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jean-philippe blondel

  • Le Groupe de Jean-Philippe Blondel

    Le Groupe

    de

    Jean-Philippe Blondel

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    "Avant cette année, je n'avais jamais mêlé mes deux professions-enseignant et romancier. Elles étaient deux tenues différentes que j'enfilais au moment opportun. Je pensais qu'il était impossible de les cumuler. Et puis en octobre dernier, un soir, alors que ma collègue de philosophie, Marion Grand, et moi prenions un café dans la salle des profs, après une journée particulièrement éprouvante, elle m'a demandé pourquoi je n'avais jamais organisé d'atelier d'écriture ici, dans cet établissement dans lequel j'enseigne depuis vingt ans"

    Suite à la demande de Marion Grand, sa collègue de philosophie, François Roussel, à la fois enseignant et écrivain, se retrouve à animer un atelier d'écriture avec quelques terminales volontaires. Ainsi, durant cinq mois, deux professeurs et dix élèves vont se réunir une heure par semaine dans une salle pour écrire. Au fil de ces séances pas comme les autres, des liens se nouent, des masques tombent...et une sorte d'intimité se crée entre ces personnes jusqu'alors inconnues.

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    J'attends toujours avec plaisir une nouvelle parution de Jean-Philippe Blondel et j'ai été particulièrement ravie de le retrouver avec ce titre autour d'un sujet qui m'interpelle. Je n'ai encore jamais assisté à un atelier d'écriture et j'hésite à franchir le pas. Alors, forcément, quand un roman s'attarde sur une telle expérience, je suis intéressée.

    Pour parler de ce groupe, l'auteur reprend un schéma narratif a priori classique. En effet, il déroule les ateliers d'un point de vue chronologique. Mais ce qui fait la force de son récit, c'est la multiplication des points de vue, à la fois par les changements de narrateurs et par l'introduction des produits de ces rencontres. Des textes s'intercalent donc à cette histoire et nous permettent de mieux comprendre les personnalités de chacun et de mieux cerner aussi ce qui va les lier lors de ces mois.

    "On a tous été très secoués. Par toutes les histoires. Les fausses. Les vraies. C'est comme si nous avions été projetés à l'intérieur d'un film très réaliste."

    Comme vous vous en doutez, j'ai beaucoup aimé cette construction et cette approche progressive de la psyché des héros. Chacun apporte sa pierre à l'édifice de ce groupe et aucun ne se démarque des autres. Ce qui conforte cette idée d'unité proclamée par le titre.

    C'était un pari risqué de faire vivre et évoluer autant de "voix"différentes en si peu de pages. Mais Jean-Philippe Blondel se révèle à la hauteur de ce défi. Non seulement chacun des monologues a son identité mais il en va de même de chacun des textes proposés dans l'atelier.

    De plus, j'ai apprécié la mise en abyme entre sa situation et celle vécue par son double, François Roussel.  Et ce traitement de la peur de la panne, propre à tout écrivain.

    Bref, vous l'aurez compris: si vous souhaitez comme moi participer à un atelier d'écriture ou si vous aimez les histoires à la fois humanistes et sensibles, ce roman est pour vous! Ne serait-ce que pour le plaisir de découvrir la petite musique de son auteur.

    "Des vers luisants. Voilà. Ils sont mes vers luisants. Ceux qui éclairent par intermittence le cimetière de ma mémoire."

    Actes Sud Junior, 2017, 125 pages

  • La Coloc de Jean-Philippe Blondel

    La Coloc

    de

    Jean-Philippe Blondel

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    "Give me a second/I need to get my story straight. C'est le début de la chanson We are young de Fun, qui me tourne dans la tête depuis un bon moment-et c'est exactement ce que je dois faire. Remettre de l'ordre dans mes idées, dans mon récit. C'est ce dont j'ai besoin, après l'année qui vient de s'écouler. Il s'est passé tellement de choses-je ne sais pas par quel bout dérouler la pelote. Quand je regarde ma vie, en ce début juillet, et ce qu'elle était il y a un an, je n'en reviens pas. J'ai accompli ma révolution. Pourtant, comme toutes les révolutions astrales, je me retrouve un an après à mon point de départ. Mais je sais que ce n'est que temporaire, que le voyage va reprendre, et vous savez quoi? J'ai hâte."

