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marion brunet

  • Sans foi ni loi de Marion Brunet

    Sans foi ni loi

    de

    Marion Brunet

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    Il est des matins qui ont le goût du quotidien et des ces gestes répétés à l'infini.
    Il est des matins qui bousculent nos repères et bouleversent nos existences.
    C'est ce qui arrive à Garrett quand Ab Stenson, la hors-la-loi, débarque chez lui et l'enlève.

    Débute alors un long voyage pour ces deux âmes d'apparence opposées. Un voyage aux allures de fuite. Comme si chacun d'entre eux voulait échapper à la vie-prison qui l'attendait.
    Mais peut-on vraiment préserver sa liberté face à la sauvagerie et au jugement des autres?

    J'avais envie de voyager hier après-midi et d'oublier cette pluie mélancolique du dimanche. Je ne pouvais donc pas trouver meilleur choix que ce livre qui m'a emportée directement au Far West.

    Dès les premières lignes, le récit prend des allures de témoignage. On sent que le narrateur revient sur un événement capital : sa rencontre et sa relation avec Ab Stenson. Une jeune femme indépendante, vêtue comme un homme, à la gâchette redoutable et redoutée et dont le mystère continue de le fasciner.

    À cet aspect testimonial s'adjoint très vite une dimension d'apprentissage. Apprentissage d'une manière d'être ensemble mais surtout apprentissage pour Garett de ses envies, de ses besoins et de son identité même. Comme si son rapt, paradoxalement, lui ouvrait des horizons insoupçonnés. Cette réflexion autour de la liberté et de la définition de son essence m'a beaucoup intéressée.

    En outre, Marion Brunet intègre à ces deux ressorts principaux de l'intrigue tous les codes ou les acteurs traditionnels du western. Notre route croise ainsi des marshalls, un tenancier de saloon, un esclave... Des coups de feu retentissent. Éclats de duels ou de règlements de compte...
    Pour autant, aucun de ces ingrédients attendus du genre ne sonnent faux. Au contraire, ils contribuent à densifier la narration et à lui donner encore plus de relief.

    J'ai été très sensible à l'atmosphère de ce texte. Les phrases palpitent d'impressions sonores et nous offrent des panoramas dépaysants. Juste par le choix de quelques mots resserrés qui suggèrent tant.

    De plus, la galerie des personnages se révèle très aboutie. Même si j'ai regretté que certains méchants soient sans doute un peu trop appuyés, j'ai apprécié les portraits en creux des héros et de leurs proches, entre lumières et ombres.

    Bref, vous l'aurez compris: Sans foi ni loi constitue une lecture très plaisante, aux personnages archétypes bien campés, aux rebondissements maîtrisés et à l'ambiance réussie. Il confirme tout le bien que je pense de Marion Brunet dont j'avais tant aimé le sublime Dans le désordre.

     

     

     

     

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  • Dans le désordre de Marion Brunet

    Dans le désordre

    de

    Marion Brunet

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    "La rumeur est immense et fait vibrer Jeanne, comme un début de fièvre. Les frissons lui remontent le long du dos, griffent sa nuque. Quelque chose va se passer bientôt, quelque chose qui gronde et menace. Elle le sait, sûr et certain. Ça sent la rage et la sueur des énervés. Des filles frappent sur des rideaux en fer, en rythme, avec des morceaux de bois arrachés à une palissade: un tambour oppressant, le blam-blam-blam qui accélère lentement-une annonce. Le ciel s'est assombri, la nuit est proche, comme l'hiver."

    Dans le désordre d'une manifestation, Jeanne, Basile, Tonio, Marc, Lucie, Jules et Alison vont se rencontrer. Sept personnages aux destins bien différents qui vont décider d'emménager dans un squat et qui, au fil des mois, vont former une famille. De celle qu'on choisit et qui nous suit pour la vie.

    "Vivre en meute, avec les copains...Aucun d'entre eux n'a été préparé à cela: élevés dans le respect de la propriété, dans la peur des lois, dans l'idée de passer de seul à plusieurs c'est fonder une famille. Payer son loyer, travailler.  Et pourtant [...] ils n'attendaient que cela."

