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Miniaturiste de Jessie Burton

Miniaturiste

de

Jessie Burton

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"Vieille Eglise, Amsterdam, mardi 14 janvier 1687

Ces funérailles devaient être discrètes car la personne concernée n'avait pas d'amis, mais on est à Amsterdam, où les mots s'écoulent comme l'eau, inondent les oreilles, nourrissent la pourriture, et le coin est de l'église est bondé. "

Mi-octobre 1686, Nella Oortman, tout juste 18 ans, frappe à la porte de son époux, Johannes Brandt, un des marchands les plus en vue d'Amsterdam. Mais il n'est pas là pour l'accueillir. En effet, il est parti en voyage d'affaires et a laissé le soin à Marin, sa sœur, d'installer la jeune femme.

Les jours passent et Nella tente de s'acclimater à cette nouvelle existence.

Quand son mari revient, il lui offre, en guise de cadeau de noces, une maison de poupée, représentant leur propre intérieur. Il lui laisse également tout crédit pour la meubler en fonction de ses envies.

Nella fait donc appel à un miniaturiste. Ainsi, elle reçoit de magnifiques créations. Mais l'artiste outrepasse ses fonctions en commençant à envoyer des figurines qui éclairent certains mystères de la demeure des Brandt.

Très vite, une mécanique infernale se met en branle et rien ni personne ne semble pouvoir l'arrêter.

Et si cette maison entraînait la chute de ses propriétaires?

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La maison de poupée de Petronella Oortman qui a inspiré Jessie Burton pour cette oeuvre

Cela faisait longtemps que j'avais remarqué ce titre et j'ai été ravie quand il est arrivé dans ma médiathèque.

Dès les premières pages, les thématiques principales sont en quelque sorte posées. On assiste à un enterrement. D'une personne dont on ne connaît pas l'identité. Par conséquent, on présume que l'intrigue va prendre une tournure tragique.

De plus, avec la présence de nombreux "badauds" à cette cérémonie, l'auteur nous montre la toute puissance de la foule et la difficulté d'exister en tant qu'individu.

Tout le monde est surveillé. L'autonomie est ainsi restreinte au nom de la bienséance, de règles religieuses strictes...

Drame, enfermement, privation des libertés, surveillance des faits et gestes des autres: autant d'ingrédients qui vont se retrouver au fil des pages et contre lesquels vont butter les Brandt et leur entourage.

Pourtant, en cette mi-octobre 1686, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Johannes est parvenu à développer une entreprise fructueuse, assisté de sa sœur Marin. Ils habitent avec deux domestiques qui leur sont totalement dévoués, dont l'un que Johannes a arraché à l'esclavage.

De même, l'union avec Nella se présente sous de très bons auspices. En effet, cette jeune femme apporte une alliance avec une famille respectable et devrait permettre d'assurer une descendance.

Pourtant, derrière cette façade de réussite, se dissimulent de nombreux secrets.

C'est ce que le cadeau de mariage, cette incroyable maison de poupée, va révéler. Grâce aux miniatures adressées par le mystérieux artiste que Nella a sollicité.

En effet, à chaque événement, certains détails vont se rajouter sur elles. Comme si elles avaient le pouvoir de s'imprégner des bouleversements, voire de les annoncer. Comme si, en connaissant le contenu des paquets envoyés par le miniaturiste, Nella et le lecteur pouvaient comprendre certains éléments du futur.

J'ai beaucoup apprécié cette dimension fantastique et ce curieux créateur. Tout au long du roman, à l'instar de Nella, on se pose beaucoup de questions sur ce personnage fantasmagorique.

Mystères de la maison au même titre que mystère du dénonciateur...

A cette sorte d'enquête s'entremêle un portrait saisissant d'Amsterdam à la fin du 17ème siècle.

"Fondée sur le risque, Amsterdam aspire désormais à la certitude, à une vie bien rangée, à conserver le confort de son argent en respectant une bienséance morne."

Une ville aux mains des guildes, où l'intransigeance religieuse fait loi. Personne ne peut échapper au contrôle des autres. Personne ne doit quitter le droit chemin. Sous peine d'être condamné et noyé avec des poids qui transforment l'océan en tombeau.

Nella ne comprend pas toutes ces restrictions. Elle vient d'un village et, pour elle, Amsterdam représentait une chance de quitter ce quotidien trop morne.

C'est par ses yeux candides que nous allons découvrir la vraie nature de cette plaque tournante du commerce international. A l'innocence de cette narratrice se joint donc celle du lecteur néophyte. Mais, bien vite, les voiles se déchirent. On sent ce poids des regards, cet enfermement dans des règles qui empêchent de profiter de certaines joies de l'existence (je pense notamment aux interdits alimentaires imposés par Marin et son pasteur), cette obligation d'assister à certains événements, de se comporter d'une certaine façon...

Plus la maison de poupée prend vie, plus les murs de la prison se referment sur les Brandt.

Je ne vous en dirai pas plus sur l'intrigue ni sur les personnages. On referme ce livre haletant, oppressant, avec une sensation bizarre, comme si on avait du mal à dire au revoir à certains d'entre eux.

Bref, vous l'aurez compris:Miniaturiste constitue un ouvrage très fort. Un ouvrage composite, à la croisée entre roman d'apprentissage, roman historique et roman fantastique. Un ouvrage que, forcément, je vous recommande.

Gallimard, 2015, 504 pages

Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca

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Commentaires

  • Bin là il faut que tu te décides à lire des romans que j'ai déjà lus sinon je ne vais pas m'en sortir ! Plus sérieusement, encore un titre que je ne connaissais pas mais encore une fois tu me tentes, je note !
    Dépose le lien chez moi, je te lis depuis mon téléphone.

  • Je pense que tu aimerais beaucoup Bianca.
    Si cela te rassure, tu augmentes également très souvent ma wishlist ou ma PAL :)

  • Je n'ai lu que des billets élogieux ! Je l'ai déjà noté et j'attends la sortie poche

  • Vivement la sortie poche alors Maggie! En espérant que tu sois aussi conquise!

  • Ma collègue a mis une option dessus et si j'ai le temps, je pense le découvrir aussi car il me tente énormément. Ton billet ne fait que renforcer cette envie de le lire !

  • Je suis ravie que mon billet ait renforcé ton envie de lire cet ouvrage et j'espère que tu auras le temps Céline. Car je pense qu'il te plairait.

  • J'ai déjà lu un billet enthousiaste dessus, je suis donc déjà conquise ! Cette histoire a l'air vraiment très originale, je note donc ...

  • Oui, c'est une intrigue très originale, qui entremêle habilement réflexion sociale, dimension historique et aspect fantastique. J'espère que tu auras l'occasion de la découvrir très prochainement.

  • Je ne peux qu'abonder dans ton sens ! C'est mon coup de cœur absolu de ces derniers mois.

  • Je comprends. Ce n'est pas mon coup de cœur absolu, comme toi, mais je sais que ce roman fera partie de mes lectures marquantes de l'année.

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