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douardenez

  • Lucky Losers de Laurent Malo

    Lucky Losers

    de

    Laurent Malot

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    « Sean Kinsley, dix-sept ans, à moitié anglais : c’est moi. On m’accuse d’être responsable du foutoir qui a régné au printemps dernier ; je plaide pour le concours de circonstances. A la limite, je veux bien assumer le rôle de détonateur, mais si mon père n’avait pas été surpris par ma mère avec un autre homme, si aucun court-circuit n’avait réduit l’institut Balzac en cendres et si les ateliers d’Arincourt n’avaient pas annoncé un plan social, est-ce qu’on en serait arrivés là ? »

     Lorsque son père a été découvert par sa mère en compagnie d’un autre homme, le destin de Sean Kinsley a été bouleversé. Sa mère a quitté son père et est repartie à Douarnenez, dans la ville où elle avait grandi. Sa sœur a suivi. Et finalement, son père s’est également installé en Bretagne avec son fils.

    Une nouvelle vie débute donc pour ce dernier. Malgré les peurs initiales, Sean se fait très vite trois amis : Antoine, Rémy et Kevin. Tout semble aller pour le mieux quand l’autre lycée de la ville, celui des riches, brûle. Pour finir leur scolarité, les élèves doivent donc intégrer l’établissement de notre héros. L’occasion pour ce dernier de tomber raide dingue amoureux de la sublime Camille d’Arincourt.

    Son rapprochement avec elle ne plaît pas du tout à une bande de fils à papas. Très vite, des tensions émergent. Et Sean se retrouve à lancer un défi. Il a un mois avec sa bande d’amis pour apprendre à les battre en natation, en équitation et en aviron.

    Il était loin de se douter que ce défi dépasserait les simples limites du lycée. Et deviendrait une sorte de symbole des affrontements sociaux autour des plans de licenciement.

    En un mois, tout va donc basculer…Dans la vie de Sean. Comme dans celle de son entourage. Ou des autres habitants de Douardenez.

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    Le port de Douardenez

    J’ai été immédiatement attirée par le titre de ce roman et par cette couverture colorée.

    Dès le début, on est happés par les premières lignes. Sean Kinsley nous parle de son année de première littéraire. Dans son nouveau pays. Dans sa nouvelle ville. Dans son nouveau lycée. En effet, nous sommes conviés à passer neuf mois en sa compagnie. Neuf mois importants où il va connaître de nouveaux amis, son premier amour et réussir à s’affirmer.

    « Ce n’est pas moi qui ai fait sortir les élèves dans la cour, c’est l’injustice qui a frappé une fois de trop. Vous voulez savoir quand on rentrera en classe ? Quand le monde sera redevenu juste. »

    L'aspect roman d’apprentissage est bien traité. Sean est un gentil « loser ». Le genre de garçon qui perd complètement les moyens devant les filles qui l’impressionnent et dit tout ce qu’il ne faut pas. (Le premier coup de fil à sa dulcinée est mémorable). Le genre de garçons aussi qui est toujours là pour soutenir les siens envers et contre tout. On rit de et avec lui, on s’attache et on assiste avec beaucoup de plaisir à sa transformation, non sans heurts. D’un garçon plutôt réservé, on le voit devenir une sorte de leader malgré lui.

    « -Sean Kinsley ?

    -Oui ?

    -Si un jour tu fais de la politique, je vote pour toi. »

     A cet aspect initiatique se superpose un versant lutte des clans. Dans la ville de Douardenez, les clivages sociaux sont très prégnants. Deux mondes s’opposent et le lycée va devenir le lieu de leur collision. Très vite, le défi des « Lucky Losers », l’équipe de Sean, devient le reflet voire le symbole de toute la lutte des prolétaires contre les riches. Cette dimension de comédie sociale à la Full Monty ou à la Ken Loach m’a beaucoup plu. Laurent Malo aborde avec beaucoup de talent des problématiques sociétales telles que le chômage, le divorce…Mais il le fait toujours avec un regard décalé. Même si le sujet se fait grave, l’humour est toujours sous-jacent. Et j’ai aimé cette joie dans la tempête. Cette élégance face aux drames de la vie.

    « Je me suis promis, à cet instant, de ne plus croire qu’en une chose : leur courage de se battre. […] Ils étaient tous les trois mes guerriers, j’étais leur coach, on était la Team Losers. »

    Un des autres atouts de cet ouvrage réside dans les personnages. L’auteur nous propose toute une galerie de protagonistes hauts en couleurs et bien campés. Un peu, comme notre héros, on n’arrive pas toujours à bien les cerner et j’ai apprécié ce flou. Un flou qui donne encore plus de véracité à la narration du point de vue de Sean. Ce qui reste mystérieux pour lui le demeure également pour nous lecteurs.

    Les pages se tournent toutes seules, le ton reste vif, la légèreté apparente se pare de gravité et déjà nous devons quitter Sean et les siens. A REGRET. J'aimerais beaucoup les retrouver dans un prochain volet, à la manière de la série des Comment j'ai d'Anne Percin.

    Bref, je vous recommande la lecture de ce joli roman pour adolescents engagé, drôle et bien mené.

    Albin Michel Jeunesse, 2016, 297 pages