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    En décembre, je vous avais parlé d'un autre ouvrage de Marion Brunet, Dans la gueule du loup, qui m'avait fait passer un bon moment. Mais, déjà, je vous annonçais mon billet autour de ce livre qui m'avait tellement enthousiasmée.

    Quelques semaines après, je suis toujours K.O. Car Dans le désordre constitue un roman-uppercut. De ceux qui vous ébranlent. De ceux qui vous secouent. De ceux qui vous renversent sous le poids d'un trop plein d'émotions. De ceux qui vous accompagnent longtemps. De ceux qui vous révoltent.

    De révolte, il en est bien entendu beaucoup question. C'est dans la révolte que naissent les relations entre nos sept protagonistes. C'est la révolte qui leur sert de ferment de groupe. C'est la révolte qui les habite chaque jour, à des degrés plus ou moins élevés.

    Révolte contre les institutions/Révolte contre ce monde devenu fou.

    On assiste, page après page, à leurs combats quotidiens. On apprend beaucoup de choses sur ceux qui ont osé dire non (les événements au Chili en 1973). Et forcément, leur action questionne la nôtre.

    Cependant, cet ouvrage ne se résume pas seulement à cette dimension sociale et révolutionnaire. Je le définirai également comme une ode à la vie, dans toute sa beauté et sa cruauté.

    Cela tient sans doute à l'incroyable galerie de personnages que Marion Brunet a créée Il est parfois difficile de s'attacher aux protagonistes quand ils sont trop nombreux. Et là, l'auteur a su instaurer un équilibre entre chacune de leurs sept identités. On les voit tous évoluer avec intérêt, on rit avec eux, on se bat avec eux, on espère avec eux, on aime avec eux...

    Car Dans le désordre est aussi un immense cri d'amour.

    Un cri d'amour familial. Chacun a déjà ses propres mères, pères, frères, sœurs mais ils ne savent pas les apprécier comme il faut. Maladresse/décalage/pudeur/violence...Autant de raisons qui les poussent à aller planter leurs racines auprès d'autres. Qu'ils auront choisi. Et qui les feront se sentir bien. C'est beau d'assister à l'éclosion de ces liens entre nos sept. Jeanne/Basile/Tonio/Alison/Marc/Jules et Lucie: autant de branches sous lesquelles chercher refuge. Quand le monde va mal et vous malmène ou que, tout simplement, vous voulez fêter Noël.

    Et un cri d'amour tout court. Dans cette première manifestation, Jeanne et Basile se sont remarqués. Débute entre ces deux une valse-hésitation. Leur idylle donne lieu à des passages magnifiques sur la passion et le désir.

    Les pages se tournent toutes seules. Et au détour d'une ligne, Dans le désordre se métamorphose en grand roman du deuil. J'ai pleuré comme rarement car Marion Brunet sait parler avec beaucoup de retenue et de sensibilité de la perte. De l'absence. Du vide. Notamment lors d'une sorte de poésie païenne où le "tu" remplace le "il" ou "elle". Comme si elle voulait elle-même consoler ses êtres de papier.

    Devenus des êtres de chair, des personnes de notre entourage qu'on quitte à regret.

    Bref, vous l'aurez compris: Dans le désordre constitue un roman magnifique qui comptera forcément en 2016. J'espère que vous vous lancerez dans cette aventure livresque incroyable et que vous partagerez mon immense coup de cœur.

    Editions Sarbacane, collection Exprim', 2016, 251 pages

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  • La Gueule du loup de Marion Brunet

    La Gueule du loup

    de

    Marion Brunet

     

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    "Le ciel est boursouflé de nuages noirs. Torrentielle, la pluie cingle les arbres, les lianes, et le visage hagard des deux jeunes filles. La nuit les enroule, opaque, tandis qu'elles montent par le sentier boueux.

