Maigret et le fantôme
de
Georges Simenon
"Il était un peu plus de une heure, cette nuit-là, quand la lumière s'éteignit dans le bureau de Maigret. Le commissaire, les yeux gros de fatigue, poussa la porte du bureau des inspecteurs, où le jeune Lapointe et Bonfils restaient de garde.
-Bonne nuit, les enfants, grommela-t-il."
Par une nuit de novembre, l'inspecteur Lognon a reçu deux balles. Très grièvement blessé, il a été transporté à l'hôpital et ses jours sont toujours en danger.
Appelé sur les lieux de l'attentat, Maigret tente de mener son enquête. Mais les éléments à sa disposition sont plus que maigres...
Visiblement, Lognon avait découvert quelque chose...Et espérait ainsi gagner des galons.
Serait-ce pour cette raison que quelqu'un aurait cherché à l'abattre? Ou serait-il réellement la victime d'un fantôme, comme il l'aurait dit à la concierge?
"-Ses lèvres ont remué...Je sentais bien qu'il voulait parler...J'ai cru distinguer un mot, mais j'ai dû me tromper, cela n'a pas de sens...Peut-être qu'il délirait...
-Quel mot?
-Fantôme..."
Quand j'étais adolescente, j'ai lu plusieurs aventures du célèbre commissaire Maigret. Et puis, j'ai perdu cette habitude. A la faveur d'une diffusion d'un très bon téléfilm avec Rowan Atkinson en Angleterre et d'une discussion avec ma copinaute Martine, j'ai eu envie de me replonger dans les œuvres policières de Georges Simenon.
Dès les premières pages, j'ai retrouvé ce qui constitue, selon moi, la qualité première de ces romans: l'ambiance. On a l'impression d'être immergés dans ce Paris pittoresque de l'après-guerre, aux côtés de Maigret et d'entendre les dialogues plein de gouaille.
Une des autres qualités réside dans les personnages secondaires qui entourent notre héros. En quelques adjectifs toujours bien choisis, l'auteur parvient à nous les rendre vivants. Comme si le film de l'intrigue se tournait sous nos yeux. J'ai été surtout marquée par l'inspecteur Lognon, surnommé Malgracieux, par le Hollandais et par Mme Maigret.
Dans cet opus, elle occupe une place plus importante. Certes, elle représente toujours l'ancre du quotidien du commissaire. Cette fois-ci, pourtant, elle va également l'aider dans ses investigations. En discutant avec Mme Lognon et en recueillant ses confidences.
S'ensuit un déjeuner entre les époux.
"Ce déjeuner chez Manière resterait un de ses plus beaux souvenirs."
Cette phrase résume à merveille le talent de Simenon à dire beaucoup en peu de mots. A saisir aussi tous ces petits rien qui font le sel de l'existence.
Malheureusement, malgré ses qualités évidentes tant au niveau du style que de l'atmosphère, Maigret et le fantôme ne m'a pas convaincue en raison de son intrigue criminelle.
Je n'ai jamais cru à la résolution de l'énigme. Je sais que Maigret est réputé pour ne pas avoir de méthode apparente et pour, souvent, errer dans un brouillard avant d'arriver à une conclusion satisfaisante.
Ici, tout arrive de façon trop télescopée et je n'ai pas adhéré à cette idée de trafic.
Bref, vous l'aurez compris: j'ai été ravie de retrouver ce protagoniste mais j'espère que, la prochaine fois, je serai plus bluffée par l'histoire policière.
Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Titine qui a découvert de son côté Maigret et le voleur paresseux
Le Livre de Poche, 184 pages