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éditions gallmeister

  • Le Jeu de la dame de Walter Tevis

    Le Jeu de la dame

    de

    Walter Tevis

    le jeu de la dame, walter tevis, the queen's gambit, jacques mailhos, éditions gallmeister, littérature américaine, roman américain, jeu d'échecs, beth harmon, roman d'apprentissage

    "Beth apprit la mort de sa mère de la bouche d'une femme qui tenait un bloc-notes. Le lendemain, son portrait parut dans le Herald-Leader. La photo, prise sur la terrasse grise de la maison de Mapplewood Drive, montrait Beth vêtue d'une robe de coton toute simple."

     

    A la suite de l'accident mortel de sa mère, Beth Harmon, du haut de ses huit ans, est envoyée dans un orphelinat. Là-bas, on leur administre des pilules qui les transforment en spectres. Des spectres qui évoluent dans un univers ouaté où rien ne semble les atteindre.

    Mais, un jour, tout bascule pour Beth. Elle découvre M. Shaibel, l'agent d'entretien, assis devant un plateau d'échecs. Il lui apprend à jouer et ouvre ainsi pour elle les portes d'un monde merveilleux. Très vite, la nuit, elle se met à mouvoir les pièces dans sa tête.

    Très vite, surtout, elle démontre un talent prodigieux et se fait remarquer dans des tournois.

    Commence alors pour elle une nouvelle existence. Celle de ses champions hors normes prêts à tout pour gagner et que la folie guette.

    Le Joueur d'échecs de Stefan Zweig fait partie des lectures qui m'ont le plus marquée à l'adolescence. Je garde notamment un souvenir très fort de ces parties que le héros mène contre lui et qui envahissent tous les recoins de sa raison au risque de le faire basculer dans un délire profond.

    Aussi, dès les premières pages, j'ai été frappée par ces séquences où la jeune Beth rejoue les parties avec M. Shaibel. Prélude à toutes ces séquences qui vont occuper ensuite son esprit entre chaque championnat ou chaque démonstration. Démonstration aussi de cette passion qui va habiter Beth et lui servir de boussole dans son existence.

    Une boussole comme un rempart contre la tristesse.
    Une boussole pour trouver un sens.
    Une boussole pour se sentir vivant.
    Une boussole pour échapper également à un environnement.
    Une boussole pour être définie.

    Car, sur l'échiquier, à chaque fois, se tient bien plus qu'un affrontement entre Noirs et Blancs. C'est comme si Beth y misait tout. Au risque de se perdre définitivement.

    Dans ce roman, Walter Tevis livre ainsi le portrait d'une héroïne forte, à l'incroyable itinéraire. Une héroïne entre ombres et lumières qui se dessine un peu plus à chaque compétition et dans ces creux entre. Des creux où il faut qu'elle comble le vide de ne pas exister en déplaçant des pions. Des creux où les dérives ne sont jamais loin.

    Ce qui rend Beth encore plus frappante, c'est tout l'art de l'auteur pour l'entourer de protagonistes secondaires qui vont éclairer à chaque fois tout un pan de sa personnalité, entre manques, failles, besoins de référence, peur de l'abandon.

    A ce talent pour créer des personnages impactants se rajoute un don pour le découpage narratif. En effet, toute l'intrigue est maitrisée de bout en bout : chaque passage fait sens et s'orchestre avec le reste. De même, l'écriture très cinématographique nous captive et anime tout l'ensemble. Comme si chaque moment pouvait se matérialiser sous nos yeux.

    Bref, vous l'aurez compris : un formidable roman que j'ai dévoré et qui me donne envie de découvrir tous les autres titres de cet écrivain et de me lancer dans la mini-série Le jeu de la dame.

    Traduit de l'américain par Jacques Mailhos.

    Editions Gallmeister, 2021, 432 pages

     

  • Huit crimes parfaits de Peter Swanson

    Huit crimes parfaits

    de

    Peter Swanson

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    Pour vous faire connaître dans le monde des blogs il y a quinze années, vous avez passé des heures et des heures à peaufiner la liste des huit romans avec les crimes les plus parfaits.
    Puis, vous avez rangé dans un lointain coin de votre mémoire cette liste qui n'a jamais rencontré le succès escompté.
    Jusqu'à cet appel en plein blizzard d'une agente du FBI persuadée qu'un meurtrier s'inspire de votre liste pour tuer.

    Telle est la situation ubuesque que vit notre héros, Malcolm Kershaw, libraire spécialisé en livres policiers, aux abords de la quarantaine. Il va donc se métamorphoser en expert pour tenter de résoudre ce mystère et dissiper tout soupçon qui pourrait peser sur lui.
    Mais peut-on vraiment rivaliser avec l'auteur de crimes parfaits?

    Voici un roman ingénieux qui m'a tenue en haleine pendant toute une journée. Le genre de roman dont on veut absolument savoir la fin. Le genre de roman qui rend hommage aux maîtres du genre qui l'ont précédé.

    A la fois grâce au sujet même de l'intrigue et grâce aux mécanismes narratifs.

    Chaque chapitre nous permet ainsi de creuser un peu plus les pistes et de se perdre dans les méandres de l'histoire. Par un jeu de superpositions d'indices qui nous rapproche et nous éloigne sans cesse de la vérité. Comme dans tout bon whodunit où plane l'ombre d'Agatha Christie.

    Les rebondissements se multiplient, les chausse-trappes aussi. Les ombres du passé reviennent hanter et colorent en noir les nuits de notre héros et l'atmosphère.

    Et déjà voici la fin. Variation autour de maîtres du genre par un auteur dont je lirai avec plaisir d'autres titres.

    Bref, vous l'aurez compris: cet ouvrage se révèle un bon divertissement et un exercice de style habile. Et surtout, il donne envie de se replonger dans les classiques de la littérature policière et dans des films noirs. 

    Gallmeister, 2021, 352 pages, traduit de l'anglais par Christophe Cuq.