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  • Mort à Devil's Acre de Anne Perry

    Mort à Devil's Acre

    de

    Anne Perry

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    "L'agent de police Withers éternua. En ce mois de janvier glacial, le vent venu de la Tamise s'engouffrait en hurlant dans la ruelle sombre. L'aube ne poindrait que dans trois heures, et les becs de gaz des rues avoisinantes éclairaient à peine ce passage lugubre, encombré d'ordures, situé à la limite de Devil's Acre, à l'ombre de Westminster"

    Un médecin est retrouvé poignardé et émasculé dans les rues de Londres.

    L'inspecteur Pitt, chargé de l'enquête, apprend très vite qu'un autre homme a été découvert récemment, éliminé selon le même mode opératoire. Il s'agirait d'un ancien domestique qu'il avait croisé lors d'une précédente enquête chez les Ballantyne et qui, après avoir été chassé, exerçait le métier de souteneur dans le quartier de Devil's Acre.

    Aucun lien ne semble relier ces deux cadavres. Et la situation se complique encore quand un Lord est assassiné de la même manière.

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    Mort à Devil's Acre constitue la septième aventure des investigations de Thomas et de Charlotte Pitt. Cette fois-ci, notre enquêteur se retrouve confronté à un serial killer. Mais sans avoir aucune idée du lien qui peut justifier le choix de ses victimes. D'un côté, un souteneur, ancien valet dans une grande famille et de l'autre, deux hommes d'apparence très respectable: un médecin et un Lord. En fouillant dans leur passé, il va très vite se rendre compte que les trois fréquentaient ou tenaient les maisons de plaisir de Devil's Acre.

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    Le quartier de Devil's Acre

    Cet ouvrage permet donc à Anne Perry d'évoquer un sujet fort tabou de la société victorienne. Comme le rappellent plusieurs protagonistes, la capitale comptait à cette époque 85 000 prostitués. A la suite de Thomas, on découvre les lupanars et on apprend avec étonnement que certaines femmes de la bourgeoisie ou de la noblesse, par ennui ou désœuvrement, acceptaient de vendre leurs charmes.

    J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver le général Ballantyne. Un homme d'un ancien temps qui tente d'évoluer. Un homme qui va, malgré lui, succomber aux charmes de Charlotte.

    Comme beaucoup de mes amies de LC, je n'ai pas apprécié l'évolution de l'héroïne. Alors que je l'ai toujours considérée comme une femme très intelligente, forte, avertie, j'ai eu du mal avec le côté midinette qu'elle adopte quand elle est en présence du général.

    De plus, l'intrigue policière m'a semblé traîner en longueur. Pitt peine à rassembler des indices. Il va de fausse piste en fausse piste. Et, ce n'est qu'à la toute fin qu'il commence à entrevoir la solution.

    Un solution que je n'avais pas du tout anticipée et qui, comme souvent dans cette série ou celle des Monk, débouche sur un dénouement dramatique intense et très prenant.

    Bref, vous l'aurez compris: Mort à Devil's Acre constitue un cru agréable. Une fois encore, Anne Perry démontre son talent à ressusciter l'époque victorienne. Mais j'ai moins adhéré au visage qu'elle donne à Charlotte et à l'intrigue policière qu'elle a concoctée.

    Editions 10/18, collection "Grands détectives", 286 pages

    Billet dans le cadre d'une lecture commune avec Bianca, Céline, Fanny, Sybille et Madcat et des challenges Anne Perry, God save the livre 2013, Victorien et La plume au féminin 2013challenge la plume au féminin.jpg

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  • Et si Virginia Woolf ne s'était pas suicidée?

    Le Jardin blanc

    de

    Stephanie Barron

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    "Octobre 2008, Kent, Angleterre

    Jo Bellamy engagea précautionneusement sa voiture de location dans le rond-point de Slip Road, anticipant de toutes les fibres de son corps l'horrible accident qui n'allait pas manquer de se produire. Comme il ne se produisait rien-par miracle ce tronçon circulaire de chaussée restait libre de chauffards britanniques en cette matinée de fin octobre-elle jeta un regard dans la mauvaise direction, jura à voix basse, puis guetta par-dessus son épaule gauche la première bretelle de sortie de ce cercle particulier de l'enfer"

    Jo Bellamy, une Américaine de 34 ans, est en route pour Sissinghurst, la demeure de Vita Sackville-West. Elle a, en effet, été engagée par les Gray afin de recréer, dans leur propriété, le magnifique Jardin blanc de la romancière.

