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début du 20ème siècle

  • Des Gens d'importance de Mariah Fredericks

    Des Gens d'importance

    de

    Mariah Fredericks

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    "Je vais vous raconter. Je raconterai mal, en oubliant des détails essentiels et en me souvenant de faits qui jamais ne sont arrivés. En cela, ma version ne sera pas différente de toutes les autres. Seule la particularité de ce qui est omis ou évoqué lui apposera une marque distinctive."

    Bien des décennies après, Jane Prescott, ancienne femme de chambre, revient sur un drame qui a fait les unes de nombreux journaux pendant plusieurs mois.

    "A quoi bon la raconter alors, cette histoire déjà rebattue, où entrent en jeu de riches familles, un couple séduisant et un assassinat?

    Parce que celle que vous avez entendue est fausse. Tout ce que vous avez lu: les gros titres, les éditoriaux poignants déplorant le pitoyable état de notre monde moderne...Faute de connaître le fond de l'affaire, ils sont tous passés à côté."

    Tout commence en mai 1910. Nouvellement entrée au service des Benchley, une famille de riches parvenus, Jane a pour mission d'aider les deux filles de la maison à se faire une place dans la haute société new yorkaise. Elle assiste ainsi aux fiançailles de Charlotte, la cadette avec le très en vue Norrie Newsome. Des fiançailles qui doivent être annoncées lors d'une fastueuse réception au réveillon. Mais rien ne se passe comme prévu. En effet, le futur époux est retrouvé assassiné dans la bibliothèque.

    Qui a commis ce crime? Un membre de la famille? Une jeune femme éconduite? Un anarchiste?

    Jane va mener l'enquête. Et elle est bien loin de se douter de ce qui l'attend.

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    New York vers 1910

    Ce roman policier, je l'ai repéré sur l'instagram de Shelbylee et j'ai eu envie de le découvrir à mon tour. Aussitôt acheté, aussitôt lu.

    J'ai immédiatement aimé le personnage principal. Jane Prescott est une jeune Écossaise qui a immigré très jeune avec sa famille. Après la mort de sa mère et de sa sœur, son père l'a abandonnée sur les quais de New York. Heureusement son oncle paternel l'a recueillie. Et elle a grandi en sa compagnie, dans la maison que ce pasteur avait obtenue pour sauver les filles de mauvaise vie. A 14 ans, après avoir appris à lire et à écrire, elle est entrée au service d'une grande dame. A la mort de celle-ci, elle a accepté de rejoindre le foyer des Benchley.

    Ces éléments biographiques que je viens d'évoquer, son caractère ainsi que son savoir la placent dans une position délicate, à cheval entre deux mondes. Elle maîtrise à la perfection les codes de ces deux univers. Mais elle n'appartient vraiment à aucun des deux et tout au long de l'intrigue, on sent ce déchirement et cette place à part, qui la fait converser tant avec des grands de ce monde qu'avec son amie d'enfance, introduite dans les milieux anarchistes.

    Ce tiraillement la rend profondément complexe, intéressante et attachante. Ses découvertes questionnent sa fidélité à ces deux environnements et la tourmentent.

    De plus, Jane se révèle une femme très intelligente, dotée d'un certain tempérament, courageuse et empreinte d'un fort sens de la justice. C'est un plaisir de la voir évoluer au fil des pages. J'espère juste que, dans le prochain tome, elle s'oubliera moins...

    Autour d'elle évolue une galerie de protagonistes tout aussi attrayants. A commencer par Michael Behan, le journaliste qui va la seconder dans ses investigations. Quand il fait son apparition, on pense tout de suite aux duos de Charlotte et Thomas Pitt, Hester Latterly et William Monk ou Lizzie Martin et Benjamin Ross, concotés par Anne Perry et Ann Granger. Leur rencontre fait des étincelles. Et on observe avec un certain amusement leurs joutes verbales. Tout comme on s'attendrit devant leurs rares moments de confession.

    Leur tandem constitue un contrepoint joyeux au reste de l'intrigue, placée sous une tonalité plus tragique. Avec Des gens d'importance, Mariah Fredericks nous fait entrer dans les sombres coulisses du "Gilded age". Elle évoque des drames que je ne connaissais pas tels que l'incendie de la Triangle shirtwait factory où 126 personnes périrent dans les flammes car les propriétaires les avaient enfermées pour les empêcher de sortir fumer. Ou l'explosion de la mine à Schuykill. D'autres thèmes sont également abordés comme la misère, la pédophilie, la prostitution ou le poids de l'exclusion. Autant de sujets qui peuvent concerner les  plus pauvres que les plus riches. Un grand de ce monde n'est jamais à l'abri d'un scandale et la mise au ban de la société peut lui être fatale.

    L'autrice révèle donc un certain talent pour la reconstitution historique. En refermant son ouvrage, j'ai eu l'impression d'en savoir plus sur les aspects politiques et sociétaux de cette période.

    Quant à l'intrigue policière, même si je me doutais un peu de l'identité du ou des coupables, je n'avais pas perçu quels pouvaient en être les motifs ou les moyens. Par conséquent, j'ai quand même apprécié les étapes de l'enquête. Notamment avec le recours à certains éléments des débuts de la police scientifique.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai passé un très bon moment en compagnie de Jane Prescott. Et j'espère retrouver dans la suite de ses aventures son duo avec Michael tout comme le même souci de reconstitution historique.

