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un enfant narrateur

  • Sans elle d'Alma Brami

    Sans elle

    de

    Alma Brami

     

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    "Moi, je m'appelle Lea et je suis immortelle.

    Immortelle, c'est quand on devrait mourir à un moment et qu'on n'est pas mort, après c'est fini, on a dépassé la mort, on l'a plantée, elle a pris quelqu'un d'autre à la place.

    Je m'appelle Léa...Léa, c'est plein de couleurs, un peu rose, un peu vert, un peu bleu, mais tout pastel...Léa, c'est doux, c'est soyeux.

    Je m'appelle Léa, je suis blanche comme du lait. Je m'appelle Léa et je ne peux plus mourir. Même si je voulais, même si je faisais tout pour, je ne peux plus."

    A 10 ans et après avoir perdu son père dans l'année, Léa se retrouve confrontée à la mort de sa petite sœur, Solène, renversée par une voiture.

    "Quand ma mort a pris Solène à ma place, j'ai arrêté de courir, j'ai dit à ma mort de me prendre comme prévu, et que c'était juste un jeu, mais ma mort, elle a dit que c'était trop tard, qu'on ne peut pas revenir en arrière et que j'aurais dû y penser avant."

    Sans Solène "la plus belle, la plus douce", sa mère plonge dans le désespoir.

    Sans Solène, Léa se sent bien seule.

    Sans Solène, les jeux et les cadeaux n'ont plus le même goût.

    Sans Solène, Léa se retrouve livrée à elle-même.

    Sans Solène, elle doit faire l'apprentissage de l'âge adulte à vitesse accélérée.

    Sans Solène, elle doit retrouver le chemin de l'espoir.

    Mais, sans elle, est-ce que la vie peut retrouver ses habits de bonheur?

    Dans ce premier roman, Alma Brami emprunte la voix d'une jeune fille de 10 ans, Léa, éprouvée par le deuil. D'une plume chirurgicale, elle nous parle de la nécessaire reconstruction qui survient après des drames familiaux de cette envergure.

    Avec des mots à la fois simples et qui nous touchent en plein cœur, l'héroïne nous parle de sa culpabilité. Elle a réussi à échapper à cette voiture. Mais pas sa sœur. C'était elle, la grande, celle qui aurait dû protéger et elle n'a pu empêcher cette catastrophe.

    Chez elle, sa mère s'est murée dans le silence de sa chambre. Dans cet appartement/mausolée de celle qui n'est plus, plus aucun son ne se fait entendre.

    Pourtant, Léa tente de retrouver le fil du dialogue avec la seule qui lui reste. Mais ni les mots ni les pleurs ne peuvent rien changer. Alors, Léa trouve des moyens pour survivre. Apprend à s'habiller et à faire ses nattes toute seule. A aller toute seule à l'école. A voler des morceaux de pain à la cantine pour pouvoir manger le soir.

    Elle lutte, lutte pour se débarrasser de ses peurs, de ses souvenirs à la fois doux et sombres qui lui donnent le cafard...

    Mais Léa rêve aussi. A des ailes qui lui pousseraient dans le dos et lui permettraient de rejoindre son père et Solène.

    On la suit au jour le jour dans ce combat surhumain. On la voit avancer, trébucher, refuser l'aide de ceux qui l'aiment profondément (Kevin et sa grand-mère)...On espère que tous ses efforts vont enfin payer...Et on guette d'éventuelles réactions de celle qui semble définitivement éteinte.

    Ce roman, de moi-même, je n'aurais peut-être pas été vers lui. Mais, voilà, une de mes meilleures amies me l'a placé entre les mains. Et Léa m'a accompagnée pendant quelques 170 pages.

    C'est là le tour de force d'Alma Brami. On ne peut que plonger dans ce monologue profondément poignant. Qui nous prend aux tripes. Qui nous fait réfléchir sur ceux qui comptent. Sur la vie, la mort, le deuil, l'espoir...

    Bref, un roman autour d'un sujet essentiel et qui ne vous laissera pas indifférent.

    Mercure de France, 2008, 176 pages (il existe aussi en version poche chez Folio)