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roman pendant la première guerre mondiale

  • La fin d'une ère

    Dernier été à Mayfair

    de

    Theresa Révay

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    "Lorsqu'il traversait le grand bois, Julian s'engageait toujours à droite au croisement de Hadrian's Heart. Son cheval obliquait naturellement puis allongeait ses foulées, l'inclinaison du sentier lui offrant une belle échappée au galop. Le jeune homme revenait ainsi vers le coeur du domaine sans se laisser tenter par les chemins qui convergeaient vers la "Voie royale", la route romaine qui remontait jusqu'à Londres et descendait vers la côte, d'où l'on embarquait pour le continent"

    Mayfair, juin 1911, Lord et Lady Rotherfield reçoivent la haute société pour l'entrée dans le monde de leur dernière fille Victoria. Tous sont présents: l'aîné Julian écrasé par le poids de ses futures responsabilités et contraint à un mariage avec une jeune fille bien née; Edward, le cadet, un dilettante Don Juan et joueur, écrasé par les dettes de jeu et passionné d'aviation...Tous sauf Evangeline, la rebelle de la famille qui vient d'être emprisonnée pour avoir participé à une manifestation de suffragettes. Julian part donc pour essayer de la faire libérer et étouffer tout éventuel scandale.

    De 1911 à 1918, on suit ainsi l'évolution de cette fratrie, confrontée aux bouleversements qui agitent l'Europe et à la fin d'un monde.

     

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    Je n'avais jamais entendu parler de cet ouvage avant que Fanny du blog Netherfield Park ne le mentionne. Elle me l'avait conseillé en commentant mon billet sur Le Manoir de Tyneford de Natasha Solomons. Je l'ai trouvé à ma bibliothèque de quartier et je me suis donc lancée.

    Theresa Révay est une auteure française, réputée pour ses fresques historiques. Elle a notamment publié Livi Gandi ou le souffle du destin en 2005 et la Louve Blanche en 2008.

    Je suis assez fan des sagas familiales et de la possibilité qu'elles donnent d'observer l'existence de plusieurs membres du même foyer sur plusieurs années. Et je trouve que l'écrivain a très bien réussi le pari de créer des personnages réalistes. On croit à ses protagonistes et à leur destin.

    J'ai particulièrement aimé Julian, l'aîné, un homme éduqué selon certains principes et qui se retrouve héritier du titre et d'un certain sens du devoir alors qu'il aurait aimé connaître un tout autre sort. Au début, son caractère m'énervait. Mais, peu à peu ses fêlures sont apparues et l'ont rendu plus humain. Son idylle extra-conjugale et son comportement pendant la Première Guerre Mondiale ont remporté finalement mon adhésion.

    De même, j'ai beaucoup apprécié Evangeline, la rebelle de la famille. Son engagement auprès des suffragettes la mène deux fois en prison. La première, elle est sauvée par son frère. Mais à la deuxième arrestation, elle préfère taire son identité et subit ainsi le sort de ses compagnes moins fortunées. Elle endure notamment la technique du gavage, appliquée aux femmes récalcitrantes qui refusent de se nourrir au nom de leur combat idéologique. Cette épreuve la transforme profondément et change sa personnalité. Sa rencontre avec l'aviateur français Pierre de Forestel, incarnation de la noblesse française elle aussi sur le déclin, la fait aussi beaucoup évoluer.

    Je pourrais m'appesantir ainsi sur plusieurs des héros imaginés par l'auteure: May, Edward, Percy...Je préfère vous laisser le plaisir de la découverte.

    Ce que j'ajouterai juste, c'est que chacun d'eux permet de découvrir des aspects primordiaux de cette époque foisonnante: les meetings d'aviation, la spéculation autour de la radiophonie, le fonctionnement de la Chambre des Lords, le rôle des infirmières anglaises pendant la Première Guerre Mondiale, le naufrage du Titanic...

    C'est là d'ailleurs une des autres réussites de Theresa Révay. Non seulement elle a su forger des personnages forts mais elle a su resusciter l'ambiance de toute une époque. Le début m'a d'ailleurs fait fortement penser à une de mes séries fétiches: Downton Abbey. Et j'ai beaucoup aimé la référence aux Vestiges du jour (le majordome s'appelle aussi Stevens)

    Ce souci de la reconstitution historique l'a poussée à se documenter pendant plus d'un an et demi. Et cela se ressent à la lecture. Tout semble exact: les descriptions des scènes de combat, la vie dans les tranchées, le fonctionnement d'un manoir anglais...La Grande Histoire s'imbrique parfaitement d'ailleurs à la petite histoire, celle des Rotherfield et de leur pendant français, les de Forestel.

    Les pages de cet ouvrage se tournent vite. Mais j'aurais quand même un reproche à formuler: la rapidité de certaines péripéties. Pour narrer le destin de ces deux grandes familles sur 8 ans, l'auteure a très souvent recours à l'ellipse ou au raccourci. Or, je n'ai pas toujours trouvé que ce procédé tombait bien. Par exemple, mon coeur de midinette j'aurais aimé assister aux rencontres amoureuses et aux premières déclarations. Elles sont malheureusement souvent escamotées.

    Bref, vous l'aurez compris: si vous cherchez une saga familiale réussie qui rend parfaitement compte de l'ambiance des années 1910's, ce roman est pour vous.

    Merci donc Fanny pour ce conseil! J'ai dévoré cette oeuvre et j'ai passé un bon moment de lecture grâce à toi.

    Belfond, 2011, 477 pages, 21 €