    Elle espère également trouver dans cette demeure plus d'informations sur son grand-père qui y a travaillé dans sa jeunesse et visiblement, vécu un drame.

    Dans une remise, elle découvre très vite un cahier qui lui aurait appartenu. Mais en l'ouvrant, elle ne reconnaît pas son écriture.

    "N'eût été ce chant d'oiseau, elle aurait pu entrer dans l'eau ce jour-là. Elle cherchait des pierres pour lester ces poches, quelque chose de lourd, elle aurait pu les glisser dans ces bottes. [...]

    L'oiseau ne s'envolait pas. Vie! chantait-il. Vita!

    Elle s'abandonna au son pur et liquide, si différent du bourdonnement métallique des moteurs d'avion. Une grande paix se fit, qui emplit les prairies comme une eau transparente. Elle n'entendait plus les voix belliqueuses, accusatrices, vindicatrices. Elle ne sentait plus les traces de plomb sur les doigts de L. Ses propres chairs flasques. Le désespoir sans fond, lourd comme un cercueil.

    Oui, songea-t-elle. Je dois aller voir Vita.

    Et elle jeta les pierres de sa poche."

    Après avoir parcouru quelques fragments de texte, Jo se demande si elle ne serait pas en présence d'un écrit inédit de Virginia Woolf. Un écrit débuté quelques jours après la date officielle de son suicide. Et si la célèbre romancière n'était pas morte le 28 mars 1941?

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    Cela faisait quelque temps que j'avais remarqué ce roman sur la blogosphère. Aussi, quand ma mère l'a reçu en cadeau pour son anniversaire, je n'ai pas tardé à lui emprunter.

    Je connaissais déjà Stephanie Barron pour ses romans policiers autour de Jane Austen (j'avais beaucoup aimé notamment Jane Austen et le révérend).

    Virginia Woolf s'est suicidée le 28 mars 1941. Elle a rempli ses poches de pierre et s'est jetée dans la rivière l'Ouse, tout près Monk's House, sa maison de Rodmell. Elle avait laissé une lettre à son mari

    " J'ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m'en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m'as donné le plus grand bonheur possible. Je ne peux plus lutter, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler (...)"

    Le 18 avril, son corps était retrouvé.

    Stephanie Barron s'est servi de ces trois semaines de décalage entre le drame et la découverte du cadavre pour imaginer une autre alternative que le suicide du 28 mars 1941.

    Tout commence avec Jo Bellamy, une Américaine de 34 ans bien déterminée à élucider les raisons du récent suicide de son grand-père. Dans les papiers retrouvés après son décès, il faisait mention d'une "Dame" et de Knole.

    Elle entend profiter de la mission confiée par les Gray autour du Jardin blanc pour découvrir ce qui a poussé son grand-père à fuir cette région et à s'engager très jeune.

    Ces efforts se révèlent très vite couronnés de succès. Elle découvre un cahier intitulé "cahier de Jock" mais comprend très vite qu'il ne s'agit pas vraiment de celui de son aïeul mais sans doute d'un inédit de Virginia Woolf.

    Afin de vérifier son hypothèse, elle fait appel à Peter Llewellyn, un expert des anciens manuscrits à Sotheby's. Débute alors une course-poursuite d'Oxford à Cambridge, en passant par Charleston, Monk's House...pour tenter de trouver la fin de ce cahier et comprendre les derniers jours de la romancière.

    J'ai vraiment apprécié cette partie de l'intrigue, dans la lignée de Possession d'AS Byatt. On suit ainsi Jo et Peter dans des lieux fascinants: la Bodléienne à Oxford, la maison des Woolf à Rodwell, celle de Vanessa Bell à Charleston..Cet itinéraire permet de mieux cerner la personnalité de Virginia Woolf et de ses proches. Et donne très envie d'en apprendre encore plus sur elle.

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    Le Jardin blanc de Vita Sackville-West à Sissinghurst

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    Charleston's House, la maison de Vanessa Bell

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    Monk's House, la maison des Woolf à Rodmell

    A chaque étape, correspond une pièce du puzzle. Jusqu'au dénouement final...Un dénouement qui ne m'a pas convaincu. J'ai eu beaucoup de mal à croire à la thèse soulevée par Stephanie Barron.

