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pio marmai

  • En thérapie

    En thérapie

     

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    Une femme de profil qui pleure. Gros plans sur ces larmes entremêlées de vie et de mort trois jours après le Bataclan.
    Dans la même pièce, il y a un homme assis. A l'écoute de cette femme et de tout ce qu'elle a besoin de déverser. Flot de paroles et de sanglots.
    Cet homme, c'est le psy Philippe Dayan. Nous sommes lundi 9h et c'est le moment où Ariane occupe l'espace.
    Jour après jour, vont se succéder ainsi dans son cabinet des patients. Un membre de la BRI qui fait partie des premiers rentrés au Bataclan. Une adolescente plâtrée qui a oublié les circonstances de son terrible accident. Un couple qui se déchire.
    Ils résistent. Ils se livrent. Ils accusent. Ils crient. Ils chuchotent. Scènes d'intensité apparemment accueillies avec le même calme et la même bienveillance par Dayan.
    Pourtant derrière ce mur d'écoute en retrait, apparaissent des fissures. Dans ses yeux. Dans ses expressions. Comme si face à ces confessions, lui même se perdait un peu. Être en crise qui chercherait lui aussi un moyen de se reancrer.

    Il y a ce cadre de l'existence du dedans qui jaillit et qui tente d'être réparée. Dans ce salon au canapé rouge.
    Il y a cette existence du dehors qui bruisse à la porte et fait parfois irruption. Rappel de tout ce qui se noue ici et ailleurs.

    Sept semaines de rencontres. Où les patients reviennent et évoluent dans cette atmosphère de l'après Bataclan qui cristallise tant de remises en question. Transfert, poids de la culpabilité, traumatismes enfouis se succèdent ainsi devant nos yeux. Portrait de générations combinées.

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    Je ne connaissais ni la version israélienne ni la version américaine qui ont inspiré cette série en 35 épisodes d'une vingtaine de minutes. Aussi, je n'avais aucune attente précise en commençant ce format et dès les premiers instants, j'ai été captée par ce huis-clos entre Ariane et Dayan. Par son intensité. Par la qualité de l'interprétation. Par les dialogues. Par les plans. Ballet de la caméra qui s'attache à nous livrer tout ce qui se joue sur leurs visages et dans cet impalpable que les silences habitent.  Et puis, j'ai enchaîné avec le second huis-clos. Et j'ai su que j'étais face à une série forte et intense. Qui émeut et fait réfléchir. Qui tutoie l'intime et l'universel.

    Les heures ont défilé et sur mon propre canapé, j'ai été scotchée par la qualité des acteurs tous aussi incroyables les uns que les autres. Frédéric Pierrot magistral dans ce rôle central, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Céleste Brunnquell, Carole Bouquet, Clémence Poesy, Pio Marmai, Djemel Barek et Elsa Lepoivre nous tiennent captifs. Interprètes incarnés. J'ai été emportée aussi par la qualité des répliques et par la réalisation. Immergée par certains plans sous une vague d'émotions. Et j'ai quitté à grand regret cette série si réussie.

    Bref, vous l'aurez compris : je ne peux que vous recommander ce programme coup de cœur et j'espère qu'Eric Toledano et Olivier Nakache imagineront une deuxième saison. 

    En thérapie, saison 1, 2021, 35 épisodes

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  • Maestro

    Maestro

    un film de Léa Fazer

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    Henri est un jeune acteur qui rêve de tourner dans des films d'action mais ne décroche que des rôles insignifiants dans des séries télévisées ou des publicités pour des jus d'orange. Grâce aux conseils d'une de ses amies, il passe une audition pour le réalisateur Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d'auteur.  Son naturel et son aplomb convainquent et très vite, il se retrouve sur les lieux d'un tournage, bien différent de tout ce qu'il avait pu envisager...

    Débute alors pour lui une expérience hors du commun. L'attendent en effet de très belles rencontres amicales, amoureuses et culturelles.

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    Pour créer ce film, Léa Fazer s'est inspirée de l'expérience de Jocelyn Quivrin sur le dernier long métrage d'Eric Rohmer les Amours d'Astrée et de Céladon. L'acteur avait même participé à la rédaction du scénario avant de trouver la mort dans un accident tragique.

    A priori, rien ne prédispose Henri à rejoindre le casting du dernier Cédric Rovère. Au quotidien, ses préoccupations semblent bien éloignées de l'univers de cet artiste. Films d'action, jeux vidéo, réflexion sur comment échapper aux huissiers, occupent ces journées.

    Quand il obtient donc le rôle, il se prend à rêver d'un tournage haut de gamme, entre hôtels cinq étoiles, agents, caravanes...Or, rien ne se passe comme prévu. Au contraire, il découvre l'envers des décors des films d'auteur, confectionnés avec très peu de moyens: répétition dans des cryptes avec des chaises qui se cassent, manque de pellicule, figurants interchangeables grâce à des perruques farfelues, effets spéciaux "maison" (avec des branches levées au passage de certains protagonistes par des acteurs cachés dans l'herbe)...

    J'ai beaucoup ri à toutes ces péripéties qui ponctuent les différentes séquences. Tout sonne juste (car inspiré par une expérience réelle) et désormais, je me représente mieux comment ce genre de production émerge, dans un chaos créatif.

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    Maestro constitue également un bel hommage au "Maestro" Eric Rohmer. De son œuvre, je n'avais vu que des extraits et je trouve que c'est là une des forces justement de ce film: même les néophytes peuvent comprendre les références et les savourer.

    Dans le rôle titre, on retrouve Michael Londasle dont j'avais déjà admiré le jeu dans Des hommes et des dieux et qui se révèle une nouvelle fois excellent. Face à lui, Pio Marmaï, un acteur qui incarne son personnage à la perfection. On croit à leur duo, on savoure leurs échanges...Et quel bonheur d'assister à cette transmission! Sous l'influence du maître, Henri s'ouvre à la poésie, au théâtre, se met à acheter des livres et avoue ne plus être tout à fait le même.

    Car ces semaines sur les Amours d'Astrée et de Céladon auront eu un impact sur tous les participants. Un impact plus ou moins grand certes, mais un impact quand même...Des graines de bonheur auront germé en chacun.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai beaucoup aimé ce film au casting épatant. Un film sur le cinéma, la vie, l'amour, la création et les petites joies du quotidien que je vous recommande fortement.