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premier roman

  • The Jane Austen society

    The Jane Austen society

    de

    Natalie Jenner

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    J'aime les livres qui parlent de gens qui aiment les livres et qui en discutent entre eux, comme si les personnages des ouvrages mentionnées étaient de vraies personnes qui peuplaient non seulement leur imaginaire mais aussi leur vie.

    J'aime les livre qui parlent de Jane Austen. Car elle demeure une de mes autrices préférées depuis que j'ai découvert l'été de mes 12 ans Orgueil et préjugés. J'ai même réalisé un de mes rêves : aller dans sa demeure de Chawton, là où elle écrivait sur une minuscule table.

    Alors, forcément, je ne pouvais qu'aimer ce roman qui m'a été conseillé comme souvent par ma chère amie Aurélie.

    La première scène s'ouvre sur une rencontre. Celle entre une jeune Américaine venue sur les traces de son autrice fétiche et d'une jeune fermier de Chawton qui, en raison de la Grande Guerre, a dû renoncer à ses rêves pour aider sa mère. Quelques mots échangés et l'envie nichée au creux de la tête de ce héros de lire un jour Jane Austen.

    Les années passent. Et nous retrouvons le village de Chawton. Pendant la Seconde Guerre mondiale et juste après. Plusieurs personnages se croisent : un docteur, une insititutrice, la châtelaine, un fermier, une jeune élève prometteuse. Au fil des discussions et des séquences, nous comprenons et surtout ils comprennent leur amour commun pour Jane. Ce qui donne lieu à des conversations passionnantes pour la janéite que je suis (qui est la meilleure héroïne d'Emma ou d'Elizabeth Bennett ? A quel moment Mr Knightley a pris conscience de...?) Autant de questions que je pourrais soulever avec certaines de mes amies.

    Ces différents férus de Jane Austen vont donc se réunir. Pour sauver le cottage de Chawton et le transformer en lieu de pélerinage pour les visiteurs. Mais aussi parce que la littérature réunit et guérit. En effet, pour différentes raisons que nous allons découvrir, lire les a profondément aidés à certains moments de leur existence. Et bâtir ce projet en commun va avoir bien des répercussions sur leurs quotidiens.

    Même si cette idée principale des rencontres qui changent et de la littérature salut a déjà été plusieurs fois utilisée, je trouve qu'elle fonctionne très bien dans cette intrigue et avec le choix narratif de la multiplication des points de vue.

    On suit ainsi les pensées et les actions de plusieurs des protagonistes. Des pensées et des actions qui ne sont pas sans évoquer certaines trames austeniennes. Car comment ne pas reconnaître un soupçon de Persuasion ou un brin d'Emma dans certaines évolutions ? Sans oublier le fameux mauvais garçon toujours présent dans les romans de Jane, sorte de mélange entre Wickham, Willoughby ou Henry Crawford.

    Bref, vous l'aurez compris : un très joli voyage livresque, plein de déférence à Jane, de jolis basculements, d'amour de la littérature, de bibliothèques (ah ! Cette bibliothèque fabuleuse où on peut se perdre deux ans pour en faire l'inventaire) et de ce je ne sais quoi de charme british qui fait souvent toute la différence.

    Et maintenant, j'ai envie de relire tout Jane Austen et de me replonger dans tous les films qui lui sont dédiés.

    Orion, 2020, 306 pages

  • Les Traversées de Dorothy Parker de Camille Mancy

    Les Traversées de Dorothy Parker

    de

    Camille Mancy

    les traversées de dorothy parker, camille mancy, editions prisma, dorothy parker, roman, roman biographique, premier roman, littérature française, guerre d'Espagne

    "Dorothy Parker a embarqué l'après-midi du 18 août 1937. Le Normandie s'est éloigné de New York aussi vite que le peut un tel monstre.  Depuis le quai 88, le paquebot géant a tourné le dos aux lumières de Manhattan. Dorothy n'a pas regardé sa ville disparaître, ni les mouchoirs et les mains tendues, ni les reporters et les photographes. Quoi qu'on en dise, elle ne s'épanche pas si facilement en public."

    Une femme sur un paquebot. Qui regarde s'éloigner New York en ce mois d'août 1937.
    Pour une traversée de l'Océan.
    Pour une traversée surtout entre deux mondes. Comme si ce voyage allait marquer une césure définitive dans son existence.
    Cette femme, c'est Dorothy Parker. "The Wit". "L'Esprit ". Un esprit mordant qu'elle met au service de ses chroniques. De l'écriture de ses scenarii comme celui d'une Etoile est née. De ses répliques qui marquent son auditoire.
    Une femme qui aime rire.
    Une femme qui souffre.
    Une femme qui s'engage.
    Une femme aux multiples facettes que Camille Mancy nous invite à découvrir dans son premier roman.

