeth von Arnim

Vera

de

Elizabeth von Arnim

vera.jpg

"Lorsque le médecin fut parti, et que les deux femmes du village, restées seules là-haut, n'eurent rien d'autre à faire que patienter auprès de son père mort, Lucy sortit dans le jardin, alla jusqu'au portail et s'y accouda pour contempler la mer."

Le père de Lucy vient de mourir. Il était le seul ancrage de sa vie et, face à sa perte brutale, elle se sent désemparée.

Alors qu'elle s'est accoudée au portail de leur location, elle fait la rencontre de Mr Wemys. Ce dernier s'est exilé en Cornouaille après le suicide de sa femme Vera.

"Il avait choisi la Cornouaille à cause de l'éloignement, car il faut une journée de train pour s'y rendre et une autre journée pour rentrer à Londres, ce qui écourtait la semaine; ce laps de temps que l'opinion publique exigeait pour son deuil. Mais il restait encore cinq journée solitaires, d'errances sur les falaises, à essayer de ne penser à rien, sans âme à qui parler, sans la moindre occupation. [...] Non, il ne pouvait plus supporter cela, car il lui fallait parler à quelqu'un. Cette jeune fille, avec ses yeux étranges, n'était pas tout à fait comme les autres. Elle ne refuserait pas qu'il s'assît dans le jardin, auprès d'elle, un instant. Elle comprendrait..."

Très vite, entre ces deux êtres confrontés à un deuil accablant, se noue une relation forte. Tellement forte que quelques mois plus tard, ils décident d'unir leur destin.

Mais leur alliance peut-elle vraiment résister à leur installation aux "Saules", la maison de Wemys? Celle où l'ombre de Vera plane encore....

AVT_Elizabeth-von-Arnim_5791.jpeg

Il s'agit du premier roman d'Elizabeth von Arnim que je découvre. D'emblée, j'ai été frappée par les ressemblances avec le Rebecca de Daphné du Maurier. Vera lui est antérieur mais on retrouve dans les deux œuvres plusieurs points de convergence: une union éclair, un écart d'âge entre les deux conjoints, une femme disparue mais qui continue de hanter les vivants, des doutes autour des circonstances de sa mort...

Cependant, malgré ce canevas commun, les deux intrigues ne continuent pas dans la même veine. Point de Mrs Danvers, par exemple. Non, cet ouvrage s'intéresse plutôt aux rouages du mariage.  

Avec une cruauté implacable, l'auteur dissèque la mécanique de ce couple. De la première rencontre aux premières déclarations, de la lune de miel au retour à la réalité, rien n'échappe à son œil acéré.

Nous les suivons ainsi sur un an, des drames qu'ils viennent de vivre à....Mais je vous laisserai découvrir la conclusion de ce huis-clos.

En effet, alors que ce livre s'ouvrait dans un espace aéré, un jardin avec vue sur la mer, il se conclue dans un espace clos, une pièce d'une maison. Pour mieux illustrer sans doute l'enfermement de l'héroïne...

Cette dernière, petit à petit, renonce à toute liberté pour se placer sous le joug d'Everard Wemys.

Il est rare d'ailleurs qu'un personnage principal masculin ait provoqué autant de rejet chez moi. De prime abord, j'ai été émue par la tragédie qui le frappait. Puis, au fil des pages, j'ai mieux compris les ressorts de sa personnalité, son égoïsme profond, sa volonté d'écraser et d'asservir à son bon vouloir tous ceux qui l'entourent...Cette aversion est d'autant plus forte qu'Elizabeth von Arnim nous fait connaître la moindre des pensées de cet anti-héros.

Effectivement, elle a choisi de nous plonger, tour à tour, dans la tête de ses trois personnages principaux, Everard, Lucy mais aussi Miss Entwisthle, la tante de Lucy, qui assiste, impuissante, à l'emprisonnement progressif de sa protégée.

A ce schéma narratif assez explicite quant aux intentions de ses héros, elle choisit d'entremêler des zones d'ombre. Comme celles autour de la disparition de Vera...Ce qui inquiète forcément le lecteur...Et si Everard était capable de tout?

Le doute règne jusqu'au bout...Et on ressort de cette lecture, glacés et inquiets...

Bref, vous l'aurez compris: j'ai trouvé ce roman de la tyrannie conjugale très intéressant. Mais, même si j'en reconnais les qualités tant psychologiques que stylistiques, je n'ai pas eu de coup de cœur. Sans doute car le sujet m'a trop heurtée...Et que je n'aime pas les fins ouvertes...

