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témoignage

  • Dame d'honneur d'Anne Glenconner

    Dame d'honneur

    d'Anne Glenconner

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    "Holkham Hall domine le nord du comté du Norfolk, avec un soupçon de mépris.  Cette demeure austère n'est jamais autant à son avantage qu'au cœur de l'été, lorsque l'herbe devient couleur de vergeoise et que le parc semble se confondre avec la maison."


    Tout commence par un coup de fil. Celui d'Helena Bonham Carter qui désire en apprendre plus sur la princesse Margaret qu'elle va incarner à l'écran.

    Trois heures de conversation plus tard et voilà une idée qui germe dans l'esprit d'Anne Glenconner. Et si elle revenait par écrit sur ses quasi 90 années de vie dont 30 passées comme dame d'honneur de la princesse ?

    Pendant plus de 300 pages se déploie ainsi la trajectoire d'Anne Glenconner.

    Les premières années dans la propriété familiale non loin de Sandringham.
    Les jeux d'enfant avec Margaret et Elizabeth.
    La guerre et le déchirement de la séparation avec ses parents.
    L'entreprise de poterie familiale et ses démarchages aux États-Unis pour vendre leurs produits.
    Le rôle de demoiselle d'honneur au couronnement de la Reine.
    Le mariage avec Colin Tennant.
    L'aventure incroyable de l'île Moustique et le projet à la fois visionnaire et fou de son époux.
    Les voyages et les missions officielles avec la Princesse Margaret.
    Les désillusions et les chagrins infinis.

    Fragments d'une existence contrastée.
    Reflets aussi d'un milieu à la fois cocon et carcan.

    Petite, j'avais une prédilection pour les mémoires de ceux qui entouraient les têtes couronnées. Femmes de chambre, gouvernantes, valets. J'appréciais ce regard plus intime posé sur des figures de l'histoire et sur une époque.

    En lisant cet ouvrage, j'ai eu l'impression de renouer avec cet intérêt là. Et de me retrouver plongée dans une saison de the Crown.

    Dame d'honneur constitue donc l'autoportrait d'une femme entre glamour et faste. Une femme qui doit se conformer aux règles tacites inhérentes à son rôle social et matrimonial. Une femme parfois en souffrance et qui n'est jamais vraiment libre d'être elle même

    Ce titre représente également un témoignage. Anne Glenconner nous permet, en effet, d'approcher la princesse Margaret et j'ai apprécié la manière dont elle parle d'elle. Avec une lucidité respectueuse. Avec une alternance de scènes drôles et plus tristes.

    Bref, vous l'aurez compris: un livre très intéressant. A la fois autobiographie et regard sur la famille royale et l'aristocratie anglaises. Un livre émouvant que j'ai trouvé également bien documenté en termes d'iconographie. Ce qui rend toujours plus vivant ce type d'œuvre. Un livre que je vous conseille donc si vous êtes fans comme moi de the Crown ou de ce type de récits.

    Traduit de l'anglais par Alice Delarbre. 

    Editions les Escales, 2021, 345 pages

  • La Différence invisible

    La Différence invisible

    de

    Julie Dachez et Mademoiselle Caroline

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    "Marguerite a 27 ans.

    Elle aime les animaux, les journées ensoleillées, le chocolat, la cuisine végétarienne, son petit chien et le ronronnement des chats.

    Tous les matins à 7h30, elle part travailler. Elle n'aime pas son travail, mais il faut bien bosser, et elle n'est pas la seule, après tout..."

    Marguerite est une jeune femme qui mène une existence bien réglée où les imprévus n'ont pas leur place. Elle rencontre aussi beaucoup de difficultés à supporter le bruit ambiant et à s'intégrer auprès de ses collègues ou dans les soirées. Elle ne comprend pas non plus les codes sociaux et parfois, se retrouve dans des situations bien gênantes...Lassée de rendre invisible sa différence, elle va tenter de comprendre pourquoi elle ne peut pas rentrer dans le moule comme les autres.

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    Cette bande dessinée, je l'ai remarquée dans les rayons de ma librairie et j'ai tout de suite été attirée par la couverture et le titre. Je l'ai donc commandée pour ma médiathèque et je me suis immédiatement plongée dans sa lecture quand elle arrivée dans nos rayons.

