13, rue Thérèse
de
Elena Mauri Shapiro
"Le cadeau de Josianne est une boîte carrée toute simple, aux côtés à peu près aussi longs que son avant-bras et d'une profondeur équivalente à la largeur de sa paume. Le couvercle en plastique blanc affiche un motif désuet-des carreaux rouges et blancs, comme ceux que l'on voit sur les nappes des petits restaurants familiaux. La boîte en elle-même n'a rien d'extraordinaire, mais son contenu a déjà provoqué quelques poussées de fièvre."
Josianne, secrétaire dans une grande école parisienne, remarque immédiatement Trevor Statton, un professeur américain fraîchement débarqué dans la capitale. Elle décide de dissimuler dans son bureau une boîte remplie de souvenirs familiaux (photos, gants, mouchoirs, lettres...).
L'universitaire ne tarde pas à dénicher ce coffret et s'empresse de partager cette découverte avec un mystérieux correspondant.
"J'ai mis la main par hasard sur des archives tout à fait fascinantes. Je vous les enverrai par petits bouts à mesure que je les sortirai de leur boîte[...] Vous recevrez les éléments dans l'ordre où ils me sont apparus"
Ainsi débute la reconstitution de l'existence de Louise Brunet, une existence marquée par la Grande Guerre, la passion...
Je tenais tout d'abord à remercier Livraddict et les éditions Michel Lafon pour ce partenariat. J'avais choisi ce roman en raison de la quatrième de couverture (j'aime beaucoup les oeuvres où il s'agit de remonter le fil des souvenirs) et j'ai été ravie d'avoir été retenue.
Il s'agit du premier ouvrage de la jeune auteure américaine Elena Mauli Shapiro. Cette écrivaine a passé une partie de son enfance à Paris au début des années 1980. Elle avait pour voisine précisément une Louise Brunet, une vieille femme décédée sans héritiers. Les résidents de l'immeuble se sont donc partagés les biens. Est échue à Elena et à sa mère une boîte de souvenirs. Et c'est cette boîte qui a servi de "matière première" à la rédaction de ce livre. J'ai d'ailleurs été émue de pouvoir admirer tous ces fragments de vie au fil des pages.
Le point de départ de l'intrigue: la reconstitution d'un destin à partir d'objets personnels m'a semblé très intéressant. On suit Trevor dans ses explorations et on sent la fascination de l'intellectuel s'accroître pour son sujet d'étude. On en vient même à se demander quelles sont les frontières entre la réalite et le rêve et jusqu'où va l'invention.
C'est vrai que Louise Brunet, femme forte, féministe avant l'heure, qui s'ennuie dans son quotidien se révèle un personnage assez attachant. Elle permet de dresser un tableau des conditions de vie des femmes pendant la Première Guerre mondiale et à la sortie du conflit.
J'ai apprécié son réveil à la vie, suite à l'arrivée de son voisin. Et j'ai trouvé sa façon de l'aborder très originale. Elle commence par lui envoyer des missives anonymes..."Cher monsieur, Je pense à vous aujourd'hui. Je pense à votre belle bouche et à ce que j'éprouverais si elle se posait sur moi"
Néanmoins, j'ai eu du mal à comprendre certaines de ces réactions (je n'en dirai pas plus afin de ne pas gâcher le suspense)
De plus, certains personnages ne m'ont pas paru assez fouillés (le mari...)
De même, je n'ai pas compris l'intérêt de la partie contemporaine, si ce n'est la reconstitution fantasmée des souvenirs de Louise Brunet. J'aurais préfèré que le passé n'écrase pas tout et qu'on laisse un peu de place à Trevor et Josianne. On a l'impression qu'ils ne servent que de faire-valoir à Louise Brunet.
Bref, vous l'aurez compris: une lecture en demi-teintes. Les pages se tournent rapidement, l'idée de départ est excellente mais tous les protagonistes, à l'exception de Louise, restent trop effacés. De plus, certaines pistes ne sont pas assez exploitées.
Editions Michel Lafon, Septembre 2012, 19,50 €, 301 pages