    Les périples constituent souvent l'occasion de bilans. Comme si une traversée géographique permettait une traversée temporelle. Lambeaux du passé qui se détachent et éclairent notre présent.
    La construction s'articule autour de cette idée avec ces retours sur les événements décisifs de la vie de cette incroyable autrice.
    Le mariage avec Parker. L'Algonquin. Sacco et Vanzetti. Les séjours chez les Murphy. Autant d'épisodes qui se détachent.
    Avant le reancrage dans le présent et ce séjour en Espagne pendant la guerre civile.
    Moment de basculement.

    Les chapitres se font courts, resserrés. Comme autant de miniatures du parcours de Dorothy. Une Dorothy au faîte de sa gloire.
    Des miniatures aux noms qui puissent dans le répertoire artistique. De la Haute société au chat du Cheshire.
    Des miniatures comme des micro-nouvelles. Une manière stylistique très habile de rendre hommage à cette nouvelliste de génie.

    Mais justement c'est, face à ce choix même de resserrement de la narration, que j'émettrai une réserve. J'aurais aimé en savoir plus sur Dorothy. Et j'ai achevé cet ouvrage à regret. Tant j'aurais aimé demeurer plus longtemps avec elle et assister à plus de scènes déterminantes.

    Si vous souhaitez vous familiariser avec son univers, je ne peux néanmoins que vous conseiller ce titre. Bel hommage d'une passionnée.

    Editions Prisma, 2020, 155 pages

     

     

  • Vox de Christina Dalcher

    Vox

    de

    Christina Dalcher

    vox, christina dalcher, littérature américaine, dystopie, roman d'anticipation, science-fiction, condition des femmes, liberté, parole, droits, réflexion, premier roman

    "Si on m'avait dit qu'en une semaine, j'allais faire tomber le Président, le Mouvement pur, et ce petit merdeux incompétent de Morgan LeBron, je n'y aurais pas cru. Mais je n'aurais pas protesté. Je n'aurais pas dit un mot.

    Je ne suis plus du genre bavarde."

    Imaginez une Amérique où les femmes doivent rester à la maison. Asservies aux décisions de leurs maris. Où toute autorité et pouvoir décisionnel leur sont retirés. Où leurs mots sont comptés.
    100, pas plus, chaque jour.
    Les femmes ont littéralement perdu leur voix.

    C'est ce que dépeint Christina Dalcher dans cette dystopie. Des États-Unis dominés par un président et par une éminence noire, un révérend qui repousse en permanence les frontières des interdits sous couvert d'une morale biblique.

    L'autrice a choisi pour héroïne une doctorante neurolinguiste, Jean Mclellan, parvenue au bout de ses recherches pour lutter contre l'aphasie, juste avant de devoir renoncer à son activité professionnelle. Une femme qui est longtemps demeurée en marge des changements politiques. Une femme qui souffre de son manque de mots. Qui a peur pour sa fille. Qui voit son fils aîné dériver vers le radicalisme. Bref, une femme qui se révèle prête à tous les sacrifices pour changer son pays et revenir à la situation d'avant.

    J'aime ces portraits de femmes fortes. Tout comme j'aime ces histoires qui décrivent un univers peu éloigné du nôtre, où toutes nos craintes se sont réalisées. Aussi, cet ouvrage, dans la lignée de la Servante écarlate, avait tout pour me plaire.

    Et la recette a bien fonctionné pendant les 2/3 du livre. J'ai adhéré au point de vue narratif, cette voix muselée qui se déverse entre les pages. J'ai adhéré également aux choix d'intrigue, aux personnages archétypaux ainsi qu'aux rebondissements.
    Tout comme j'ai adhéré à ce tableau d'une Amérique tombée dans l'engrenage d'une morale puritaine et d'une réduction de toute liberté de la femme. Ainsi qu'à cette  phrase de Burke répétée comme une litanie sur l'inaction des gens de bien. J'étais captée et je ne pouvais m'arrêter.

    Puis, est arrivée cette idée de complot biologique et je n'ai pas cru à cette énième péripétie ni au dénouement qu'elle entraînait. Cette résolution dans une certaine précipitation.  Comme un frein au développement d'autres arcs de l'histoire. Laissés un peu trop en jachère. Tels que le mouvement de la résistance. Et ce basculement trop rapide de certains protagonistes. En effet, avoir recours à des êtres monolithiques comme personnages a ses avantages. Comme ses inconvénients car leurs retournements trop précipités ne paraissent pas sonner juste.

    Bref, vous l'aurez compris: Vox a constitué une découverte en deux temps pour moi. Elle  reste néanmoins une oeuvre divertissante mais qui a manqué de la force de certaines dystopies.