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bande dessinee - Page 3

  • La Différence invisible

    La Différence invisible

    de

    Julie Dachez et Mademoiselle Caroline

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    "Marguerite a 27 ans.

    Elle aime les animaux, les journées ensoleillées, le chocolat, la cuisine végétarienne, son petit chien et le ronronnement des chats.

    Tous les matins à 7h30, elle part travailler. Elle n'aime pas son travail, mais il faut bien bosser, et elle n'est pas la seule, après tout..."

    Marguerite est une jeune femme qui mène une existence bien réglée où les imprévus n'ont pas leur place. Elle rencontre aussi beaucoup de difficultés à supporter le bruit ambiant et à s'intégrer auprès de ses collègues ou dans les soirées. Elle ne comprend pas non plus les codes sociaux et parfois, se retrouve dans des situations bien gênantes...Lassée de rendre invisible sa différence, elle va tenter de comprendre pourquoi elle ne peut pas rentrer dans le moule comme les autres.

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    Cette bande dessinée, je l'ai remarquée dans les rayons de ma librairie et j'ai tout de suite été attirée par la couverture et le titre. Je l'ai donc commandée pour ma médiathèque et je me suis immédiatement plongée dans sa lecture quand elle arrivée dans nos rayons.

    Dès les premières pages, on est immergés dans le quotidien de Marguerite, avec ses horaires bien huilés, sa routine...On sent bien sa différence, son stress, ses difficultés à vivre en société et à paraître "normale", sa douleur.... Les scènes de la vie s'enchaînent et à chaque fois, notre héroïne se retrouve en décalage et en souffrance. Avec ses collègues dans sa grande entreprise, avec son petit ami qui veut la présenter à tout son entourage...Jusqu'au jour où elle comprend grâce à Internet qu'elle est atteinte du syndrome d'Asperger. Après la délivrance initiale, s'ensuit tout un processus d'adaptation avec son entourage tant amical que professionnel.

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    J'ai beaucoup aimé la découpe de cet album: cette idée d'un avant/après diagnostic. Parce qu'elle nous permet de mieux appréhender les implications d'un tel syndrome. Parce qu'elle nous fait saisir le poids du regard social. Parce qu'elle nous interroge aussi sur nos comportements, sur notre tolérance...

    Au fil des pages et des trois ans d'expérience partagés, on se retrouve tour à tour touchés, agacés, indignés, émus, optimistes, abattus, parcourus par un élan de vie...

    Cette gamme d'émotions qui nous transperce, on la doit aux mots de Julie Dachez, alias Marguerite. Mais on la doit aussi au talent de Mademoiselle Caroline, dont les dessins et les couleurs épousent au mieux les sentiments et les affres de Julie/Marguerite. Par un jeu de bulles, de  taille des cases, de grisaille, de rouge..., elle nous emmène au plus près de ce destin pas comme les autres.

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    Bref, vous l'aurez compris: cette bande dessinée a été un coup de cœur pour moi et je vous la recommande. Et j'aimerais conclure ce billet par la très belle dédicace de Julie Dachez.

    "C'est à vous que je souhaite dédier cette BD

    Vous, les déviants.

    Les "trop comme ceci" ou les "pas assez comme cela".

    Vous qui, par votre simple existence, transgressez les normes établies.

    Vous qui êtes un pied de nez au diktat de la "normalité".

    Il n'y a rien à guérir chez vous, rien à changer. Votre rôle n'est pas de rentrer dans le moule, mais plutôt d'aider les autres-tous les autres-à sortir de celui dans lequel ils sont enfermés. Vous n'êtes pas là pour suivre une vie pré-établie mais, à l'inverse, pour emprunter votre propre chemin, et inviter ceux qui vous entourent à sortir des sentiers battus.

    En embrassant votre identité profonde, en vous réconciliant avec votre singularité, vous devenez un exemple à suivre. Vous avez donc le pouvoir de faire voler en éclats ce carcan normatif qui nous étouffe tous et nous empêche de vivre ensemble dans le respect et la tolérance.