    Dès les premières pages, on est immergés dans le quotidien de Marguerite, avec ses horaires bien huilés, sa routine...On sent bien sa différence, son stress, ses difficultés à vivre en société et à paraître "normale", sa douleur.... Les scènes de la vie s'enchaînent et à chaque fois, notre héroïne se retrouve en décalage et en souffrance. Avec ses collègues dans sa grande entreprise, avec son petit ami qui veut la présenter à tout son entourage...Jusqu'au jour où elle comprend grâce à Internet qu'elle est atteinte du syndrome d'Asperger. Après la délivrance initiale, s'ensuit tout un processus d'adaptation avec son entourage tant amical que professionnel.

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    J'ai beaucoup aimé la découpe de cet album: cette idée d'un avant/après diagnostic. Parce qu'elle nous permet de mieux appréhender les implications d'un tel syndrome. Parce qu'elle nous fait saisir le poids du regard social. Parce qu'elle nous interroge aussi sur nos comportements, sur notre tolérance...

    Au fil des pages et des trois ans d'expérience partagés, on se retrouve tour à tour touchés, agacés, indignés, émus, optimistes, abattus, parcourus par un élan de vie...

    Cette gamme d'émotions qui nous transperce, on la doit aux mots de Julie Dachez, alias Marguerite. Mais on la doit aussi au talent de Mademoiselle Caroline, dont les dessins et les couleurs épousent au mieux les sentiments et les affres de Julie/Marguerite. Par un jeu de bulles, de  taille des cases, de grisaille, de rouge..., elle nous emmène au plus près de ce destin pas comme les autres.

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    Bref, vous l'aurez compris: cette bande dessinée a été un coup de cœur pour moi et je vous la recommande. Et j'aimerais conclure ce billet par la très belle dédicace de Julie Dachez.

    "C'est à vous que je souhaite dédier cette BD

    Vous, les déviants.

    Les "trop comme ceci" ou les "pas assez comme cela".

    Vous qui, par votre simple existence, transgressez les normes établies.

    Vous qui êtes un pied de nez au diktat de la "normalité".

    Il n'y a rien à guérir chez vous, rien à changer. Votre rôle n'est pas de rentrer dans le moule, mais plutôt d'aider les autres-tous les autres-à sortir de celui dans lequel ils sont enfermés. Vous n'êtes pas là pour suivre une vie pré-établie mais, à l'inverse, pour emprunter votre propre chemin, et inviter ceux qui vous entourent à sortir des sentiers battus.

    En embrassant votre identité profonde, en vous réconciliant avec votre singularité, vous devenez un exemple à suivre. Vous avez donc le pouvoir de faire voler en éclats ce carcan normatif qui nous étouffe tous et nous empêche de vivre ensemble dans le respect et la tolérance.

    Votre différence ne fait pas partie du problème, mais de la solution.

    C'est un remède à notre société, malade de la normalité."

    Delcourt/Mirages, 2016, 196 pages

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  • Le Parfum de ces livres que nous avons aimés

    Le Parfum de ces livres que nous avons aimés

    de

    Will Schwalbe

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    "Nous étions fans du moka de la salle d'attente du centre de soins de jour de l'hôpital Sloan-Kettering. Le café n'était pas très bon et le chocolat plus mauvais encore. Mais nous avions découvert, Maman et moi, en pressant sur la touche Moka, que le mélange de deux ingrédients très moyens pouvait donner quelque chose de relativement délicieux. Les crackers n'étaient pas mal non plus."

    A la fin de l'automne 2007, Mary Schwalbe est diagnostiquée d'un cancer du pancréas stade 4. Alors qu'il l'accompagne pour une prise de sang, avant le début de sa chimio, son fils Will lui demande ce qu'elle lit. Et cette question, somme toute anodine, va entraîner la création d'un club de lecture informel.

    "Les livres ont toujours représenté pour ma mère et moi un moyen d'aborder et d'explorer les sujets qui nous concernaient et nous mettaient mal à l'aise. De même qu'ils nous ont servi d'exutoire chaque fois que nous nous sentions tendus ou angoissés. Dans les mois qui ont suivi le diagnostic, nous avons de plus en plus parlé de livres [...] nous avons créé sans même nous en apercevoir un club de lecture inhabituel qui ne comportait que deux membres."