Éditions 10/18, 286 pages

Billet dans le cadre du challenge A year in England organisé par Titine.

challenge a year in england.jpg

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Je n'ai jamais lu cette romancière et je ne connaissais pas ce titre... Ce challenge nous fait découvrir des titres et des auteurs intéressants, ce qui n'arrange pas ma pal ! Ton billet est passionnant comme toujours Claire

  • Merci beaucoup Bianca!
    Oui, ce challenge est vraiment passionnant. Il permet de découvrir plein de nouveaux auteurs.
    Il s'agissait de ma première rencontre avec cette romancière et certainement pas de ma dernière.
    Je pense que je me plongerai la prochaine fois dans Avril enchanté....Un titre visiblement aux antipodes de cette ambiance glaçante et de ce sombre personnage!

  • Aaaaaahhhh, j'ai trop envie de le lire, tout ce que tu en dis me fait envie !! Et je pense que tes réserves ne me dérangeront pas. Les autres romans d'Elizabeth von Arnim que j'ai lu avait beaucoup d'humour. Ça ne semble pas être le cas ici ?
    Reste plus qu'à le trouver en librairie, car il est épuisé :(

  • C'est mon premier Elizabeth von Arnim et, même si l'ironie n'est jamais loin, l'atmosphère est plutôt glaçante....et le personnage masculin angoissant à souhait.
    Je ne m'attendais pas à une telle évolution de l'intrigue et j'ai été quelque peu surprise.
    Quelle plume en tout cas!
    J'ai hâte que tu te lances à ton tour pour connaître ton avis!

  • Pour le coup, j'avais eu un vrai coup de coeur pour ce roman et pour la surprenante tournure qu'il prend après le mariage. J'avais trouvé excellente la manière dont Elizabeth Von Arnim rendait l'atmosphère du foyer étouffante, comment elle instillait la cruauté, la noirceur de son personnage masculin. Après avoir lu "Avril enchanté", un bijou de légèreté et de lumière, j'avais été saisie par l'absence totale d'optimisme dans celui-ci.

  • Comme toi, j'ai été étonnée par la tournure que prend l'histoire après le mariage. Je n'aurais imaginé que l'intrigue évoluerait ainsi. Et quelle fin! Accablante, glaçante et dénuée de tout optimisme!
    Quel talent pour décrire cet enfermement progressif!
    Il s'agissait de ma première rencontre avec Elizabeth von Arnim. J'ai dans ma PAL Avril enchanté et je pense que je le lirai prochainement. J'espère apprécier autant que toi ce petit bijou lumineux!

  • J'avais pu le découvrir chez Romanza, il est maintenant dans ma PAL. Ce roman m'intrigue, j'espère autant l'apprécier que toi (avec un coup de coeur à la clef).

  • C'est un roman très intrigant en effet et je dois t'avouer que je m'attendais pas du tout à un tel dénouement.
    Je suis curieuse de connaître ton avis....

  • Je n'ai jamais lu cette auteur mais elle est pourtant sur ma liste "découvrir". Je note ce titre même si le thème me rebute un peu. Je commencerai sûrement ma découverte par "avril enchanté"

  • Maintenant que j'ai enfin découvert cet auteur (elle était comme toi sur une liste), mon prochain titre sera aussi Avril enchanté.
    L'occasion d'une LC?

  • Claire, ton billet donne furieusement envie de découvrir cette auteur. Bien curieusement, la première de couverture (une femme 1920 levant le visage vers le ciel et découvrant un oiseau virginal en plein vol) laisserait penser à une fin pleine d'espoir...

  • C'est une romancière à découvrir. Elle a un talent indéniable et ce ne sera certainement pas la dernière œuvre que je lirai d'elle.
    Je ne te dirai rien quant à la couverture....Est-elle bien choisie ou non? Je te laisse te faire ton propre avis.

  • Même si tu n'as pas eu un coup de coeur, je vois souvent cet auteur chroniqué et j'ai bien envie de découvrir cette romancière. tu comptes quand même en lire d'autres ?

  • Oui, je vais en lire d'autres car j'ai été conquise par la plume de l'auteur. Même si le propos m'a glacée.
    Et toi? Commenceras-tu par ce titre? Ou te lanceras-tu dans Avril enchanté?

  • Même si tu es mitigée et qu'il ne semble pas aussi caustique et drôle que "Avril enchanté" je note pour pleins de raisons. Tu me rappelle que j'avais d'ailleurs très envie de poursuivre ma découverte de cette auteure mais que je ne savais pas trop quel livre choisir ...

  • Il est vrai que j'ai été mitigée...
    Mais plus car ce livre m'a glacée...Notamment par le déroulé de son intrigue et par son dénouement. La preuve que le talent d'Elizabeth von Arnim est protéiforme.
    Le prochain que je lirai sera certainement Avril enchanté. Je te dirai si je suis aussi conquise que toi.

Les commentaires sont fermés.