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écrivain

  • Honoré et moi de Titiou Lecoq

    Honoré et moi

    de

    Titiou Lecoq

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    "Il y a deux tartes à la crème concernant Balzac: il buvait trop de café et sa mère était une mégère hystérique. Cette dernière affirmation rejoint une règle plus ou moins implicite en littérature qui veut que les écrivains aient soit une enfance heureuse, soit une mère méchante."

    Tout commence par une visite de Titiou Lecoq à la maison de Balzac à Passy. Balzac, c'était cet écrivain qu'elle aimait tant dans son adolescence. Et, en entrant dans son bureau, elle est saisie d'une intense émotion. Comme si la solitude de ce forçat de l'écriture suintait des murs. Comme si elle percevait toutes ses désillusions et ses échecs.

    Aussitôt, elle se passionne pour son destin. Il devient son obsession. Jusqu'à ce qu'elle se saisisse de ses recherches pour dresser le portrait de ce "loser magnifique".

    Balzac avait trois buts dans son existence: être connu, être aimé et être riche.

    C'est par l'angle de cette fortune qui ne cessait de se retirer que l'autrice a décidé d'aborder cette biographie.

    J'ai aimé cette grille de lecture qui donne à voir un Balzac différent de celui campé par d'autres biographes comme Zweig. Comme si cette recherche de l'argent et du profit lui donnait une autre résonance.

    De même, Titiou Lecoq propose une approche différente de certains mythes rattachés à la figure de cet auteur. A commencer par son rapport avec sa mère. Souvent représentée comme une génitrice castratrice et responsable de la ruine grandissante de son fils, elle devient autre au fil des chapitres. Et j'ai apprécié cette image renouvelée.

    Une image parmi tant d'autres. Tant l'autrice tente de dépoussiérer la statue balzacienne. Et de montrer à quel point son sort peut se révéler le miroir du nôtre. Comme s'il devenait une sorte de grand frère.

    Ce parti pris et le ton, parfois familier, ne peuvent pas plaire à tous. Mais j'ai adhéré à ce pacte narratif. Ces rapprochements avec l'essayiste ainsi que cette comparaison avec des hommes politiques modernes confèrent une incroyable modernité à cet homme de lettres.

    Cet essai se lit comme un roman. Comme si Balzac devenait un des personnages de sa comédie humaine. Une sorte de Rastignac aux ambitions financières sans cesse rabrouées par des coups du sort successifs.

    Un sens des affaires incertain. La malchance comme compagne fidèle. Des créanciers qui se font meute. Voilà tous les ingrédients réunis pour faire de la vie de Balzac une tragédie.

    Une tragédie qui se lit de manière compulsive.

    J'ai juste regretté que la perspective moderne comme ligne conductrice de ce récit se révèle un peu moins prégnante au milieu du livre.

    Bref, vous l'aurez compris: malgré cette réserve, je ne peux que vous conseiller ce titre.

    Merci au éditions de l'Iconoclaste pour cet envoi!

    Editions de l'Iconoclaste, 2019, 294 pages

  • Le Groupe de Jean-Philippe Blondel

    Le Groupe

    de

    Jean-Philippe Blondel

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    "Avant cette année, je n'avais jamais mêlé mes deux professions-enseignant et romancier. Elles étaient deux tenues différentes que j'enfilais au moment opportun. Je pensais qu'il était impossible de les cumuler. Et puis en octobre dernier, un soir, alors que ma collègue de philosophie, Marion Grand, et moi prenions un café dans la salle des profs, après une journée particulièrement éprouvante, elle m'a demandé pourquoi je n'avais jamais organisé d'atelier d'écriture ici, dans cet établissement dans lequel j'enseigne depuis vingt ans"

    Suite à la demande de Marion Grand, sa collègue de philosophie, François Roussel, à la fois enseignant et écrivain, se retrouve à animer un atelier d'écriture avec quelques terminales volontaires. Ainsi, durant cinq mois, deux professeurs et dix élèves vont se réunir une heure par semaine dans une salle pour écrire. Au fil de ces séances pas comme les autres, des liens se nouent, des masques tombent...et une sorte d'intimité se crée entre ces personnes jusqu'alors inconnues.

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    J'attends toujours avec plaisir une nouvelle parution de Jean-Philippe Blondel et j'ai été particulièrement ravie de le retrouver avec ce titre autour d'un sujet qui m'interpelle. Je n'ai encore jamais assisté à un atelier d'écriture et j'hésite à franchir le pas. Alors, forcément, quand un roman s'attarde sur une telle expérience, je suis intéressée.

    Pour parler de ce groupe, l'auteur reprend un schéma narratif a priori classique. En effet, il déroule les ateliers d'un point de vue chronologique. Mais ce qui fait la force de son récit, c'est la multiplication des points de vue, à la fois par les changements de narrateurs et par l'introduction des produits de ces rencontres. Des textes s'intercalent donc à cette histoire et nous permettent de mieux comprendre les personnalités de chacun et de mieux cerner aussi ce qui va les lier lors de ces mois.

    "On a tous été très secoués. Par toutes les histoires. Les fausses. Les vraies. C'est comme si nous avions été projetés à l'intérieur d'un film très réaliste."

    Comme vous vous en doutez, j'ai beaucoup aimé cette construction et cette approche progressive de la psyché des héros. Chacun apporte sa pierre à l'édifice de ce groupe et aucun ne se démarque des autres. Ce qui conforte cette idée d'unité proclamée par le titre.

    C'était un pari risqué de faire vivre et évoluer autant de "voix"différentes en si peu de pages. Mais Jean-Philippe Blondel se révèle à la hauteur de ce défi. Non seulement chacun des monologues a son identité mais il en va de même de chacun des textes proposés dans l'atelier.

    De plus, j'ai apprécié la mise en abyme entre sa situation et celle vécue par son double, François Roussel.  Et ce traitement de la peur de la panne, propre à tout écrivain.

    Bref, vous l'aurez compris: si vous souhaitez comme moi participer à un atelier d'écriture ou si vous aimez les histoires à la fois humanistes et sensibles, ce roman est pour vous! Ne serait-ce que pour le plaisir de découvrir la petite musique de son auteur.

    "Des vers luisants. Voilà. Ils sont mes vers luisants. Ceux qui éclairent par intermittence le cimetière de ma mémoire."

    Actes Sud Junior, 2017, 125 pages