    De même, je n'ai pas perçu l'intérêt de certaines intrigues annexes: celle entre Jo et Gray, par exemple.

    J'ai aussi trouvé que le style n'était pas toujours à la hauteur du sujet. Les passages du journal intime de Virginia m'ont paru très bien écrits. Mais certains dialogues entre universitaires ou certaines descriptions m'ont franchement déplu.

    Bref, vous l'aurez compris: une lecture en demi-teinte pour moi. Même si j'ai dévoré ce roman, même si j'ai beaucoup apprécié cette visite des hauts lieux de la vie de Virginia Woolf (j'espère la faire prochainement en vrai), j'ai eu du mal à adhérer à certains effets de style ou au dénouement.

    Editions du Nil, 2013, 406 pages, 21 €

     


  • From Notting Hill with Love..actually

    Notting Hill with Love...actually

    de

    Ali McNamara

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    "Je vois mal comment j'aurais pu m'imaginer à la place de Julia Roberts en émergeant du métro bondé: pas l'ombre d'un paparazzi. Deux touristes japonais en train de photographier un taxi noir londonien qui abandonnait là son passager, ça ne comptait pas vraiment"

    Scarlett est une jeune Anglaise de 23 ans qui vit à Stradford-upon-Avon. Elle travaille dans l'entreprise familiale de pop-corn et doit se marier dans quelques mois à un fiancé bien sous tous rapports.

    De plus, elle nourrit une véritable passion pour le cinéma et particulièrement les comédies romantiques. A tel point qu'elle tente de retrouver des similitudes dans sa vie quotidienne avec les films qu'elle affectionne.

    Cet engouement inquiète fortement ses proches. Afin de la guérir de cette obsession, ils décident de la faire partir un mois à Londres. Elle doit garder la maison d'un couple dans le quartier de Notting Hill.

    Après quelques hésitations, Scarlett accepte, bien déterminée à montrer à son entourage "que dans la majorité des cas, le cinéma était une expression tout à fait fidèle de la réalité"

    Et si ces semaines dans la capitale anglaise lui prouvaient qu'elle avait raison?

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    J'ai entendu parler pour la première fois de ce roman sur le blog d'Alice. Comme j'aime bien me plonger en vacances dans des lectures plus légères, je n'ai pas hésité longtemps avant de l'emporter avec moi en Andalousie.

    Scarlett se révèle une héroïne très attachante. Elle a dépassé la centaine de visionnage pour des films comme Coup de foudre à Notting Hill ou Dirty Dancing. Et sa grande connaissance des comédies romantiques fait qu'elle ne peut s'empêcher de trouver (voire parfois de provoquer) des ressemblances entre des scènes cultes et son quotidien.

    S'établit d'ailleurs très vite un jeu entre le lecteur et la romancière. De nombreuses situations ou répliques sont tirées de longs métrages et il nous appartient de découvrir lesquels avant que la réponse ne nous soit donnée par un des personnages ou par l'héroïne elle-même.

    On s'amuser ainsi à dénicher des similitudes avec Coup de foudre à Notting Hill, Nuits blanches à Seattle, Elle& lui, Pretty Woman...

    Cet hommage au 7ème art passe également par l'attribution de noms de personnages emblématiques à certains des protagonistes: Scarlett, les Bond...

    De même, certaines stars de la comédie romantique font leur apparition au fil des pages. On croise ainsi tour à tour Kate Winslet, Hugh Grant, Richard Curtis...

    Même si certaines péripéties paraissent très exagérées, on ne peut s'empêcher d'avoir le sourire aux lèvres. Un peu comme devant son écran télé, quand on assiste à certains retournements de situation invraisemblables.

    Bref, vous l'aurez compris: si on accepte l'intrigue souvent rocambolesque et le dénouement attendu, From Notting Hill with Love...actually se révèle une lecture pétillante à souhait, parfaite pour passer un moment cocooning et qui donne envie de se replonger dans certaines comédies romantiques.

    Editions Milady, 2013, 547 pages

    En bonus, je ne peux résister à l'envie de vous mettre cette vidéo d'une plus belles scènes de Love actually.



    Billet dans le cadre des challenges God save the livre 2013 et La plume au féminin 2013.

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