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la garçonnière

  • La Garçonnière de Hélène Grémillon

    La Garçonnière

    de

    Hélène Grémillon

     

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    "Lisandra était entrée dans la pièce les yeux rougis, gonflés d'avoir trop pleuré, titubante de chagrin, les seuls mots qu'elle avait prononcés étaient: "il ne m'aime plus", elle les avait répétés inlassablement, comme si son cerveau s'était arrêté, comme si sa bouche ne pouvait plus rien proférer d'autre: "il ne m'aime plus". "Lisandra je ne t'aime plus", avait-elle soudain articulé comme si ses mots à lui sortaient de sa bouche à elle, apprenant ainsi son prénom, j'en profitai pour m'immiscer dans sa tétanie"

    C'est ainsi que Vittorio, psy de son état, a rencontré pour la première fois Lisandra. Bouleversé par leur bref entretien, il a tout fait pour la retrouver. Ils se sont mariés.

    Et un soir, en rentrant du cinéma, il l'a découverte, morte, défenestrée.

    "Lisandra, je n'aurais jamais pensé parler d'elle au passé...."

    Très vite, la police est persuadée de sa culpabilité et le fait écrouer.

    Pour tenter de prouver son innocence, il doit recourir à l'aide d'une de ses anciennes patientes, Eva Maria.

     

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    J'avais beaucoup aimé le Confident, le premier ouvrage d'Hélène Grémillon. Aussi, quand Priceminister a proposé dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire la Garçonnière, je n'ai pas hésité longtemps avant de le demander.

    J'ai retrouvé avec plaisir la richesse de construction qui m'avait tant plu dans le Confident. Dans ce roman à tiroirs, les narrateurs se multiplient, les récits se font tantôt à la première personne, tantôt à la troisième, tantôt sous la forme de retranscriptions d'entretiens entre le psy et son patient....

    Tous ces éléments narratifs confèrent un formidable élan à l'intrigue. Les pages se tournent toutes seules et on arrive très rapidement au dénouement.

    Une des autres qualités de la Garçonnière réside dans la faculté d'Hélène Grémillon à semer le doute dans l'esprit de son lecteur. Ces personnages ne sont pas d'un bloc. Chacun dissimule des failles. Par conséquent, jusqu'au bout, on est jamais à l'abri de surprises les concernant et concernant l'identité du ou des coupables.

    A cette intrigue policière très bien ficelée s'ajoute une radioscopie de la société argentine en 1987. Après le coup d'état de 1976, de nombreuses personnes ont disparu. Les familles de ces desaparecidos, à l'instar d'Eva Maria, ont beaucoup de mal à se reconstruire. De même, certains enregistrements retranscrits par la patiente de Vittorio permettent de comprendre la position tant des bourreaux que des victimes.

    Ce roman évoque également le drame de la jalousie. Hélène Grémillon sait trouver les mots justes pour dire ce que peuvent ressentir certains conjoints.

    «Nul refuge temporel ne peut m'abriter. Je n'ai plus rien. Je voudrais rencontrer mon double pour lui parler et mon contraire, pour me distraire.»

    Quant au sens du titre, il ne survient que dans les dernières pages. Ce dénouement, je ne l'attendais pas du tout. Une fois encore, l'auteur démontre son talent à surprendre son lecteur par une fin implacable, de celles qui touchent et font réfléchir longtemps après.

    Bref, vous l'aurez compris: un roman que j'ai vraiment beaucoup aimé et que je vous recommande. Vivement le prochain!

    Flammarion, 2013, 357 pages, 20 €