La Marque de Caïn
de
Anne Perry
"-Mr Monk? dit-elle
Il se retourna. Elle prit une profonde inspriration.
-Mr William Monk?
Il se leva du bureau sur lequel il travaillait. La logeuse avait dû faire entrer la dame par l'extérieur.
-Oui, Madame?
Elle avança encore d'un pas, indifférente au mouvement de ses larges jupons soutenus par une gigantesque crinoline qui vinrent buter contre la table basse. Sa toilette, de bonne coupe, était sans ostensation. La nouvelle venue semblait s'être vêtue à la hâte, sans prêter attention aux détails. Le corsage n'était pas tout à fait assorti à la jupe et le large ruban du chapeau ne tenait que par un gros noeud un peu lâche. Quant à l'expression de son visage au petit nez et à la bouche volontaire, elle trahissait une considérable nervosité"
C'est ainsi que Geneviève Stonefiled s'introduit chez William Monk pour lui demander de retrouver Angus, son mari, disparu depuis trois jours. La dernière fois qu'il a été aperçu, il voulait rendire visite à son jumeau Caleb, un homme "violent, brutal, dangereux, un paria, même parmi la pègre qui peuple les rives du fleuve, au-delà de Limehouse, là où il vit".
Monk accepte de mener l'enquête. Et bien vite, il est convaincu de la disparition d'Angus. Mais comment retrouver le corps? Et surtout, Caleb est-il vraiment le coupable?
Comme vous le savez déjà, j'ai eu la chance de découvrir la série des William Monk grâce au challenge Anne Perry organisé par Syl. Je suis immédiatement tombée sous le charme de ce personnage hors du commun et voici la sixième aventure que je suis.
J'ai eu grand plaisir à retrouver le détective. Après s'être rapproché d'Hester Latterly, il se pose de multiples questions sur leur relation. Mais bien vite, il cède aux charmes d'une certaine Drusilla, l'exact opposé de l'infirmière. Un femme emplie de féminité et qui sait séduire....Une femme qui le met dans une situation fort délicate.
Mais, il peut compter sur le dévouement de ses amis et de l'astucieuse Hester. Cette dernière, depuis Des âmes noires, a pris conscience de ses sentiments. Malheureusement, elle ne peut agir sur eux...Et se retrouve dans l'attente.
Très vite, j'ai trouvé que ce tome se révélait un tome de transition. Anne Perry a nettement pris le parti de ne pas faire évoluer les intrigues amoureuses. Le triangle Hester-Monk-Rathbone n'est toujours pas résolu. Il en va de même pour l'attirance de Lady Callandra pour un médecin. Tout reste en suspense et j'espère que le prochain volume apportera des réponses....
L'intrigue policière ne m'a pas particulièrement convaincue. Pour la première fois, je me suis doutée assez vite de la clé de l'énigme.
Ce qui m'a plu en revanche, c'est le don, une nouvelle fois, d'Anne Perry pour ressusciter le Londres victorien. Elle nous entraîne dans une visite de la capitale, des beaux quartiers aux bas-fonds de Limehouse. On en apprend plus sur le miieu de la pègre, sur les risques de maladie... L'épidémie de typhoïde qu'Hester et Callandra tentent d'endiguer permet de mieux appréhender les conditions de vie des pauvres.
"Le cocher ne s'était pas trompé de beaucoup lorsqu'il avait évoqué la fièvre qui ravageait Limehouse: en fait, il ne s'agissait pas de la maladie respiratoire qu'est le typhus, mais de la typhoïde, trouble intestinal qui frappait dans les habitations et les taudis surpeuplés, diffusé par la malpropreté qui régnait"
La frontière entre la petite bourgeoisie et la pauvreté n'est jamais loin, comme le rappelle Geneviève Stonefield. Si elle s'inquiète tant de la disparition de son mari, c'est aussi parce qu'elle a peur de voir son affaire péricliter et de sombrer dans la misère.
Bref, vous l'aurez compris: un tome de transition quant à l'avenir des personnages récurrents, à l'intrigue moins bien ficelée que les précédentes mais qui permet une exploration des bas-fonds londoniens. J'attends avec plaisir mes prochaines retrouvailles avec Monk.
Lu dans le cadre d'une lecture commune avec Syl, Shelbylee et Adalana.
Billet dans le cadre du challenge Anne Perry, challenge God save the livre 2013, challenge La Plume au féminin 2013 , challenge victorien et challenge du polar historique.
Editions 10/18, collection "Grands détectives", 2001, 444 pages, 8,80 €
Commentaires
Tu sais, je ne languis pas les grandes déclarations. J'aime bien les sentiments qui éclosent lentement même s'ils sont flagrants. T'as vu... un moment Lady Callandra dit à Monk que c'était tant mieux qu'il n'aimait pas Hester car elle pouvait attraper la typhoïde et mourir ! Elle est rusée la guêpe !
Seulement à la fin, je me suis doutée du dénouement tout en me disant que ce n'était pas possible...
Nous sommes bonnes pour le suivant !
A++
Elle est effectivement très rusée Lady Callandra. Beaucoup plus que Monk et Hester dans tous les cas.
On verra si elle a raison dans les prochains tomes! Je suis vraiment ravie de poursuivre l'aventure. Une idée de la prochaine date? Biz
Beau billet Claire mais bien que cette série soit intéressante j'ai prévu de lire tous les Thomas et Charlotte Pitt alors Monk attendra
Tu devras patienter longtemps alors avant de découvrir les charmes du ténébreux William ;)
Je viens de finir le premier volume des Pitt et je pense que je vais poursuivre l'aventure. On pourra peut-être se programmer d'autres lectures communes?
Je vais commencer mon premier Anne Perry demain avec L'étrangleur de Cater Street. J'espère être autant séduite que toi.
J'espère qu'Anne Perry te séduira autant que moi, Céline! J'ai hâte de lire ton avis!
Je suis d'accord avec toi, j'ai été un peu déçue par l'intrigue (sauf que pour moi c'était une relecture et je me souvenais de la fin). J'aime toujours autant la description de Londres et de ses bas-fonds. Par contre, à mon avis Hester n'a pas tout capté sur ses propres sentiments, je pense qu'elle se voit juste comme la bonne amie de Monk...Je te vends un peu la mèche pour que tu n'aies pas trop d'attentes, la résolution du triangle, ce n'est pas encore pour le prochain tome !
Je me doutais bien qu'Anne Perry ne résoudrait pas tout de suite le triangle amoureux.
J'espère être plus séduite par la prochaine intrigue. Mais il faut dire que celle des âmes noires était tellement forte! Difficile de soutenir la comparaison!
J'ai beaucoup aimé, comme toi, la peinture de Londres et des bas-fonds.
Vivement le 23 avril!