Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jane Eyre de Charlotte Brontë

Jane Eyre

de

Charlotte Brontë

jane eyre,charlotte brontë

"Il était impossible de se promener ce jour-là. Le matin, nous avions erré pendant une heure dans le bosquet dépouillé de feuilles; mais, depuis le dîner (quand il n'y avait personne, Mme Reed dînait de bonne heure),le vent glacé d'hiver avait amené avec lui des nuages si sombres et une pluie si pénétrante, qu'on ne pouvait songer à aucune excursion"

Orpheline depuis son plus jeune âge, Jane Eyre a été recueillie par sa tante, la revêche Mme Reed. Cette dernière, ne la supportant plus, la place à l'orphelinat de Lowood. Les années passent...Jane grandit et se met à chercher un emploi de gouvernante. C'est ainsi que Mme Fairfax l'engage pour s'occuper de la jeune Adèle au manoir de Thornfield.

Jane se sent très vite chez elle là-bas. Quelques mois après son installation, elle fait la connaissance du propriétaire des lieux, le ténébreux Mr Rochester...

 

jane eyre,charlotte brontë

J'avais adoré Jane Eyre lorsque je l'ai lu la première fois, au début de mon adolescence. Depuis, j'ai regardé de nombreuses adaptations telles que celle avec Charlotte Gainsbourg ou la plus récente avec le très séduisant Michael Fassbender.

 

jane eyre,charlotte brontë

Aussi, quand Bianca m'a proposé une lecture commune, je me suis empressée d'accepter. Et je me suis replongée avec plaisir dans ce roman.

Dès les premières pages, j'ai été de nouveau frappée par le "je"narratif. Tout au long du parcours, on suit une héroïne qui s'exprime à la première personne et nous parle de sa vie. Ce schéma de narration confère un aspect très féministe à cette oeuvre, publiée en 1847, en pleine période victorienne.

Jane connaît une enfance très malheureuse, auprès des Reed. Elle a perdu ses parents alors qu'elle était bébé et a été confiée au frère de sa mère. Sur son lit de mort, ce dernier a fait jurer à sa femme de prendre soin de l'orpheline. Mme Reed s'est chargée d'elle avec réticence et la brime sans cesse. De même, elle est persécutée par ses cousins. Une crise de rebellion plus forte que les autres la conduit à être sévèrement punie. En effet, à dix ans, elle se retrouve enfermée dans la chambre rouge, celle où son oncle a rendu l'âme. Privée de lumière, elle commence à se raconter des histoires et croit voir des fantômes...Cette épreuve la rend même malade.

Quelque temps après, sa tante décide de la placer à l'orphelinat Lowood, dirigé par Mr Brocklehurst. Les conditions de vie sont épouvantables là-bas: on affame les enfants, le froid se fait en permanence ressentir...Et les épidémies sont courantes. L'une d'entre elles va d'ailleur coûter la vie à plusieurs pensionnaires.

Cette partie m'a énormément marquée. Elle témoigne de la pauvreté dans laquelle certains enfants pouvaient être élevés. Elle sonne d'autant plus juste que Charlotte Brontë a elle-même connu cette situation. En effet, à l'âge de huit ans, elle est entrée avec ses trois soeurs aînées dans un pensionnat pour enfants de membres du clergé peu fortunés. Tout comme à Lowood, la nourriture et l'hygiène étaient quasi inexistantes et deux des soeurs en ont même perdu la vie.

Suite à cette épidémie, l'infâme Mr Brocklehurst doit réviser ses méthodes d'éducation. Le sort de Jane et de ses comparses s'améliore. Les années passent et bientôt, Jane, si elle ne veut rester à Lowood, doit chercher un emploi. Elle passe une annonce et se retrouve ainsi gouvernante auprès de la jeune Adèle au manoir de Thornfield.

Les mois s'écoulent paisiblement...Et un jour, paraît au manoir Mr Rochester. Très vite, Jane et lui se rapprochent.

Bien entendu, c'est cette partie qui m'a le plus intéressée. J'ai beaucoup aimé les échanges entre ces deux protagonistes. A cet aspect romantique se superpose une pointe de mystère. En effet, dès son arrivée, Jane a remarqué l'étrange Grace Poole. Une femme à laquelle elle prête un rire dément

"Au moment où je passais, un éclat de rire vint frapper mes oreilles. C'était un rire étrange, clair, et n'indiquant nulle joie [...]le bruit cessa quelques instants; puis recommença plus fort[...] cette fois, c'était un accès bruyant qui semblait trouver un écho dans chacune des chambres solitaires"

Ce rire s'accompagne bien vite de déplacements étranges, d'un incendie inexpliqué...Tous ces éléments confèrent une tonalité gothique à ce roman.

