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christine orban

  • Quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur

    Quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur

    de

    Christine Orban

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    "Enfin une lettre de toi, retenu à l'île d'Elbe. Comment est-ce possible? Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour tu serais exilé et moi répudiée. Que de douleurs nous avons traversé pour en arriver là.

    On me connait mal, dis-tu dans ta lettre. Tu te prépares à substituer ta plume à l'épée, voilà presque une bonne nouvelle. Puisque nous devons être jugés, soyons-le pour ce que nous sommes. Moi, je n'ai pas de comptes à rendre à l'Histoire. A toi seulement. C'est pourquoi j'entreprends de t'écrire. De te raconter ma vie depuis de funeste dîner où tu décidas de la séparer de la tienne."

    Dans son château de la Malmaison, Joséphine décide de rédiger une longue lettre à l'adresse de celui qu'elle a tant aimé. Une lettre de déclaration certes. Mais aussi une lettre de justification sur ses erreurs passées.

    Cette longue confession débute par le moment tant redouté: celui du dîner avec l'Empereur où il annonce sa décision de se séparer d'elle. Une répudiation longtemps repoussée mais finalement, irrémédiable et qui plonge notre héroïne dans les affres du désespoir.

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    J'avais beaucoup aimé la plume et la sensibilité de Christine Orban dans la Mélancolie du dimanche. Aussi, j'étais très curieuse de découvrir ce qu'elle avait pu écrire sur ces deux personnages historiques célèbres.

    Dès les premières pages, on est happés par cette narration à la première personne. De la séparation à la rencontre, en passant par l'épisode avec le capitaine Charles, Josèphe-Rose (rebaptisée Joséphine par son illustre mari) dévide le fil de ses souvenirs.

    J'ai trouvé cette partie très intéressante. En effet, sans jamais sombrer dans l'écueil de la leçon d'histoire, l'auteur parvient, par petites touches, à nous parler des points les plus importants de la vie de cette femme.

    Par son biais, elle esquisse également le portrait d'un Napoléon intime: un homme profondément épris aux débuts de leur relation.

    "Je me réveille plein de toi. Ton portrait et l'enivrante soirée d'hier n'ont point laissé de repos à mes sens. Douce et incomparable Joséphine, quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur." (Lettre d'octobre 1795)

    Un homme qui dort peu et qui mange avec un lance-pierre. Un homme qui travaille d'arrache-pied. Un homme qui consacre peu de temps aux siens, même s'il leur est profondément attaché.

    Avec cette confession, on suit également son destin hors normes, ses premières victoires, son accès au pouvoir, son sacre d'Empereur. Et, corrélativement son désir de pérenniser cette position qui le pousse à répudier sa femme stérile et à rechercher une nouvelle alliance.

    Ce roman, je l'ai dévoré. Car, comme je le disais précédemment, le "je" nous interpelle immédiatement. Et l'histoire et le style, à la fois sobre et émouvant, nous retiennent.

    Néanmoins, avec le recul, je dois avouer que, pendant toute ma lecture, j'ai été quelque peu gênée par la modernité de cette déclaration. A plusieurs reprises, je me suis demandée si le ton correspondait pleinement à celui qu'aurait pu employer cette souveraine ou s'il ne sonnait pas plutôt comme celui d'une femme de notre époque confrontée à l'échec douloureux de sa relation.

    Peut-être que ce bémol tient à mes connaissances préexistantes sur la vie de cette impératrice et sur l'image que je m'en étais faite...

    Peut-être qu'il provient aussi de mes souvenirs de la Mélancolie du dimanche dont je parlais plus haut et de l'impression d'une similarité dans le ton...

    Bref, vous l'aurez compris: malgré cette réserve sur la contemporanéité de la voix de la narratrice, ce roman épistolaire constitue un beau portrait de femme en souffrance et permet de découvrir la vie de Joséphine de Beauharnais.

    Albin Michel, 2014, 263 pages