    Elles essaient de courir mais glissent, leurs jambes molles, affaiblies par la panique. Elles ne pensent plus. Terrifiées, elles grimpent maladroitement le long des talus du cimetière."

    Après le bac, Mathilde et Lou ont décidé de partir en vacances.

    "Une vraie pause avant la fac, Lou! On lâche les connards du lycée! Nous deux, en maillot sur une pirogue à balancier, au milieu d'un lagon de pub pour gel-douche!"

    Direction Madagascar, son soleil, sa végétation luxuriante, ses plages, sa faune sous-marine...

    Mais, bien vite, derrière cette image de carte postale, une autre réalité se fait jour. Au fil de leur périple, les deux amies découvrent la grande misère qui règne partout.

    Voyage initiatique donc...

    Qui bascule lorsque leur chemin croise celui du tatoué.

    "[Mathilde] ne devine pas qu'il existe [une autre sorte d'hommes]. Qui n'ont pas la douceur ou qui l'ont définitivement perdue. Qui blessent avec plaisir et n'en gardent aucun regret. Elle pense que ceux-là n'existent que dans les pays en guerre ou dans les livres, et elle n'a plus l'âge des contes de fées."

    Pourtant, ce tatoué là, mi-ogre, mi-loup, va se lancer à la poursuite de ses deux nouvelles proies.

    Et s'il les emmenait au bout de l'enfer?

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    Lors du salon du livre jeunesse de Montreuil, j'ai eu la chance de pouvoir me plonger dans le roman Dans le désordre de Marion Brunet, à paraître début janvier chez Sarbacane. Et je me suis prise une immense CLAQUE! De celles qui vous remuent, de celles qui vous tiennent éveillée jusqu'à trois heures du matin, de celles qui vous font pleurer, de celles qui vous indignent, de celles qui vous accompagnent longtemps...Bref, soyez certains que je vous reparlerai de ce titre qui comptera forcément en 2016!

    Sur ma lancée, j'ai décidé d'emprunter La gueule du loup dont j'avais entendu du bien.

    Dès les premières pages, on est immergés dans une ambiance digne d'un film d'horreur. Deux filles courent dans la pénombre, affolées...Et tentent désespérément d'échapper au loup qui les poursuit.

    Puis, fondu au noir et retour sur ce qui les a amenées dans cette situation.

    Pour nous conter le destin de ces jeunes femmes parties pour des vacances idylliques au bout du monde, l'auteur entremêle habilement plusieurs types de narrations.

    Une manière de mieux nous permettre de connaître Mathilde et Lou, de mieux percevoir leur évolution.

    Une manière aussi de faire monter habilement la tension. En effet, chaque chapitre débute par un discours en italique à la première personne du singulier. Une victime (dont on ignore pendant longtemps l'identité) nous parle de son bourreau et de sa captivité.

    Et si c'était l'une des deux bachelières?

    A ce schéma narratif fouillé s'ajoute un mélange des genres. Roman d'apprentissage, roman d'horreur, roman psychologique, thriller, conte, récit de voyage...constituent autant de qualificatifs qu'on pourrait donner à cet ouvrage.

    On est sans cesse surpris, bousculés, poussés hors de nos repères, à la manière des deux héroïnes.

    Ce qui rend cette lecture haletante, différente...

    Les pages se tournent toutes seules, tant on veut savoir, découvrir, fuir...

    Mais peut-on s'échapper de la gueule du loup? Et le faire sans abandonner un morceau de soi?

    Au milieu de cette course-poursuite effrénée, de ce basculement forcé dans l'âge adulte, émergent quelques ilots de pure poésie. Des morceaux de lumière, échappés du carnet rouge de Mathilde, et qui résistent à la noirceur implacable.

    "Nuits blanches d'ivresse somptueuse, rire en bouche, quand tu prends la vie dans le regard des autres"

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai beaucoup aimé ce livre, à la fois complexe, dense et prenant. Le style de Marion Brunet accomplit décidément des merveilles et ce n'est pas la dernière fois que vous en entendrez parler ici.

    Sarbacane, collection Exprim', 2014, 229 pages