    Romain Seurat, seize ans, revient sur son année de 1ère L.

    Jusqu'à son entrée dans cette classe, il avait vécu dans un petit village loin de tout avec ses parents. Après avoir abandonné la solution de l'internat au milieu de l'année de seconde, il se levait très tôt et prenait le bus pour se rendre dans le lycée de la ville.

    Mais, voilà, sa grand-mère est morte en mai...Et elle a laissé en plein centre un appartement de cinq pièces.

    L'idée de Romain: s'y installer tout seul et trouver des colocataires.

    Une idée qui, malgré l'opposition de sa mère, fait progressivement son chemin...

    Et, très vite, notre héros se retrouve installé avec deux garçons de son âge. Deux personnalités complètement opposées a priori: d'un côté, le geek au look improbable, de l'autre, l'adolescent populaire, celui que tous veulent comme ami ou amoureux.

    Mais, justement, cette année, Romain va oublier tous ses a priori....Et faire quelques rencontres décisives.

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    Jean-Philippe Blondel appartient à ces auteurs dont j'aime retrouver régulièrement la petite musique. Et là, une fois encore, je me suis laissée happer par son style si vivant et si sensible.

    "J'avais lu ce terme dans un bouquin qui traînait sur le canapé quelques jours plus tôt. Un roman d'un écrivain américain, Kerouac, dont je n'avais jamais entendu parler [...]Je l'avais ouvert au hasard. Il y était question des moments de grâce dans l'existence. De ces instants où, soudain, tout s'illumine en soi et autour de soi-parce qu'on trouve une cohérence, parce qu'on comprend son rôle dans l'univers. Un satori, ça s'appelle, apparemment."

    De satori, il en est question dans ce roman d'apprentissage, dans cette éclosion d'un jeune adolescent.

    Quand on fait sa connaissance dans les premières pages, Romain ne se démarque pas de ses congénères. Comme eux, il aspire à être populaire, reconnu. Comme eux, il assiste impassible aux moqueries dirigées contre ceux qui sortent un peu de la norme. Comme eux, il aimerait avoir une copine.

    Mais cette coloc qu'il propose et qui, après moult débat enflammés, remporte l'adhésion de ses parents, va changer son regard et lui permettre de s'accepter comme il est.

    De la confiance, il va en gagner. Mais après quelque satori, quelques déceptions aussi, quelques remises en question...

    Car cette année-révolution ne va pas être un long fleuve tranquille..

    On s'attache à ce narrateur qui, forcément, nous rappelle nos 16 ans. Et on suit avec beaucoup d'intérêt sa 1ère L.

    Malgré ses qualités indéniables, je dois cependant souligner quelques défauts de cet ouvrage.

    A commencer par le couple formé par les parents de Romain. En 145 pages, il y avait déjà tellement de thèmes à brasser autour de cette évolution que je me demande s'il était adéquat de développer en parallèle le sujet des désillusions conjugales. Même si le héros ouvre les yeux sur plein de choses, cela fait peut-être un peu trop...Ou alors, j'aurais préféré quelques chapitres en plus pour développer ce ressort d'intrigue.

    De même, je n'ai pas été convaincue par les paragraphes finaux. J'aurais souhaité que le livre se clôture sur "Il y a un an, j'étais un rêveur. Aujourd'hui, je suis réalisateur. Et scénariste aussi". Une belle conclusion à ce récit de douze mois décisifs. Les ajouts ouvrent, au contraire, des perspectives (peut-être pour une suite?) et j'apprécie quand les choses ne restent pas en suspens.

    Bref, vous l'aurez compris: en dépit de ces quelques bémols, La Coloc reste un roman qui se dévore et où on retrouve avec joie les mots à part de Jean-Philippe Blondel.

    Actes Sud, 2015, 145 pages

     

     

  • (Re)play de Jean-Philippe Blondel

    (Re)play

    de

    Jean-Philippe Blondel

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    "Clément s'est penché vers moi en sortant du cours de maths. Il m'a lancé:

    -Tiens,au fait, j'ai parlé avec le documentaliste ce matin. Tu sais quoi? Il paraît que Franck Ménard va venir au lycée donner une conférence sur l'état de la presse rock en France.

