Le Jardin de minuit
librement adapté du roman Tom et le jardin de minuit de Philippa Pearce
par Edith
"Tom? Tom!
Tom, cela n'amuse personne. Ni ton père ni moi de te voir partir, ni ton frère d'avoir la rougeole."
Lors d'un été, Peter, le petit frère de Tom contracte la rougeole. Comme son aîné ne l'a pas eu, il est envoyé chez sa tante et son oncle.
Ces derniers vivent dans une maison séparée en plusieurs appartements.
Au dernier étage, réside notamment l'excentrique Madame Bartholomée dont l'horloge sonne treize coups après minuit.
Au début de son séjour, notre héros s'ennuie à en mourir. Comme en témoignent ses missives à Peter.
"Peter, au secours! Ma vie ici, c'est: manger...m'ennuyer...manger...m'ennuyer. C'est le pire trou que je connaisse et le temps passe lentement, c'est désespérant."
Puis, un soir, n'y tenant plus, après les treize coups, Tom part en expédition. Et,ô magie, quand il ouvre la porte de derrière, il tombe sur un jardin magnifique.
Un jardin de minuit, accessible que pour lui et qui disparaît le jour levé...
Commencent alors pour lui de merveilleuses vacances.
Je ne connaissais pas du tout ce classique de la littérature jeunesse anglaise. Mais j'ai été attirée par la couverture de ce roman graphique. Ce qui a achevé de me convaincre, c'est la mention de l'adaptation par Edith. En effet, j'avais beaucoup apprécié sa relecture des Hauts de Hurlevent, parue dans la collection Ex-Libris chez Delcourt.
Dès les premières pages, on fait la connaissance de Tom, un petit garçon comme les autres qui s'ennuie pendant ses vacances d'été chez son oncle et sa tante.
Un soir, il part en exploration car il est étonné d'entendre l'horloge de la maison sonner treize coups juste après minuit.
A la faveur d'une porte...le voilà plongé dans un jardin immense.
Le lendemain matin, il tente de le retrouver. Mais il n'aperçoit qu'une cour pour les poubelles et une impasse.
Cependant, chaque soir, le miracle se reproduit et Tom revient dans le jardin.
Là-bas, personne ne semble le voir. Personne à l'exception de la petite Hatttie qui devient très vite sa compagne de jeu.
Tom ne vit que pour ses nuits en compagnie de la jeune fille. Mais on ne peut arrêter le cours du temps...Comme il va l'apprendre à ses dépens.
Cette histoire m'a immédiatement séduite. J'ai toujours eu une prédilection pour les univers oniriques. Ceux où ne sait où s'arrête la frontière entre réalité et songe. Est-ce que le jardin existe vraiment? Ou n'appartient-il qu'à l'imaginaire du petit Tom?
Deux mondes s'opposent: celui plus froid, plus sévère, plus simple des journées de Tom et celui plus gai, plus coloré, plus dense, plus lumineux du jardin. Comme si le rêve donnait tout son sens à la vie...Comme si la vie ne pouvait être supportable que grâce au rêve... Cet antagonisme est d'ailleurs à merveille souligné par le choix des teintes et par les traits et les fonds d’Édith.
A ce pouvoir du rêve s'ajoute une réflexion sur le passage du temps et le poids du passé, autant par ces incursions nocturnes dans un parc victorien que par des discussions avec certains locataires.
De même, ce roman graphique se révèle un très bel hommage à l'enfance, à ses jeux, à ses camaraderies....A cette sorte d’Éden vers lequel l'adulte peut/veut retourner.
En découvrant ce classique, je n'ai pu m'empêcher d'ailleurs de penser à Peter Pan de JM Barrie et à cette relation qui m'a toujours plu entre Peter et Wendy (comment ne pas y voir une évocation avec le duo Tom/Hattie?)
Bref, vous l'aurez compris: j'ai été conquise par cet ouvrage poétique et je vous conseille d'entrer à la suite de Tom dans ce jardin de minuit.
Editions Gallimard, collection Noctambule, 2015, 96 pages