La Conspiration du globe
de
Thierry Bourcy et François Henri-Soulié
"N'eût été la violente querelle qui éclata au cours du quatrième acte entre deux marchands de chevaux, pris de boisson, la représentation d'Hamlet pouvait être considérée comme un succès. Les spectateurs avaient ri aux bons endroits, hurlé en vain pour sauver Polonius et frémi à l'arrivée du fantôme. Quand aux deux invités exceptionnels de Shakespeare, deux princes venus du Danemark, ils avaient semblé fascinés par la pièce."
En ce début du mois de mars 1603, les émissaires Rosencrantz et Guildenstern ont été envoyés par le roi du Danemark pour mener à bien des négociations secrètes avec la reine Elizabeth I. A la demande de William Shakespeare, rencontré dix ans auparavant, ils ont assisté à la représentation d'Hamlet où le dramaturge a créé deux personnages éponymes.
Justement, à la suite d'une méprise, les deux comédiens interprètes de ces rôles sont retrouvés morts dans les coulisses. Afin de faire la lumière sur ce double assassinat, la reine réquisitionne Lord Dawson, le commandant de sa garde, et dépêche Lady Dorchester, une de ses dames de compagnie, à Prague pour chercher le capitaine Kassov. Ce dernier s'était distingué dans la résolution du crime du prince Tsycho Brahé et la souveraine tient à mettre toutes les chances de son côté pour enrayer la crise diplomatique qui couve.
Je n'avais pas lu Le songe de l'astronome, le premier volet des aventures du capitaine Kassov. Mais, en parcourant les allées de Gibert Jospeh avec mes copinautes Titine et Emjy jeudi dernier, j'ai immédiatement été attirée par le ce titre. En effet, j'espère pouvoir visiter ce fameux théâtre lors de mon prochain séjour londonien. Aussitôt acheté, aussitôt lu.
J'ai été ravie de retrouver cette période de l'histoire qui m'a toujours fascinée. Contrairement à la série des Marston dont j'avais précédemment parlé sur le blog, ce roman se situe dans le dernier mois de l'existence de la reine Elizabeth I. Désormais, au Conseil, elle s'appuie sur le fils de son fidèle Sir William Cecil, sir Robert qu'elle a surnommé méchamment le "Pygmée" et dont elle admire les qualités politiques. Lors de plusieurs scènes, notamment dans la salle du Trône , le lecteur est convié à partager le point de vue royal. Ne serait-ce que lors des épineuses négociations avec le Danemark.
Cependant, l'aspect gouvernemental n'est pas le seul thème abordé. En effet, les deux auteurs ont pris le parti de s'attarder sur un des fleurons du règne d'Elizabeth I, à savoir le théâtre. Lors d'une représentation d'Hamlet, deux comédiens sont tués. L'occasion pour le lecteur de mieux découvrir le fonctionnement du Globe, le rythme des représentations, les répétitions, les interactions entre Shakespeare et sa troupe... J'ai beaucoup apprécié toute cette partie et mon envie de visiter ce lieu artistique n'a fait que croître.
Pour lier ces deux aspects, politique et artistique, Thierry Bourcy et François-Henri Soulié ont eu recours à un habile procédé narratif: un double meurtre par méprise des protagonistes des deux princes danois. Comme si la création du dramaturge lui échappait et prenait vie en réservant le même sort aux deux émissaires du roi du Danemark, Rosencrantz et Guildenstern. Ce ressort de l'intrigue m'a bien plu.
Néanmoins, je regrette que les deux auteurs n'aient pas réussi à brosser des personnages aussi intéressants que leur description de l'époque. Peut-être est-ce dû à la multiplicité des figures dépeintes. Certains sont esquissés avec plus de soin et retiennent davantage l'attention, tels que Lady Dorchester qui m'a fait penser à la Milady de Dumas. D'autres, même s'ils sont présentés par quelques détails pittoresques, ne suscitent pas le même intérêt. Par exemple, je suis complètement passée à côté du neveu du capitaine, Matteus, dont le côté jeune premier trop accentué, ne m'a pas convaincue.
Quant à l'histoire policière, elle sert plus de prétexte finalement à plonger le lecteur dans cette Angleterre du début du 17ème siècle, à la fin d'un règne et d'en saisir l'atmosphère, sur fonds de conspiration et d'instabilité.
Bref, vous l'aurez compris: la Conspiration du Globe m'a permis de passer un moment de lecture agréable et je me laisserai peut-être tenter par les prochaines aventures de Kassov.
Editions 10/18, 2017, 258 pages
Billet dans le cadre du challenge de Titine A year in England.
Commentaires
C'est une série qui pourrait bien me plaire ! J'aime bien ces romans policiers qui nous transportent dans une autre époque, comme les Marston ... Et quelle époque passionnante. Je note pour mon prochain passage à Gibert :-)