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  • Anna Karenine de Léon Tolstoï

    Anna Karénine

    de

    Léon Tolstoï

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    "Les familles heureuses se ressemblent toutes; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon. Tout était sens dessus dessous dans la maison Oblonski. Prévenue que son mari entretenait une liaison avec l'ancienne institutrice française de leurs enfants, la princesse s'était refusée net à vivre sous le même toît que lui"

    Moscou, années 1870, Stépane Arcadiévitch Oblonski, qui entretenait une liaison avec la gouvernante de ses enfants, vient d'être découvert par sa femme. Cette dernière refuse de lui pardonner et l'oblige à faire chambre à part. Désemparé devant cette réaction, Oblonski cherche du réconfort auprès de son vieil ami Lévine, venu en ville pour demander la main de la jolie Kitty.

    Mais il attend surtout de l'aide de sa soeur Anna Karénine. En allant la chercher à la gare, il rencontre un des autres prétendants de Kitty, Vronsky. Des présentations ont lieu. Et Vronsky tombe immédiatement sous le charme d'Anna.

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    Tolstoï a rédigé cet ouvrage en moins d'un an: de mars 1873 à février 1874 (si on excepte l'épilogue ajouté en 1877). Il l'a fait publier sous forme de feuilleton dans le Messager russe de janvier 1875 à mai 1877. Mais un désaccord avec le comité de rédaction sur la fin a suspendu la parution. Ainsi, les lecteurs ont dû patienter jusqu'au mois de janvier 1878 pour connaître le dénouement.

    J'avais déjà lu ce roman quand j'étais adolescente. Je me souvenais avoir été frappée par le destin tragique d'Anna. Récemment, la sortie du très beau film avec Keira Knightley m'a donné envie de m'y replonger. Aussi, j'ai été ravie quand Bianca m'a proposé cette lecture commune. Et je peux tout de suite vous le dire, je n'ai pas eu le même regard que celui de mes 15 ans.

    J'ai été particulièrement frappée par le sort réservé aux femmes. Deux histoires d'adultère, en effet, sont dépeintes dans ce roman: celle d'Oblonski et de la gouvernante et celle d'Anna et de Vronsky. Or, le regard porté sur ces deux liaisons n'est pas le même. Dès le début, on voit bien qu'Oblonski bénéficie du soutien de tous (sa soeur, les domestiques...). Un peu, comme si son escapade semblait normale, au bout de quelques années de mariage.

    "Sincère envers lui-même, Stépane Arcadiévitch ne se faisait point d'illusion: il n'éprouvait aucun remords et s'en rendait fort bien compte. Cet homme de trente-quatre ans, bien fait de sa personne et de complexion amoureuse, ne pouvait vraiment se repentir de négliger sa femme, à peine plus jeune que lui d'une année et mère de sept enfants, dont cinq vivants; il regrettait seulement de ne pas avoir mieux caché son jeu.[...] Il trouvait même que Dolly, fanée, vieillie, fatiguée, excellente mère de famille certes mais sans aucune qualité qui la mit hors de pair, aurait dû en bonne justice faire preuve d'indulgence"

    Il en va autrement pour sa soeur. Son histoire d'amour avec Vronsky la met au ban de la société. En témoigne par exemple la très belle scène de l'opéra. Et lui fait perdre tout ce qu'elle a de plus cher.

    J'ai beaucoup apprécié la description de la société russe. En effet, tout au long de cette fresque, Tolstoï nous amène à comprendre le fonctionnement de la noblesse, des règles à respecter, des modes de vie à adopter..Il nous montre aussi la place de la foi...

    Les personnages dépeints m'ont également énormément plu. A commencer par Anna Karénine... J'ai admiré son courage de se lancer à corps perdu dans son histoire d'amour avec Vronsky au prix de tout ce qui lui est cher (famille, amis, rang, fortune..). C'est l'héroïne tragique par excellence, celle qui ne supporte pas l'hypocrisie et les convenances,  sacrifie tout pour sa passion et va connaître la chute..Un personnage féminin fort, comme on en rencontre peu. On la voit pour la première fois dans une gare et pour la dernière fois dans le même lieu. Entre temps, tout aura changé.

    "Il se sentait attiré non pas par la beauté très grande de cette dame, ni par l'élégance discrète qui émanait de sa personne mais bien par l'expression toute de douceur de son charmant visage. Et précisément elle aussi se détourna. Un court instant ses yeux gris et brillants, que des cils épais faisaient parâitre foncés, s'arrêtèrent sur lui avec bienveillance, comme s'ils le reconnaissaient"

    Les autres protagonistes ont également retenu mon attention. Je trouve que l'auteur a réussi à nous les rendre tous vivants. Ils illustrent tous à merveille les qualités et les défauts du genre humain. En fait, le seul qui m'ait déplu est Vronsky. Mais je ne vous en dirai pas plus, de peur de trop en révéler.

    J'aimerais finir ce billet en soulignant le talent de Tolstoï. J'ai évoqué plus haut tout l'art qu'il avait su déployer dans cette fresque pour nous montrer la diversité de la société russe et mettre en scène des personnages qui ne peuvent laisser indifférents. Je voudrais maintenant évoquer son talent dans la construction de son roman. Il établit par exemple de nombreux parallèles: les deux liaisions adultères; les deux histoires d'amour: l'une simple et pure entre Levine et Kitty, l'autre adultère et tourmentée entre Anna et Vronsky. De plus, la première scène de la gare préfigure la dernière (le destin du cheminot)

    Bref, vous l'aurez compris: un magnifique roman que j'ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir. Je pense que ses personnages, son intrigue....m'accompagneront longtemps!

    Folio, 1994, 928 pages, 10,90 €

    Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca dont voici le beau billet et dans le cadre du challenge Romans cultes de Metaphore.

     

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    Je vous mets en bonus la bande annonce du long métrage de Joe Wright. Un vision très intéressante de cette oeuvre.



    Et la très belle scène de danse entre Anna et Vronsky.