    Votre différence ne fait pas partie du problème, mais de la solution.

    C'est un remède à notre société, malade de la normalité."

    Delcourt/Mirages, 2016, 196 pages

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  • Invisible de Charlotte Bousquet & Stéphanie Rubini

    Invisible

    un roman graphique de Charlotte Bousquet

    illustré par Stéphanie Rubini

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    "Ne me cherchez pas sur la photo de classe. Je n'y suis plus. Je n'y suis jamais de toute façon.

    Ce rituel, je trouve ça débile. Et puis, c'est toujours la même chose, les petits devant, les grands derrière, le prof sur le côté, "ouistiti!". A la fin, tout le monde se bat pour récupérer un truc moche et gribouiller des petits cœurs dessus."

    Marion se sent invisible. Invisible aux yeux de sa famille. Invisible aux yeux de ses camarades de collège.

    De celles dont on confond le prénom. De celles qu'on ne remarque jamais. Sauf dans les situations difficiles qui lui valent des quolibets.

    "Tu ferais mieux de renoncer avant de te prendre la réalité en pleine face, ma grosse. Même pour tes parents, t'es invisible. Nulle. Néant. Nada. "

    Puis, quand elle se rapproche de Soan, elle finit par croire que sa présence va prendre un tout autre sens.

    Et si...?

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    J'avais déjà eu l'occasion de vous parler sur ce blog de Rouge Tagada, le premier roman graphique consacré à ces années collèges, si marquantes et parfois si dures pour ceux qui les traversent.

    Un album qui m'avait marqué par sa justesse et sa très grande sensibilité.

    Puis, Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini ont poursuivi l'exploration des membres de cette classe. Bulles&blues ainsi que Mots cutter, mots rumeurs ont enrichi cette collection.

    Harcèlement/Besoin de se démarquer/Envie de s'affirmer/Doutes sur sa sexualité/Amour qui tait son nom/Honte aussi...autant de maux d'adolescents évoqués entre ces pages.

    Jusqu'à ce dernier opus. On y fait la connaissance de Marion, l'absente-invisible. Un peu grosse, très timide, tout le temps rougissante. Elle rase les murs. Et disparaît parfois même aux yeux de ses parents.

    Un désarroi profond l'envahit. Comme si elle acceptait cette invisibilité. Qui la fait pourtant tant souffrir.

    Toujours dans les tons gris, elle se fond dans le décor. Mais Stéphanie Rubini, par des touches de couleur (ses bocaux, ses affiches, ses créations) nous montre à quel point cette héroïne se dévalorise.

    On a envie d'y croire. On a envie, comme elle, de penser qu'elle va enfin exister pour les autres et par les autres. Surtout lorsque le beau Soan, jeune premier de la Nuit des Rois, la pièce dont elle est la costumière, commence à lui parler.

    A cette question du regard de ceux qui entourent, regard si important, regard si fui et si espéré à la fois, se superpose donc celle des premiers émois.

    "Quand je suis arrivée en cours, Soan n'était pas là. Toute la journée, j'ai eu une boule dans la gorge, une boule de larmes dures et salées qui m'empêchait de respirer."

    Montagne russe des sentiments/Oscillation perpétuelle entre le "il m'aime"/"il n'en a rien à faire de moi"

    "J'ai chassé cette voix familière, cette voix que je haïssais à coups de comètes et de rêves éveillés."

    Que c'est beau! Que c'est poignant aussi!

    A la manière d'une pièce de théâtre, les actes s'enchaînent. Et on ne sait si ce magnifique roman graphique prendra la tournure d'une comédie ou d'une tragédie.

    Jusqu'à ces ultimes pages dont je ne vous dirai rien. Mais qui m'ont tant émue.

    Bref, vous l'aurez compris: un volet extrêmement réussi, à la fois poignant et percutant, qui confirme tout le talent de ce duo Charlotte Bousquet/Stéphanie Rubini.

    Gulf Stream, 2015