    Je n'ai rien répondu. J'ai fait semblant de ne pas être intéressé. C'est là qu'il a lancé l'estocade.

    -Il paraît que cela se finira par un concert. Enfin, il écoutera quelques morceaux de deux ou trois groupes de l'établissement, quoi. Dommage que les Frontlights se soient séparés."

    Benjamin, un adolescent de dix-sept ans, vient d'apprendre qu'une des sommités du rock allait se déplacer dans son lycée. L'année dernière, cette nouvelle aurait revêtu tellement d'importance. Mais là, maintenant qu'il est brouillé avec Mathieu et Clara, maintenant que leur groupe les Frontlights s'est dissous, à quoi bon?

    Et si cette visite lui donnait l'occasion de rejouer son passé?

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    Grâce à Claire, une de mes collègues, cela fait maintenant plus d'un an que j'ai découvert Jean-Philippe Blondel. J'ai adoré Blog et 06h41, j'ai trouvé beaucoup de qualités à Accès direct à la plage et je suis passée à côté de This is not a love song (je n'en ai d'ailleurs pas parlé ici).

    Comme la thématique de cet ouvrage pour adolescents me plaisait, je me suis décidée à me lancer dans (Re)play. Et dès les premières pages, la magie de cet auteur a opéré. J'ai reconnu sa petite musique si particulière, ses réflexions si justes et si sensibles sur les relations, sur les transformations de vie...

    En début de seconde, Benjamin a rencontré Mathieu. Très vite, ils sont devenus amis. Leur relation a duré très exactement dix-huit mois.

    "Un an et demi à passer des heures avec quelqu'un. Un an et demi à penser que, pour la première fois, on a un ami. Un ami à qui on confie tout ce qu'on n'aurait jamais pensé confier. La trouille qui prend au ventre quand on pense à l'avenir et à ce qu'on est censé devenir. Les films qui émeuvent tellement qu'on ne peut pas s'empêcher de refouler les larmes en regardant fixement le plafond du cinéma. L'impression, parfois, d'être au fond du trou. Le sentiment de l'inutilité et l'impatience dans les jambes."

    Ensemble, ils se sont lancés dans la musique. Ensemble, ils ont fondé le groupe Frontlight. Ensemble, ils ont recruté Max comme batteur. Ensemble, ils ont engagé Clara.

    Clara, la jeune fille qui les a séparés et qui a fait connaître à Benjamin les affres du premier amour non partagé.

    La venue du très célèbre critique de rock Franck Ménard (je lui ai reconnu quelques ressemblances avec Philippe Manoeuvre) permet à ses deux anciens amis de renouer et de donner une seconde chance à leur "carrière" musicale.

    Elle offre également la possibilité à Benjamin de se découvrir une vocation de parolier. Grâce au documentaliste de son établissement scolaire, il se lance dans l'écriture des chansons de leur groupe. Une façon d'exorciser sa non-idylle avec Clara et d'évoluer.

    J'ai vraiment apprécié cette histoire toute simple (peut-être que certains aspects de l'intrigue auraient mérité néanmoins d'être un peu plus fouillés). Mais qui évoque de façon tellement vraie l'amitié, l'amour, la difficulté d'avancer, de se lancer, d'oublier ses préjugés...Et qui se révèle aussi un bel hommage au rock.

    "L'écriture, ça n'a rien à voir avec la musique, finalement. L'essence de la musique, c'est le groupe, l'orchestre, la bande. L'essence de l'écriture, c'est l'inverse. C'est peut-être pour cela que l'une a besoin de l'autre."

    Bref, vous l'aurez compris: je vous recommande ce court roman qui parle si bien de l'état adolescent, des sentiments et de la musique. Je pense que je ne tarderai pas à ouvrir une autre œuvre de Jean-Philippe Blondel. Si vous avez des conseils, n'hésitez pas...

    Et pour conclure ce billet, je vous laisse un lien vers Because the night de Patti Smith. Un morceau que je ne verrai plus désormais de la même façon.


    Actes Sud Junior, 2011, 125 pages, 10 €