La Bobine d'Alfred
de
Malika Ferdjoukh
"Un orage violent, inattendu, éclata en pleine mer dix minutes après notre départ. Une tempête musclée qui hissait notre bateau, le roulait, et le couchait, le relevait encore, des vagues solides qui donnaient l'impression de chevaucher une meute préhistorique réveillée"
Un homme et son épouse débarquent sur une île où l'homme est visiblement attendu par une vieille femme. Alors qu'il lui rend visite et qu'il doit attendre qu'elle accepte de le recevoir, il revient sur l'été de ses 16 ans, l'été 1964.
Cet été-là, Harry Bonnet a eu l'exceptionnelle chance d'accompagner son père, Gustave, à Los Angeles. En effet, alors qu'il venait d'être licencié d'un restaurant montmartrois, ce cuisinier hors pair, fan de ciné à ses heures perdues, a été engagé par Lina Lamont, la célèbre actrice du temps du muet.
Dans la Cité des anges, Harry partage ses loisirs entre l'obtention de son permis, ses virées en automobiles, ses séances de cinéma et ses rencontres avec des starlettes.
Puis, un soir, il se cache dans la voiture qui emmène son père sur un tournage secret, dirigé par un certain Albert Hall. Bien vite, il se rend compte que le réalisateur est en réalité Alfred Hitchcock qui essaie de porter à l'écran Mary Rose, une pièce de J.M.Barrie.
Commence alors une merveilleuse aventure pour le jeune homme...Mais sa curiosité pourrait bien lui porter préjudice.
Vous vous souvenez sans doute que j'avais découvert le roman Quatre soeurs de Malika Ferdjoukh au mois de juin. Et que j'avais succombé au charme de l'histoire et à la plume de l'auteure.
Aussi, j'attendais beaucoup de cette LC proposée par ma copinaute Bianca. D'autant plus qu'Alfred Hitchcock figure parmi mes réalisateurs préférés.
Je dois reconnaitre que ce roman lui rend un bel hommage. Ne serait-ce que par les titres des chapitres, tous issus de sa filmographie. Et par certaines scènes directement influencées par des passages cultes de ses long métrages (je fais notamment référence à la scène-poursuite sur la colline d'Hollywood qui rappelle inévitablement celle du Mont Rushmore dans l'excellent Mort aux trousses).
Je ne connaissais pas non plus l'anecdote qui a inspiré l'intrigue de cet ouvrage, à savoir la volonté du réalisateur d'adapter sans succès pendant 40 ans cette pièce de J. M. Barrie.
De même, pour les plus jeunes, la Bobine d'Alfred permet d'en apprendre plus sur la personnalité de ce génie du cinéma, son perfectionnisme, sa tendance à vampiriser toutes ses actrices, l'influence de sa femme Vera...
J'ai beaucoup apprécié l'atmosphère surannée qui se dégage de ces pages. On a l'impression de se retrouver plongés dans les années yéyé et Malika Ferdjoukh démontre une fois encore son talent à reconstituer des ambiances.
Mais je n'ai pas du tout accroché à l'intrigue. Même si parfois elle m'a fait sourire, je l'ai trouvée trop invraisemblable. On a du mal à croire que tout l'avenir d'un film réside dans une seule bobine. Et encore moins que cette fameuse bobine soit confiée au fils du cuisinier du tournage.
Je ne m'attarderai pas non plus sur la fin qui m'a parue encore plus improbable...
Bref, vous l'aurez compris: même si cette œuvre évoque avec talent le réalisateur des Oiseaux et le Los Angeles du début des années 60, je suis passée à côté en raison de son intrigue principale.
L'Ecole des Loisirs, 2014, 175 pages
Billet dans le cadre d'une LC avec Bianca