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stephanie barron

  • Jane Austen à Scargrave Manor

    Jane Austen à Scargrave Manor

    de

    Stephanie Barron

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    « Lorsqu’une jeune dame du monde désargenté a le bon sens de répondre favorablement à l’affection qu’elle inspire à un aristocrate d’âge avance, veuf et pourvu en outre d’une belle situation financière,, l’on observe en général que l’union est fort intelligemment assortie pour les deux parties »

    Décembre 1802, Jane Austen vient tout juste de refuser la proposition en mariage d’Harris Bigg-Wither. Afin de fuir la déception familiale, elle accepte de participer aux réjouissances données en l’honneur du mariage de son amie Isobel Payne et de Lord Scargrave.

    Mais le drame n’est jamais loin…Et dans la nuit, le nouvel époux succombe à  des douleurs intestinales. Très vite, on soupçonne un empoisonnement. Surtout lorsque des lettres anonymes accusent la veuve et l’héritier de s’aimer en secret et d’avoir complote cet assassinat.

    Afin de soutenir son amie, Jane Austen décide  de mener l’enquête…

     

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    Stephanie Barron, une romancière américaine, a imaginé toute une série de romans policiers dont l’héroïne n’est autre que Jane Austen. Vous connaissez mon amour pour cette auteure. Je n’ai donc pas pu résister à la tentation…

    Dans ce premier volet, Jane, elle-même, sous la forme d’un journal intime, nous parle des incidents dramatiques dont elle a été le témoin quelques six mois auparavant.

    « Ma plume est ma plus fidèle confidente, elle passe en revue les passions et les déceptions qui m’étreignent et que je n’ose même pas partager avec Cassandra, ma sœur ainée. »

    J’ai bien apprécié ce choix de structure narrative car je trouve qu’il donne plus de dynamisme à l’intrigue. De plus, on partage mieux les émotions de Jane et les difficultés rencontrées par son amie Isobel Payne.

    Cette dernière, comme beaucoup de jeunes femmes de peu de fortune de son époque, a été contrainte d’épouser un homme riche, de plus de vingt ans son ainé. Une arcane de l’histoire qui permet de rappeler la précarité du sort des demoiselles de bonne famille et le courage récent qu’ a montré Jane Austen en refusant une union qui lui aurait assure un confortable avenir.

    Comme la veuve est jolie et ne laisse pas indifférent l’héritier du titre, des soupçons se portent sur eux, dès que la mort par empoisonnement de feu Lord Scargrave est confirmée. Et redoublent quand un autre cadavre est découvert…

    L’engrenage judicaire se met alors en marche. Un moyen pour le lecteur d’apprendre comment les enquêtes étaient menées au 19eme siècle et comment la noblesse était jugée par ses pairs lors d’un procès exceptionnel à Londres. Toutes ces scènes de comparution m’ont beaucoup intéressée.

    De même, j’ai été très sensible à tous les détails qui nous sont donnés, au fil des pages, sur la vie quotidienne, la condition des femmes, le sort des cadets de bonne famille…

    A ce talent de reconstitution de Stephanie Barron s’ajoute celui de forger une intrigue policière bien ficelée. Jusqu’au bout elle nous mène de fausse piste en fausse piste…Et je ne me doutais pas du suspect final.

    Elle crée également une Jane Austen qui m’a semblé fidèle à l’idée que je me faisais d’elle. Une femme vive, intelligente, pleine de compassion et parvenue  à un tournant de son existence…

    Autour d’elle gravitent des personnages tour à tour émouvants, attachants, pittoresques voire ridicules, souvent échos de ses créations littéraires. Je n’ai pu m’empêcher par exemple de rapprocher Tom Hearst de Wickham ou Fanny Delahoussaye de Lydia Bennett.

    Bref, vous l’aurez compris : Jane Austen à Scargrave Manor constitue un très bon polar historique. Je pense que je ne tarderai pas à me lancer dans la suite des aventures de cette romancière transformée en détective.

    Editions Le Masque, collection Labyrinthes, 446 pages

     Billet dans le cadre d’une lecture commune avec Céline et du challenge 19eme siècle de Fanny.

     

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  • Et si Virginia Woolf ne s'était pas suicidée?

    Le Jardin blanc

    de

    Stephanie Barron

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    "Octobre 2008, Kent, Angleterre

    Jo Bellamy engagea précautionneusement sa voiture de location dans le rond-point de Slip Road, anticipant de toutes les fibres de son corps l'horrible accident qui n'allait pas manquer de se produire. Comme il ne se produisait rien-par miracle ce tronçon circulaire de chaussée restait libre de chauffards britanniques en cette matinée de fin octobre-elle jeta un regard dans la mauvaise direction, jura à voix basse, puis guetta par-dessus son épaule gauche la première bretelle de sortie de ce cercle particulier de l'enfer"

    Jo Bellamy, une Américaine de 34 ans, est en route pour Sissinghurst, la demeure de Vita Sackville-West. Elle a, en effet, été engagée par les Gray afin de recréer, dans leur propriété, le magnifique Jardin blanc de la romancière.

