Mon Roi
un film de Maiwenn
Après une grave chute de ski, Tony est admise dans un centre de rééducation.
Six semaines pour reconstruire ses ligaments...
Six semaines pour faire le point aussi sur sa relation passionnelle et tourmentée avec Giorgio...
Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous le dire mais je suis une grande fan du travail de Maiwenn. Je trouve qu'elle se démarque dans le paysage cinématographique et parvient toujours à livrer des films à la fois touchants et percutants (mention spéciale bien entendu à Polisse)
Aussi, j'attendais avec impatience la sortie de Mon Roi au cinéma.
Et, autant vous le révéler tout de suite, j'ai quitté la salle, avec des sentiments partagés.
Je n'ai pas aimé le choix narratif opéré. En effet, deux chronologies s'entremêlent sans cesse: le temps de la rééducation dans ce centre, au milieu de ces autres accidentés de la vie, et le temps de l'amour fou et destructif.
Il est toujours difficile de réussir à trouver un équilibre entre deux parties et là, clairement, le passé a supplanté le présent.
Parce que certaines scènes dans l'établissement de soins m'ont paru surjouées ou too much (je fais notamment référence à celle de l'entretien avec la psy (genou/"je noue")
Parce que tous les patients parviennent à rester lumineux, drôles....Comme si la vie ne les avait pas frappés
Parce qu'on a parfois nettement l'impression que cette description du séjour en milieu hospitalier ne sert que de transition entre les scènes avec le Roi
Comme si le film, dans sa construction même, se faisait le miroir de la fascination exercée par cet homme..
Mon Roi, c'est Vincent Cassel. Dans un rôle écrit pour lui. Dans des séquences qu'il a pu improviser. La caméra tourne sans cesse autour de lui, épousant le regard amoureux de Tony. Et, comme l'héroïne, le spectateur ne peut être que sous le charme.
Époustouflé par la performance de cet acteur caméléon. Époustouflé aussi par le personnage qu'il incarne. Un grand séducteur, un homme capable du meilleur comme du pire, un escroc, un homme castrateur, un manipulateur...Qu'on adore et qu'on hait à la fois.
Un homme qui nous échappe....Dont on ne comprend jamais pleinement les fêlures. Car on ne le voit que par les yeux de Tony et comme elle, on ne parvient pas à saisir totalement sa substance.
Toutes les scènes où Vincent/le Roi est là sont d'une force et d'une justesse incroyable. A la fois drôles (donner son portable n'aura plus le même sens désormais pour moi), crues, tendres, dures, éprouvantes...
Et c'est là le regret justement: se dire que ce long métrage aurait pu être une réussite totale si Maiwenn n'avait gardé que ces instants.
Si elle avait pris le parti de ne se concentrer que sur Tony/Giorgio, Emmanuelle Bercot/Vincent Cassel...
Si elle avait juste fait le récit de cette passion, de cette dérive...
Bref, vous l'aurez compris: ce film, que je reverrai ne serait-ce que pour la performance formidable des deux acteurs principaux, m'a laissé avec de nombreux regrets. Comme si Maiwenn avait gardé toutes les idées qu'elle voulait exposer, à la manière d'un brouillon, sans parvenir à enlever celles en trop.