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maison de sèvres

  • La Guerre de Catherine de Julia Billet

    La Guerre de Catherine

    Julia Billet

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    "Soleil au zénith, inutile d'insister. J'attendrai que la lumière file douce; à cette heure, je ne ferai rien de bon. L'heure de midi n'offre aucune ombre, aucune place aux demi-teintes ni aux clairs-obscurs"

    C'est ainsi que commence le récit de Rachel, jeune adolescente de 14 ans, pensionnaire à la Maison des enfants de Sèvres et passionnée de photographie. Ses parents l'ont placée dans cet établissement aux méthodes d'enseignement révolutionnaires afin de la protéger des persécutions contre les Juifs.

    Mais nous sommes en 1942 et celles-ci s'intensifient en zone occupée. La directrice de l'école, surnommée Goéland, prend donc la décision de faire appel à la résistance. Un réseau organise la fuite des enfants de confession hébraïque et change leur identité. Ainsi, notre héroïne devient Catherine Colin.

    Avant de partir, la directrice lui confie une mission "Fais des photos, collecte des images et rapporte-nous tout cela à la fin de la guerre. Nous en aurons besoin". Catherine entame donc son périple sur les routes de France, munie de son Rolleiflex et de quelques rouleaux de film.

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    Au début, je dois avouer que je n'avais pas spécialement envie de me plonger dans ce roman. Je me disais: encore une fiction sur la Seconde Guerre mondiale. Et puis...j'ai lu de très bonnes critiques dans des magazines et sur la toile. Et l'envie est née...

    Le style a d'emblée retenu mon attention. Je n'avais encore jamais rien parcouru de l'oeuvre de Julia Billet et j'ai été séduite par sa petite musique. 

    En voici un exemple "Je traverse le temps et la France dans une forme d'absence à moi-même et au monde qui m'entoure, et dans un mouvement extrêmement sensible à ce monde, dans un entre-deux qui me tient éloignée de mes émotions"

    De même, le personnage principal m'a immédiatement plu. J'ai aimé son indépendance, son côté passionné, son sens du dévouement, son courage. Et surtout j'ai aimé la voir évoluer lors de ce voyage.  Pour la créer, l'auteure s'est inspirée d'ailleurs du destin de sa mère. Dans la postface, elle écrit en effet "Ma mère, de son vrai nom Tamo Cohen, a passé la guerre sous le nom de France Colin. Elle était passionnée de photo, a parcouru la France de lieu en lieu puis est revenue à la fin de la guerre à Sèvres".

    Comme vous vous en doutez, la photographie constitue le fil conducteur de cette histoire. Elle nous permet de figer la guerre de l'héroïne. Cette dernière se considère comme "un passeur d'images venant révéler un monde que personne ne voit mais que l'appareil photo permet de déceler, puis de saisir, si on y est prêt". Elle immortalise ainsi tous les moments forts de sa fuite, tous les gens qu'elle a croisés, tous les endroits où elle a été. On ne voit aucun cliché mais on a l'impression pourtant de les regarder avec elle quand elle les développe.

    De nombreux sentiments nous accompagnent aussi lors de notre lecture. On est bien sûrs bouleversés mais l'auteure a réussi à trouver le juste équilibre pour ne pas sombrer dans le pathos. On espère. On veut devenir photographes.On attend. On imagine. On a peur....

    Je me suis également beaucoup intéressée au contexte historique développé dans ce roman. Comme je le rappelais plus haut, il existe déjà beaucoup de fictions autour de cette période. Mais même si Julia Billet déclare dans la postface avoir pris beaucoup de liberté, je trouve qu'elle a su apporter un éclairage différent.

    Cela tient sans doute à l'importance accordée à la Maison des enfants de Sèvres. Personnellement, je ne connaissais pas du tout cette institution où le mime Marceau (alias Kangourou) a travaillé. Et cela m'a donné envie d'en savoir plus.

    L'écrivaine a aussi su restituer  l'atmosphère de cette époque. La partie sur la Libération de Paris, vue par une adolescente de 17 ans, représente ainsi un des points forts de ce récit et  reste longtemps en mémoire.

    Bref, vous l'aurez compris: ce roman m'a beaucoup touché et je vous le conseille vivement. 

    Enfin, je tiens à signaler que ce billet marque mon entrée dans le challenge Histoire organisé par Lynnae.guerre de catherine,julia billet,ecole des loisirs,seconde guerre mondiale,maison de sèvres

    Ecole des Loisirs, collection Medium, 2012, 14,80 €