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masse critique babelio

  • Trois grands fauves

    Trois grands fauves

    de

    Hugo Boris

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    "Mai 1763. Ce n'est pas la Champagne humide ici, mais la pouilleuse, celle que la craie rend stérile. La petite taille de l'enfant ne lui permet pas de connaître l'étendue de la plaine. Il en entend le silence les jours sans vent. Il marche vers la vache qu'il a aperçue, là-bas, dans le pré. Il l'a reconnue, c'est la sienne, elle cherche l'ombre d'une haie. La mère de l'enfant n'a pas eu la force de l'allaiter à sa naissance. Il s'accroupit sous la lourde grappe, prend un pis dans la main pour faire gicler le lait. Il ignore qu'il va mourir dans une seconde"

    Ainsi débute le nouveau roman de Hugo Boris. Un roman consacré à trois hommes extraordinaires: Danton, Hugo et Churchill. Trois destins qui, apparemment, paraissent distincts mais que l'écrivain va rapprocher.

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    J'avais immédiatement remarqué Trois grands fauves parmi les 600 et quelques parutions de la rentrée littéraire. Aussi, j'ai été ravie d'avoir été sélectionnée par Babelio lors de la dernière masse critique.

    Dès les premières pages, j'ai été impressionnée par le style. J'ai trouvé qu'il s'en dégageait une grande force, tout à fait en adéquation avec le sujet traité.

    De plus, la scène d'ouverture m'a semblé particulièrement frappante. Danton, âgé de 4 ans, cherche à boire du lait de sa vache nourricière et reçoit un coup de sabot d'un taureau. Visiblement, peu échaudé par cette expérience, il retourne près d'un autre bovin et se fait écraser le nez. Un incident avec un troupeau de porcs, suivi d'une chute dans une mare et d'une petite vérole finissent par le défigurer.

    Puis, Hugo Boris s'attache à nous raconter, par bribes, l'existence de ce révolutionnaire si célèbre.

    C'est d'ailleurs le procédé qu'il utilise pour les trois grands personnages de l'histoire qu'il dépeint. Il se concentre sur certaines scènes importantes de leur existence.

    De Danton, on voit ainsi la montée à Paris, l'intérêt qu'il commence à porter à la politique...Et la scène de sa mort. Je pense que je garderai cette dernière longtemps en mémoire car l'auteur a su rendre toute la force de cet homme, toute sa bravoure et sa confiance dans la vie.

    "N'oublie pas, surtout n'oublie pas, de montrer ma tête au peuple, elle en vaut la peine"

    En ce qui concerne Hugo, on s'attarde plus sur son exil à Guernesey, ses séances de spiritisme, son goût pour les femmes  (il tenait un carnet en latin et italien de toutes ses conquêtes) et ses rapports avec sa famille (son côté vampirique avec ses enfants et protecteur avec ses petits-enfants). Je ne vous cacherai pas qu'autant je reconnais du talent à cet artiste, autant je déteste l'homme. Ce qu'en montre le romancier n'a fait que renforcer ce sentiment. Une scène m'a particulièrement marquée: celle d'un déjeuner avec des intellectuels aux côtés de son fils mourant.

    De Churchill, on apprend son enfance auprès d'un père absent et peu aimant, son courage en Afrique du Sud, sa rencontre avortée avec Hitler, son investissement à Paris pendant la débâcle française....C'est la partie qui m'a sans doute le plus intéressée et j'en suis ressortie avec l'envie de me plonger dans une biographie sur cet homme hors normes.

    En revanche, je dois avouer que j'ai plus considéré cet ouvrage comme un recueil de nouvelles que comme un roman. Certes, Danton, Hugo et Churchill sont des êtres d'une force incomparable. Ils dévorent tout ce qui les entoure et il devait être bien difficile de vivre dans leur ombre (ce qu'a particulièrement bien montré l'auteur pour les deux premiers). De même, un lien est tissé entre eux (je ne l'expliciterai pas, de peur de gâcher votre lecture). Mais, à l'exception de ces deux points, je me suis plus sentie lectrice de trois récits différents.

    Un autre bémol que je souhaiterais également souligner, c'est le côté parfois trop fragmenté de ces histoires. J'ai regretté de ne pas passer assez de temps sur certaines périodes de leur existence.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman ne constitue pas un coup de cœur. Néanmoins, j'ai trouvé que Trois Grands fauves était un ouvrage intéressant, doté d'un style fort et dont certaines scènes resteront gravées longtemps. Pour les amateurs de biographie romancée, il représente aussi une bonne première porte d'entrée aux destins de Danton, Hugo et Churchill.

    Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette découverte!

    Editions Belfond, 2013, 201 pages, 18 euros