Jane quitte un jour le manoir (je vous laisse découvrir pourquoi) et se retrouve chez Saint-John et ses soeurs. Une partie qui m'a profondément ennuyée et dont j'avais évacué le souvenir à la première lecture. Sans doute car je la trouvais beaucoup trop moraliste. J'en suis même venue à détester le personnage de Saint-John, ce parangon de vertu glacial.

Certains passages m'ont également semblé trop datés:

"Il aurait été impossible de trouver chez aucun fermier anglais des jeunes filles plus décentes, plus respectables, plus modestes et mieux élevées; et c'est beaucoup dire: car, après tout, les paysans anglais sont les mieux élevés, les plus polis et les plus dignes de toute l'Europe. J'ai vu depuis des paysannes françaises et allemandes; les meilleures m'ont paru ignorantes, grossières et stupides, comparées à mes enfants de Morton" (NB: les Français en prennent souvent pour leur grade)

Il n'en demeure pas moins que Jane Eyre, même s'il n'a pas été un coup de coeur, demeure un grande oeuvre pleine de romantisme échevelé (l'histoire du cri). Mais aussi un très beau portrait d'héroïne en quête de bonheur et d'indépendance. Et une description très réussie de la condition des femmes dans les années 1840 (le veuvage, la folie, la nécessité de travailler quand on est pauvre, l'importance de l'apparence physique...)

Bref, vous l'aurez compris: ce roman ne m'a pas transportée comme lors de ma première lecture. Mais mon coeur de midinette aime toujours autant l'histoire entre Jane et Rochester. Si seulement on ne passait pas autant de temps en compagnie de ce raseur de Saint-John Rivers...

Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca et des challenges des 100 livres à avoir lu, victorien, God save the livre 2013, des romans cultes, Au service de et la plume au féminin 2013.

 

Pocket, 2012, 760 pages, 3,90 €

jane eyre,charlotte brontë jane eyre,charlotte brontë









jane eyre,charlotte brontë jane eyre,charlotte brontë






jane eyre,charlotte brontë jane eyre,charlotte brontë











 


Commentaires

  • Beau billet Claire, nettement meilleur que le mien, je n'étais pas très inspirée je crois. Je suis contente en tout cas que nous ayons le même avis sur ce roman et sur st john, un parangon de vertu comme tu dis que j'ai pris en grippe

  • Merci beaucoup Bianca! J'étais ravie de voir que nous partagions le même avis sur Saint-John et sur ce roman.
    J'ai sorti Rebecca de ma PAL et il va m'accompagner la semaine prochaine lors de mes vacances à Londres.
    Biz

  • Je me demande si je le relisais si ça serait un coup de coeur car comme toi, je ne me rappelle que peu de St John et très bien de l'histoire entre Jane et Mr Rochester...
    Pour la LC d'Emma, est-ce que le 15 juillet te convient ? :)

  • Parfait pour la date du 15 juillet!
    Je comprends que tu ne te souviennes pas de Saint-John...Ce qu'il y'a de plus beau, c'est l'histoire de Jane et de Rochester.Et c'est ce que je préfère retenir.

  • très très beau billet pour cette œuvre mythique dont j'ai beaucoup entendu parler mais à laquelle je n'ai jamais osé m'attaquer découragée par sa longueur. Je manque quelque chose certainement. J'ai tellement aimé les Hauts de Hurlevent de sa sœur que peut-être j'y viendrai.
    avec le sourire

  • Merci beaucoup pour ton commentaire!
    J'espère que tu te lanceras un jour dans ce roman car il vaut vraiment le détour, ne serait-ce que pour l'histoire d'amour entre Jane et Rochester!
    Je compte relire prochainement les Hauts de Hurlevent. Je te dirai ce que j'en ai pensé.

  • Un avis mitigé toi aussi (je viens de passer chez Bianca), je comprends, surtout sur une relecture :) Vivement ton prochain coup de cœur!

  • Merci Métaphore!
    C'est un avis mitigé à cause de Saint-John mais j'ai vraiment aimé retrouver Jane et Rochester à Thornfield. Charlotte Brontë a imaginé une très belle histoire d'amour! Et rien que pour cela je continuerai à qualifier ce roman de roman culte

  • " Jane Eyre" " Les Hauts de Hurlevent" que beaux romans des soeurs Brontë! Votre billet m'a donné envie de m'y replonger!

  • Vous avez une façon très intéressante d'écrire à propos de ce livre. Je l'ai adoré à la première lecture, et je l'ai adoré à chaque fois que je l'ai relu. Pour moi, les personnages sont vivants et il m'arrive de penser à eux.
    Bon week end.

  • J'ai le projet de le relire, j'en garde un souvenir fabuleux et je me revois trembler quand Jane entend la respiration de la "folle" derrière sa porte !

Les commentaires sont fermés.