    Très vite, ce club de lecture permet à cette mère mourante et à ce fils de se dire des choses essentielles. Comme si les échanges entre ces deux sensibilités avaient besoin de ce langage commun. Comme si les livres libéraient leur parole.

    Et c'est à cette expérience émouvante que nous convie Will Schwalbe.

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    J'avais lu de très bonnes critiques sur le blog de Bianca et des Petites madeleines. Aussi, quand cet ouvrage est arrivé à la médiathèque, je me suis jetée dessus et je l'ai dévoré.

    Dès les premières phrases, on est happés par ce récit.

    Dès l'annonce du diagnostic, on sait comme Mary, Will et tout le reste de la famille que les jours sont comptés.

    Certes, Le Parfum de ces livres que nous avons aimés parle de maladie. De cancer. De traitement. De lutte. D'adieux. De mort.

    Certes, nous suivons Mary de salle d'attente en séances de chimio, de séances de chimio en rendez-vous avec les médecins...

    Certes, nous observons son déclin physique.

    Certes, la tristesse n'est jamais loin.

    Mais malgré tout, ce n'est pas ce que je retiendrai de ce livre.

    Non, ce que je retiendrai, c'est ce portrait d'une femme extraordinaire.

    Mary Ann Schwalbe a travaillé pour les prestigieuses administrations de Radcliffe et de Harvard.  Puis, elle s'est intéressée à la cause des réfugiés, a voyagé à leur rencontre, a vécu dans un camp thaïlandais, a fondé la Commission des femmes pour les réfugiées et les enfants réfugiés. Dans ses dernières années, elle a œuvré pour la création d'une grande bibliothèque à Kaboul et de bibliothèques itinérantes en Afghanistan.

    Au fil des pages, lors de ses conversations avec son fils cadet ou de ses interventions dans de nombreux dîners, remises de diplômes..., on découvre ainsi son parcours et on ne peut ressentir que de l'admiration pour son destin, ses combats.

    A cette déclaration d'amour extraordinaire de Will pour sa mère se greffe une autre déclaration d'amour: celle pour la lecture et les livres en général.

    Les livres comme mode d'emploi/Les livres comme médicament/Les livres comme source d'expression...

    "Il nous reste à tous beaucoup plus de livres à lire qu'on n'en pourra lire et beaucoup plus de choses à faire qu'on n'en pourra faire. Pourtant, Maman m'a appris que lire n'est pas le contraire de faire, mais celui de mourir. Je ne pourrai jamais plus lire les livres préférés de ma mère sans penser à elle-et je sais que lorsque prêterai ou recommanderai l'un de ces ouvrages, quelque chose de ce qui l'aura habitée passera dans leurs pages, qu'une part de ma mère vivra en ces lecteurs, qui éprouveront peut-être l'amour qu'elle a éprouvé et qui reproduiront peut-être à leur façon ce qu'elle aura accompli dans le monde."

    De nombreux auteurs sont évoqués: Somerset Maugham, Irène Nemirovsky, Muriel Barbéry....Tous ceux qui ont accompagné les derniers mois de cette femme si charismatique.

    Certains titres touchent notre domaine de connaissance et on s'amuse à voir si on partage leur analyse. D'autres, au contraire, suscitent notre envie et je dois avouer que je suis ressortie avec une liste de nouveaux désirs d'achats.

    Bref, vous l'aurez compris: ce témoignage constitue une belle leçon de vie, de courage, d'humanité. Tout en pudeur et en sensibilité. Et un coup de cœur.

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    "Maman m'a appris que nous pouvosn agir sur le monde et que les livres sont vraiment importants: grâce à eux, nous savons ce que nous devons faire de nos vies et comment le dire aux autres. Maman m'a aussi enseigné, au cours de ces deux années, de ces dizaines de livres et de ces centaines d'heures passées à l'hôpital, que les livres peuvent servir à rapprocher les êtres et à maintenir la proximité, même entre une mère et un fils déjà proches, et même après la mort de l'un d'entre eux."

    Editions Belfond, 2013, 413 pages

    Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.

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