Les Fées
un conte de Charles Perrault
illustré par Charlotte Gastaut
"Il était une fois une veuve qui vivait seule avec ses deux filles. La plus âgée lui ressemblait trait pour trait: comme elle, elle était laide, méchante et menteuse. La mère et la fille étaient d'ailleurs si mauvaises que tout le monde les évitait. Au contraire, la plus jeune des sœurs n'était que douceur, gentillesse et grâce. Elle était belle comme le jour, aimable avec chacun et s'attachait toujours à faire plaisir à son prochain."
La mère préfère sa fille aînée qu'elle gâte à outrance. A l'inverse, elle a pour habitude de punir sa cadette et de la faire travailler plus que de raison.
Parmi ses tâches, figure celle d'aller chercher de l'eau à une fontaine loin de la maison.
Un jour, alors qu'elle puise de l'eau, la cadette est abordée par une vieille femme qui lui demande gentiment à boire. La jeune fille accède à sa requête. Et est bien récompensée. En effet, la vieille femme se révèle être une fée déguisée qui lui confère un magnifique don: "à chaque parole que tu prononceras, il sortira de ta bouche une fleur ou une pierre précieuse".
La mère, stupéfaite par ces pierres précieuses et ces fleurs que produit sa fille cadette, enjoint son aînée à aller remplir la cruche. Mais cette dernière refuse de laisser boire une dame habillée richement. Mal lui en prend car il s'agissait d'un autre déguisement de la fée qui la punit: "à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche un serpent ou un crapaud"
Je ne continue pas le résumé de ce conte afin de vous laisser le plaisir de découvrir le sort de ces deux sœurs. J'aimais beaucoup cette histoire quand j'étais petite et j'ai été ravie de la retrouver dans cet album.
Les Fées est extrait du recueil des Contes de ma mère l'Oye. Bien qu'il ne comporte qu'une fée, il a gardé le titre de sa version orale où Perrault en avait mis en scène deux.
Ici, ce n'est pas la marâtre qui maltraite, mais la mère. Et, comme dans Cendrillon, une sœur est préférée, alors qu'elle est loin de posséder tant les qualités physiques que morales de sa cadette.
Comme dans Cendrillon encore, une fée va jouer un rôle déterminant et changer le sort de l'héroïne. J'ai beaucoup aimé cette idée du don de la parole transformée en pierres précieuses et fleurs. Une manière d'extérioriser le caractère si agréable de cette jeune fille. Au contraire, les serpents et les crapauds symbolisent la nature mauvaise de l'aînée.
Le choix d'être au service ou non de l'autre va donc avoir des répercussions sur les destins des deux sœurs. Ainsi, Charles Perrault rappelle l'importance d'aider son prochain.
Ce conte moral est ici sublimé par les illustrations de Charlotte Gastaut. Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous parler d'elle mais je suis très admirative de son travail et je possède déjà dans ma bibliothèque plusieurs de ses albums.
Elle recourt à des oppositions de couleurs: aux teintes sombres des tenues de la mère et de l'aînée répond la blancheur de la robe de la plus jeune sœur. Comme à son habitude, les décors très riches et détaillés invitent au rêve. On se perd dans les images, on s'attarde sur chaque détail...
Bref, je vous recommande vivement cet album qui permet de découvrir un conte méconnu de Perrault et d'admirer la créativité de Charlotte Gastaut.
Billet dans le cadre du Challenge Il était une fois...les contes de fées.
Et si vous voulez faire un tour sur le blog de Charlotte Gastaut, voici le lien.