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  • Testament of youth

    Testament of youth

    un film de James Kent

    d'après les mémoires de Vera Brittain

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    En ce printemps 1914, le seul souci qui occupe l'esprit de Vera est celui de convaincre sa famille de passer les tests d'admission à Oxford. Son père craint de la voir se transformer en "bas bleu", incapable de trouver un mari.

    Lors d'une de leurs mémorables disputes, ils sont interrompus par un des camarades de classe de son frère Edward, le ténébreux Roland Leighton.

    Entre ces deux gens passionnés, se noue très vite une idylle. Ils se promettent de passer tout leur temps libre ensemble quand ils partiront à l'université à la rentrée.

    Mais la guerre survient et balaie toutes leurs certitudes.

    Roland, Edward et une toute une génération de jeunes hommes s'engagent.

    Et, plus rien ne sera jamais pareil pour les survivants.

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    Cela faisait longtemps que j'attendais ce period drama. Aussi, j'ai été ravie de pouvoir le regarder aujourd'hui.

    Ce film se fonde sur Testament of youth, l'ouvrage autobiographique de Vera Brittain, paru en 1933 et qui a obtenu un succès immédiat.

    On y suit l'itinéraire douloureux de cette romancière féministe et pacifiste.

    Toute la première partie, aux tons lumineux, colorés, vifs, à la musique joyeuse, s'attache à cette Vera de l'avant-guerre. Celle qui a grandi dans une famille bourgeoise à la campagne. Celle qui étudie la nuit pour parvenir à entrer à Oxford. Celle qui se bat avec son père pour passer les tests d'admission. Celle qui plaît aux camarades de son frère mais n'a pas encore rencontré l'amour.

    Jusqu'à l'arrivée d'un certain Roland Leighton. Fils d'une auteure à succès, il a connu le frère de Vera dans le cadre d'une école de cadets. Tout comme la jeune femme, il aspire à des études universitaires. Tout comme elle, aussi, il nourrit le secret désir de se voir publier un jour.

    Ces deux intellects vont immédiatement tomber sous le charme l'un de l'autre. Mais, maladroits et apeurés, ils vont un peu se tourner autour avant de tout se confesser.

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    J'ai beaucoup aimé toutes les scènes de ce printemps-été 1914. Elles expriment à merveille toute cette vitalité de la jeunesse, tous ces désirs, toute cette sève aussi. Que ce soit dans les scènes de jeux dans la forêt, dans les étangs, dans les champs ou celles de garden-party...on sent cette envie de vivre.

    Et que dire de ces brefs instants entre Roland et Vera? Effleurements de main, déclarations... Toujours sous l’œil de la tante, chaperon attitré. Que j'ai ri de les voir tenter de semer cette dame patronnesse!

    Cependant, on sent bien que ce bonheur ne peut durer. Vera se montre sans doute aveugle, tant elle est occupée par ses émois amoureux ou par sa réussite ou non aux tests d'Oxford. Mais, par quelques gros plans sur les unes des journaux, le réalisateur nous fait bien ressentir le danger imminent.

    Et c'est d'ailleurs, à partir de la déclaration de guerre, que le long métrage bascule dans une seconde partie. Aux tons cette fois-ci crépusculaires. Pour accompagner cette idée de testament, d'enterrement d'une jeunesse si prometteuse.

    Afin de préserver le suspense, je ne vous révélerai pas ce qu'il advient de ces jeunes gens qui gravitaient autour de Vera. De son côté, elle s'engage comme infirmière pour mieux être près d'eux. Et c'est son apprentissage de la guerre et de ses conséquences que nous allons découvrir.

    Je dois avouer que j'ai trouvé cette section un peu trop longue. Certes, je comprends l'intérêt de certaines scènes pour souligner l'engagement pacifiste de Vera après l'armistice et tout au long de sa vie. Mais je me demande s'il fallait autant les multiplier. C'est d'ailleurs le seul bémol que j'ai rencontré dans ce visionnage.

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    Une fois encore, j'ai été bluffée par le talent d'Alicia Vikander (déjà aperçue dans A Royal affair). Elle incarne à la perfection cette jeune femme intelligente, ambitieuse, sensible, passionnée, que la guerre va définitivement changer. Elle m'a tour à tour émue, amusée...Tout comme son partenaire Kit Harrington, aux antipodes du Trône de fer, et qui se révèle très juste dans toutes les séquences où on l'aperçoit. De même, le reste du casting (Emily Watson, Dominic West...) se montre à la hauteur.