    Éditions 10/18, Grand détectives, 2018, 335 pages

     

     

     

     

  • La fin d'une ère

    Dernier été à Mayfair

    de

    Theresa Révay

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    "Lorsqu'il traversait le grand bois, Julian s'engageait toujours à droite au croisement de Hadrian's Heart. Son cheval obliquait naturellement puis allongeait ses foulées, l'inclinaison du sentier lui offrant une belle échappée au galop. Le jeune homme revenait ainsi vers le coeur du domaine sans se laisser tenter par les chemins qui convergeaient vers la "Voie royale", la route romaine qui remontait jusqu'à Londres et descendait vers la côte, d'où l'on embarquait pour le continent"

    Mayfair, juin 1911, Lord et Lady Rotherfield reçoivent la haute société pour l'entrée dans le monde de leur dernière fille Victoria. Tous sont présents: l'aîné Julian écrasé par le poids de ses futures responsabilités et contraint à un mariage avec une jeune fille bien née; Edward, le cadet, un dilettante Don Juan et joueur, écrasé par les dettes de jeu et passionné d'aviation...Tous sauf Evangeline, la rebelle de la famille qui vient d'être emprisonnée pour avoir participé à une manifestation de suffragettes. Julian part donc pour essayer de la faire libérer et étouffer tout éventuel scandale.

    De 1911 à 1918, on suit ainsi l'évolution de cette fratrie, confrontée aux bouleversements qui agitent l'Europe et à la fin d'un monde.

     

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    Je n'avais jamais entendu parler de cet ouvage avant que Fanny du blog Netherfield Park ne le mentionne. Elle me l'avait conseillé en commentant mon billet sur Le Manoir de Tyneford de Natasha Solomons. Je l'ai trouvé à ma bibliothèque de quartier et je me suis donc lancée.

    Theresa Révay est une auteure française, réputée pour ses fresques historiques. Elle a notamment publié Livi Gandi ou le souffle du destin en 2005 et la Louve Blanche en 2008.

    Je suis assez fan des sagas familiales et de la possibilité qu'elles donnent d'observer l'existence de plusieurs membres du même foyer sur plusieurs années. Et je trouve que l'écrivain a très bien réussi le pari de créer des personnages réalistes. On croit à ses protagonistes et à leur destin.

    J'ai particulièrement aimé Julian, l'aîné, un homme éduqué selon certains principes et qui se retrouve héritier du titre et d'un certain sens du devoir alors qu'il aurait aimé connaître un tout autre sort. Au début, son caractère m'énervait. Mais, peu à peu ses fêlures sont apparues et l'ont rendu plus humain. Son idylle extra-conjugale et son comportement pendant la Première Guerre Mondiale ont remporté finalement mon adhésion.

    De même, j'ai beaucoup apprécié Evangeline, la rebelle de la famille. Son engagement auprès des suffragettes la mène deux fois en prison. La première, elle est sauvée par son frère. Mais à la deuxième arrestation, elle préfère taire son identité et subit ainsi le sort de ses compagnes moins fortunées. Elle endure notamment la technique du gavage, appliquée aux femmes récalcitrantes qui refusent de se nourrir au nom de leur combat idéologique. Cette épreuve la transforme profondément et change sa personnalité. Sa rencontre avec l'aviateur français Pierre de Forestel, incarnation de la noblesse française elle aussi sur le déclin, la fait aussi beaucoup évoluer.

    Je pourrais m'appesantir ainsi sur plusieurs des héros imaginés par l'auteure: May, Edward, Percy...Je préfère vous laisser le plaisir de la découverte.

    Ce que j'ajouterai juste, c'est que chacun d'eux permet de découvrir des aspects primordiaux de cette époque foisonnante: les meetings d'aviation, la spéculation autour de la radiophonie, le fonctionnement de la Chambre des Lords, le rôle des infirmières anglaises pendant la Première Guerre Mondiale, le naufrage du Titanic...

    C'est là d'ailleurs une des autres réussites de Theresa Révay. Non seulement elle a su forger des personnages forts mais elle a su resusciter l'ambiance de toute une époque. Le début m'a d'ailleurs fait fortement penser à une de mes séries fétiches: Downton Abbey. Et j'ai beaucoup aimé la référence aux Vestiges du jour (le majordome s'appelle aussi Stevens)

    Ce souci de la reconstitution historique l'a poussée à se documenter pendant plus d'un an et demi. Et cela se ressent à la lecture. Tout semble exact: les descriptions des scènes de combat, la vie dans les tranchées, le fonctionnement d'un manoir anglais...La Grande Histoire s'imbrique parfaitement d'ailleurs à la petite histoire, celle des Rotherfield et de leur pendant français, les de Forestel.

    Les pages de cet ouvrage se tournent vite. Mais j'aurais quand même un reproche à formuler: la rapidité de certaines péripéties. Pour narrer le destin de ces deux grandes familles sur 8 ans, l'auteure a très souvent recours à l'ellipse ou au raccourci. Or, je n'ai pas toujours trouvé que ce procédé tombait bien. Par exemple, mon coeur de midinette j'aurais aimé assister aux rencontres amoureuses et aux premières déclarations. Elles sont malheureusement souvent escamotées.

    Bref, vous l'aurez compris: si vous cherchez une saga familiale réussie qui rend parfaitement compte de l'ambiance des années 1910's, ce roman est pour vous.

    Merci donc Fanny pour ce conseil! J'ai dévoré cette oeuvre et j'ai passé un bon moment de lecture grâce à toi.

    Belfond, 2011, 477 pages, 21 €