    Elle espère également trouver dans cette demeure plus d'informations sur son grand-père qui y a travaillé dans sa jeunesse et visiblement, vécu un drame.

    Dans une remise, elle découvre très vite un cahier qui lui aurait appartenu. Mais en l'ouvrant, elle ne reconnaît pas son écriture.

    "N'eût été ce chant d'oiseau, elle aurait pu entrer dans l'eau ce jour-là. Elle cherchait des pierres pour lester ces poches, quelque chose de lourd, elle aurait pu les glisser dans ces bottes. [...]

    L'oiseau ne s'envolait pas. Vie! chantait-il. Vita!

    Elle s'abandonna au son pur et liquide, si différent du bourdonnement métallique des moteurs d'avion. Une grande paix se fit, qui emplit les prairies comme une eau transparente. Elle n'entendait plus les voix belliqueuses, accusatrices, vindicatrices. Elle ne sentait plus les traces de plomb sur les doigts de L. Ses propres chairs flasques. Le désespoir sans fond, lourd comme un cercueil.

    Oui, songea-t-elle. Je dois aller voir Vita.

    Et elle jeta les pierres de sa poche."

    Après avoir parcouru quelques fragments de texte, Jo se demande si elle ne serait pas en présence d'un écrit inédit de Virginia Woolf. Un écrit débuté quelques jours après la date officielle de son suicide. Et si la célèbre romancière n'était pas morte le 28 mars 1941?

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    Cela faisait quelque temps que j'avais remarqué ce roman sur la blogosphère. Aussi, quand ma mère l'a reçu en cadeau pour son anniversaire, je n'ai pas tardé à lui emprunter.

    Je connaissais déjà Stephanie Barron pour ses romans policiers autour de Jane Austen (j'avais beaucoup aimé notamment Jane Austen et le révérend).

    Virginia Woolf s'est suicidée le 28 mars 1941. Elle a rempli ses poches de pierre et s'est jetée dans la rivière l'Ouse, tout près Monk's House, sa maison de Rodmell. Elle avait laissé une lettre à son mari

    " J'ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m'en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m'as donné le plus grand bonheur possible. Je ne peux plus lutter, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler (...)"

    Le 18 avril, son corps était retrouvé.

    Stephanie Barron s'est servi de ces trois semaines de décalage entre le drame et la découverte du cadavre pour imaginer une autre alternative que le suicide du 28 mars 1941.

    Tout commence avec Jo Bellamy, une Américaine de 34 ans bien déterminée à élucider les raisons du récent suicide de son grand-père. Dans les papiers retrouvés après son décès, il faisait mention d'une "Dame" et de Knole.

    Elle entend profiter de la mission confiée par les Gray autour du Jardin blanc pour découvrir ce qui a poussé son grand-père à fuir cette région et à s'engager très jeune.

    Ces efforts se révèlent très vite couronnés de succès. Elle découvre un cahier intitulé "cahier de Jock" mais comprend très vite qu'il ne s'agit pas vraiment de celui de son aïeul mais sans doute d'un inédit de Virginia Woolf.

    Afin de vérifier son hypothèse, elle fait appel à Peter Llewellyn, un expert des anciens manuscrits à Sotheby's. Débute alors une course-poursuite d'Oxford à Cambridge, en passant par Charleston, Monk's House...pour tenter de trouver la fin de ce cahier et comprendre les derniers jours de la romancière.

    J'ai vraiment apprécié cette partie de l'intrigue, dans la lignée de Possession d'AS Byatt. On suit ainsi Jo et Peter dans des lieux fascinants: la Bodléienne à Oxford, la maison des Woolf à Rodwell, celle de Vanessa Bell à Charleston..Cet itinéraire permet de mieux cerner la personnalité de Virginia Woolf et de ses proches. Et donne très envie d'en apprendre encore plus sur elle.

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    Le Jardin blanc de Vita Sackville-West à Sissinghurst

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    Charleston's House, la maison de Vanessa Bell

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    Monk's House, la maison des Woolf à Rodmell

    A chaque étape, correspond une pièce du puzzle. Jusqu'au dénouement final...Un dénouement qui ne m'a pas convaincu. J'ai eu beaucoup de mal à croire à la thèse soulevée par Stephanie Barron.

    De même, je n'ai pas perçu l'intérêt de certaines intrigues annexes: celle entre Jo et Gray, par exemple.

    J'ai aussi trouvé que le style n'était pas toujours à la hauteur du sujet. Les passages du journal intime de Virginia m'ont paru très bien écrits. Mais certains dialogues entre universitaires ou certaines descriptions m'ont franchement déplu.

    Bref, vous l'aurez compris: une lecture en demi-teinte pour moi. Même si j'ai dévoré ce roman, même si j'ai beaucoup apprécié cette visite des hauts lieux de la vie de Virginia Woolf (j'espère la faire prochainement en vrai), j'ai eu du mal à adhérer à certains effets de style ou au dénouement.

    Editions du Nil, 2013, 406 pages, 21 €