Belle
un film de Amma Asante
Me voici de retour après quelques jours d'absence avec un billet autour d'un film que j'ai découvert hier grâce à Emji.
Ce long métrage, inspiré d'une histoire vraie, retrace le destin de Dido Elizabeth Belle, à la fin du 18ème siècle. Cette jeune métisse est la fille illégitime d'un amiral de la marine anglaise. Après la mort de sa mère, son père la confie à son grand-oncle, Lord Mansfield, le Président de la Haute Cour de Justice.
A Kenwood House, elle grandit en compagnie de sa cousine Elizabeth. Les années passent et malgré la très bonne éducation qu'elle a reçue, Dido se retrouve souvent écartée des dîners, thés...et autres mondanités en raison de sa couleur de peau.
Puis, à la mort de son père, elle devient une riche héritière et les regards de la haute société se font moins mesquins (surtout, comme vous l'avez deviné ceux des fils cadets désargentés).
A la même époque, Lord Mansfield doit rendre un arrêt sur une affaire qui divise le pays: celui du navire négrier Zong. Quelques 142 esclaves ont été jetés par dessus bord lors d'une traversée. Il convient de déterminer si les assurances doivent payer l'armateur pour ses pertes ou si ces pertes n'étaient pas justement calculées par la compagnie afin de faire du profit sur une marchandise déjà "avariée".
J'ai été immédiatement captée par l'ambiance de ce film. Comme dans tout bon period drama anglais, les décors et les costumes ont été particulièrement soignés.
De même, une attention spécifique a été portée au casting: de Gugu Mbatha-Raw à Matthew Goode (dommage qu'on ne puisse le voir plus longtemps), tous les acteurs se révèlent excellents. Mention spéciale à Tom Wilkinson qui incarne Lord Mansfield. Un personnage miroir de toutes les tensions sociales de son époque et dont on voit l'opinion évoluer au fil des scènes.
En effet, Belle s'intéresse au problème de l'esclavage en Angleterre en cette fin du 18ème siècle. Et le cas que doit juger cet homme reflète les luttes d'opinion qui animent la société quant à ce sujet.
Mais la question de l'esclavage et de la place des gens de couleurs n'est pas le seul thème abordé par le scénario. Non, il s'intéresse également à la condition des femmes. Leur avenir (sauf si elles bénéficient d'une fortune personnelle) passe par l'obtention d'un mari capable de leur assurer un foyer. Si elles échouent dans leur quête, leur salut ne peut provenir que de leur famille et de leur éventuelle invitation à rester chez eux.
A ces problématiques se superposent quelques péripéties amoureuses. Les deux cousines sont attirées par des jeunes hommes mais font-elles le bon choix...A ce propos, autant j'ai cru à l'idylle entre Dido et John Davinier (même si certains laxismes dans les sorties de Dido me semblent impossibles), autant celle entre la cousine et Lord Ashford m'a semblé trop télescopée. Comme si elle avait été imaginée afin de représenter le courant raciste et machiste d'une partie de la haute société.
Bref, même si toutes les scènes ne m'ont pas convaincue, j'ai passé un très bon moment devant ce film et j'en suis ressortie avec l'impression d'en avoir plus appris sur un pan de l'histoire anglaise.