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la gueule du loup

  • La Gueule du loup de Marion Brunet

    La Gueule du loup

    de

    Marion Brunet

     

    marion brunet, la gueule du loup, exprim', sarbacane, roman pour adolescents, roman initiatique, dans le désordre

    "Le ciel est boursouflé de nuages noirs. Torrentielle, la pluie cingle les arbres, les lianes, et le visage hagard des deux jeunes filles. La nuit les enroule, opaque, tandis qu'elles montent par le sentier boueux.

    Elles essaient de courir mais glissent, leurs jambes molles, affaiblies par la panique. Elles ne pensent plus. Terrifiées, elles grimpent maladroitement le long des talus du cimetière."

    Après le bac, Mathilde et Lou ont décidé de partir en vacances.

    "Une vraie pause avant la fac, Lou! On lâche les connards du lycée! Nous deux, en maillot sur une pirogue à balancier, au milieu d'un lagon de pub pour gel-douche!"

    Direction Madagascar, son soleil, sa végétation luxuriante, ses plages, sa faune sous-marine...

    Mais, bien vite, derrière cette image de carte postale, une autre réalité se fait jour. Au fil de leur périple, les deux amies découvrent la grande misère qui règne partout.

    Voyage initiatique donc...

    Qui bascule lorsque leur chemin croise celui du tatoué.

    "[Mathilde] ne devine pas qu'il existe [une autre sorte d'hommes]. Qui n'ont pas la douceur ou qui l'ont définitivement perdue. Qui blessent avec plaisir et n'en gardent aucun regret. Elle pense que ceux-là n'existent que dans les pays en guerre ou dans les livres, et elle n'a plus l'âge des contes de fées."

    Pourtant, ce tatoué là, mi-ogre, mi-loup, va se lancer à la poursuite de ses deux nouvelles proies.

    Et s'il les emmenait au bout de l'enfer?

    marion brunet, la gueule du loup, exprim', sarbacane, roman pour adolescents, roman initiatique, dans le désordre

    Lors du salon du livre jeunesse de Montreuil, j'ai eu la chance de pouvoir me plonger dans le roman Dans le désordre de Marion Brunet, à paraître début janvier chez Sarbacane. Et je me suis prise une immense CLAQUE! De celles qui vous remuent, de celles qui vous tiennent éveillée jusqu'à trois heures du matin, de celles qui vous font pleurer, de celles qui vous indignent, de celles qui vous accompagnent longtemps...Bref, soyez certains que je vous reparlerai de ce titre qui comptera forcément en 2016!

    Sur ma lancée, j'ai décidé d'emprunter La gueule du loup dont j'avais entendu du bien.

    Dès les premières pages, on est immergés dans une ambiance digne d'un film d'horreur. Deux filles courent dans la pénombre, affolées...Et tentent désespérément d'échapper au loup qui les poursuit.

    Puis, fondu au noir et retour sur ce qui les a amenées dans cette situation.

    Pour nous conter le destin de ces jeunes femmes parties pour des vacances idylliques au bout du monde, l'auteur entremêle habilement plusieurs types de narrations.

    Une manière de mieux nous permettre de connaître Mathilde et Lou, de mieux percevoir leur évolution.

    Une manière aussi de faire monter habilement la tension. En effet, chaque chapitre débute par un discours en italique à la première personne du singulier. Une victime (dont on ignore pendant longtemps l'identité) nous parle de son bourreau et de sa captivité.

    Et si c'était l'une des deux bachelières?

    A ce schéma narratif fouillé s'ajoute un mélange des genres. Roman d'apprentissage, roman d'horreur, roman psychologique, thriller, conte, récit de voyage...constituent autant de qualificatifs qu'on pourrait donner à cet ouvrage.

    On est sans cesse surpris, bousculés, poussés hors de nos repères, à la manière des deux héroïnes.

    Ce qui rend cette lecture haletante, différente...

    Les pages se tournent toutes seules, tant on veut savoir, découvrir, fuir...

    Mais peut-on s'échapper de la gueule du loup? Et le faire sans abandonner un morceau de soi?

    Au milieu de cette course-poursuite effrénée, de ce basculement forcé dans l'âge adulte, émergent quelques ilots de pure poésie. Des morceaux de lumière, échappés du carnet rouge de Mathilde, et qui résistent à la noirceur implacable.

    "Nuits blanches d'ivresse somptueuse, rire en bouche, quand tu prends la vie dans le regard des autres"

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai beaucoup aimé ce livre, à la fois complexe, dense et prenant. Le style de Marion Brunet accomplit décidément des merveilles et ce n'est pas la dernière fois que vous en entendrez parler ici.

    Sarbacane, collection Exprim', 2014, 229 pages