    Testament of youth: film d'apprentissage, film d'amour, film de guerre...Et, également témoignage d'une époque qu'on met en terre.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai vraiment beaucoup apprécié ce long métrage très bien réalisé et interprété. Je crois qu'il rend un bel hommage à l’œuvre originale que j'aimerais parcourir dans les prochains mois.


    Billet dans le cadre du challenge Première Guerre mondiale.

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  • Au clair de lune

    Au clair de lune

    une histoire de Catherine Latteux,

    illustrée par Oreli Gouel

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    "Depuis qui ses nouveaux voisins de palier étaient arrivés, leurs volets restaient fermés ou leurs rideaux tirés.

    Dans le quartier, les gens s'interrogeaient:

    -Savez-vous qui ils sont?

    -Non, aucune idée. Il y a une enfant à ce qu'il paraît.

    Lui aussi était intrigué. Pourquoi vivaient-ils cachés?"

    Au bout d'un mois, le jeune héros de l'histoire n'a toujours pas rencontré ses voisins. Il se pose de nombreuses questions sur leur identité.

    Puis, un jour à la faveur d'une de leurs sorties, il pénètre dans leur appartement. Un appartement plongé dans le noir.

    "Quand tout à coup, tel un fantôme, elle surgit de l'ombre. [...] Elle était là, à quelques pas. C'était elle, la fille qui vivait cachée derrière les volets."

    Entre elle et lui, débute alors une belle histoire d'amitié.

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    J'avais remarqué ce très bel album sur le site de Ricochet et j'ai eu très envie de l'intégrer aux collections de la médiathèque où je travaille.

    Cet ouvrage aborde la question de la maladie. Ici, l'héroïne souffre du syndrome des enfants de la lune, une affection génétique rare.

    "Comme si elle avait deviné ses interrogations, elle lui conta ses tristes journées passées dans l'ombre pour se protéger du soleil. Elle ne pouvait pas vivre autrement, comme les autres enfants, sinon sa peau serait brûlée par le regard de feu de l'astre lumineux."

    Sans pathos et avec beaucoup de pédagogie, Catherine Latteux parvient à nous parler de cette maladie méconnue et à nous faire ressentir l'impatience, l'ennui et la douleur de cette petite fille séparée du monde de dehors et qui rêve de le découvrir.

    Sa rencontre avec "il", le petit garçon d'à côté, va lui ouvrir une porte sur cet univers fantasmé.

    Jusqu'à ce que les deux enfants bravent l'interdit et sortent de nuit pour visiter cet ailleurs tant espéré.

    Les voilà embarqués dans un magnifique voyage vers toutes ces choses inconnues pour elle. Mais, au clair de  lune, il ne faut pas oublier le danger de la lumière.

    Sensibilité, justesse des émotions et beauté du langage constituent les maîtres-mots de cet ouvrage.

    A la grâce des mots s'allie celle des images. Les couleurs froides, les bleutés qui envahissent les pages et les dessins tout en finesse, nous montrent bien la réalité de cette maladie, cette vie au clair de lune à laquelle elle contraint ses patients...Elle illustre également à merveille cette relation hors du commun qui se tisse entre ces deux enfants.

    Bref, vous l'aurez compris: un album "pépite" sur un syndrome peu médiatisé et qui laisse la part belle aux jeux et rires d'enfants dans un univers éminemment poétique.

    Éditions Mazurka, 2014

     

  • La Part des flammes

    La Part des flammes

    de

    Gaëlle Nohant

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    "La marquise de Fontenilles n'en finissait pas de la faire attendre dans cette antichambre aux allures de bonbonnière. Érodée par l'impatience et la nervosité, l'assurance de Violaine de Raezal s'effritait. Elle espérait tant de cette entrevue! La marquise était un des sphinx de dentelle vêtus qui gardaient les portes du Bazar de la Charité. Sans son accord, la comtesse de Raezal avait peu de chances d'y obtenir une place de vendeuse."

    Mai 1897, la comtesse de Raezal, fraichement veuve, patiente dans l'antichambre de la marquise de Fontenilles. Elle espère recevoir un sésame pour le Bazar de la Charité. En effet, chaque année, les femmes de la haute société se disputent les stands et il est primordial pour assurer une réputation de faire partie des heureuses élues.

    Cependant, l'entrevue avec la marquise ne porte pas ses fruits et la comtesse se voit proposer d'aider les phtisiques. Lors de sa première journée de bonnes œuvres, elle fait la connaissance de la duchesse d'Alençon et aussitôt, noue des liens très forts avec elle.

    C'est donc tout naturellement qu'elle se retrouve à ses côtés sur le stand 4 du Bazar de la Charité. Parmi les autres fortunées, on compte également la jeune Constance d'Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles.

    En cet après-midi du 4 mai 1897, le Bazar bruisse de monde. Quand, soudain, une étincelle et le feu qui embrase toute la vente de charité...

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    Le lieu du sinistre un jour après

    Depuis sa sortie aux éditions Héloïse d'Ormesson, je suis tombée sous le charme de cette couverture et de ce titre. Et je n'ai pu résister à la tentation quand ce roman est arrivé à la médiathèque.

    Ce livre se consacre à trois femmes à un tournant de leur vie: la comtesse de Raezal qui jouit d'une réputation sulfureuse et qui ne bénéficie plus de la protection de son mari, mort des suites d'une longue maladie; la jeune Constance d'Estingel, qui vient d'abandonner son fiancé afin de se consacrer à Dieu et la mystérieuse duchesse d'Alençon, Sophie, sœur de Sissi et ancienne promise du roi Louis II de Bavière, qui se consacre corps et âme aux bonnes œuvres.

    Trois femmes que le destin a réunies sur ce stand en ce fatidique 4 mai. Un moment d'inattention du côté des projectionnistes du cinématographe et tout brûle.

    J'avais entendu vaguement parler de ce fait divers et j'ai été bluffée par le talent de Gaëlle Nohant pour le ressusciter.

    On assiste à ce quart d'heure fatidique par différents regards: ceux des victimes Constance et Violaine, celui du cocher de la duchesse d'Alençon qui tente de porter secours aux personnes emprisonnées à l'intérieur, celui d'un journaliste arrivé très vite sur les lieux du drame...

    Autant de voix pour parler de: Panique/Cris/Bousculades/Combats/Personnes écrasées/Actes d'héroïsme/Brûlures/Souffrance... Certaines pages sont plus dures à tourner, certaines situations nous choquent profondément...Et cette question lancinante se manifeste à nous: qu'aurais-je fait dans un tel cas? Me serai-je sauvée à tout prix?

    Cet ouvrage aborde aussi les conséquences d'une telle catastrophe: le deuil immédiat, les recherches des familles pour reconnaître leurs proches parmi les corps calcinés, les cauchemars des rescapés, les accusations portées dans les journaux, la recherche de bouc-émissaires, les rumeurs...

    Mais La Part des flammes ne se résume pas à l'évocation de ce 4 mai 1897. Non, il s'agit d'un roman dense, prenant, dont les phrases se développent à l'infini.

    Pour nous parler de ce feu certes...Mais pour nous parler aussi des femmes en cette fin du 19ème siècle. Constance, Violaine, Sophie: trois femmes pour illustrer la condition de leurs comparses. Sans oublier celles que l'on croise telle que cette marquise de Fontenilles qui a perdu bien plus que sa beauté dans ce drame...

    Dans cette haute société parisienne,les femmes n'ont plus aucune liberté. Elles n'existent que par leur rang et leur beauté. Elles n'ont pas le droit à la faute, sous peine d'être bannies. Elles dépendent de leur père, frère, mari pour tout. Et quand elles dévient de la conduite qui leur est imposée, leur punition peut se révéler bien sévère.

    Forcément, j'ai été choquée par ce portrait. Et notamment par le sort de cette Jeanne d'Arc du Bazar, la ténébreuse et mystique Sophie d'Alençon. Un être brisé dans sa coquille par les siens, par la possessivité de son mari...

    Et que dire de toute cette partie dans un hôpital psychiatrique? J'en ai eu froid dans le dos...

    Mariage, entrée dans les ordres...:les jougs sont nombreux et parfois, inattendus.

    Roman noir donc, description réaliste et sans concessions d'une époque cynique et dure avec le sexe féminin...

    Cependant, la Part des flammes offre aussi quelques très jolies scènes lumineuses. Que ce soit quand elle souligne la solidarité de certaines protagonistes entre elles ou quand elle évoque certains élans amoureux.

    De même, ce titre n'est pas exempt d'ingrédients du roman historique populaire à la Dumas. Duel, enlèvements, coups montés...se succèdent au fil des pages.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai beaucoup apprécié cette œuvre composite, au croisement des genres: historique, populaire, réaliste, d'amour, d'apprentissage, et je me suis passionnée pour le destin de ces trois femmes enfermées dans une société ultra codifiée et rigide. Une réussite, donc. Je dois d'ailleurs avouer que, depuis que j'ai achevé l'ultime chapitre samedi, j'ai bien du mal à me lancer dans un autre livre.

    Editions Héloïse d'Ormesson, 2015, 492 pages

    Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.

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