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des romans américains - Page 2

  • Huit crimes parfaits de Peter Swanson

    Huit crimes parfaits

    de

    Peter Swanson

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    Pour vous faire connaître dans le monde des blogs il y a quinze années, vous avez passé des heures et des heures à peaufiner la liste des huit romans avec les crimes les plus parfaits.
    Puis, vous avez rangé dans un lointain coin de votre mémoire cette liste qui n'a jamais rencontré le succès escompté.
    Jusqu'à cet appel en plein blizzard d'une agente du FBI persuadée qu'un meurtrier s'inspire de votre liste pour tuer.

    Telle est la situation ubuesque que vit notre héros, Malcolm Kershaw, libraire spécialisé en livres policiers, aux abords de la quarantaine. Il va donc se métamorphoser en expert pour tenter de résoudre ce mystère et dissiper tout soupçon qui pourrait peser sur lui.
    Mais peut-on vraiment rivaliser avec l'auteur de crimes parfaits?

    Voici un roman ingénieux qui m'a tenue en haleine pendant toute une journée. Le genre de roman dont on veut absolument savoir la fin. Le genre de roman qui rend hommage aux maîtres du genre qui l'ont précédé.

    A la fois grâce au sujet même de l'intrigue et grâce aux mécanismes narratifs.

    Chaque chapitre nous permet ainsi de creuser un peu plus les pistes et de se perdre dans les méandres de l'histoire. Par un jeu de superpositions d'indices qui nous rapproche et nous éloigne sans cesse de la vérité. Comme dans tout bon whodunit où plane l'ombre d'Agatha Christie.

    Les rebondissements se multiplient, les chausse-trappes aussi. Les ombres du passé reviennent hanter et colorent en noir les nuits de notre héros et l'atmosphère.

    Et déjà voici la fin. Variation autour de maîtres du genre par un auteur dont je lirai avec plaisir d'autres titres.

    Bref, vous l'aurez compris: cet ouvrage se révèle un bon divertissement et un exercice de style habile. Et surtout, il donne envie de se replonger dans les classiques de la littérature policière et dans des films noirs. 

    Gallmeister, 2021, 352 pages, traduit de l'anglais par Christophe Cuq.

  • En attendant le jour de Michael Connelly

    En attendant le jour

    de

    Michael Connelly

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    "Ballard et Jenkins montèrent à la maison d'El Centro Avenue peu avant minuit. C'était le premier appel du service. Il y avait déjà une voiture de patrouille garée devant, le long du trottoir, et Ballard reconnut les deux policiers en tenue. "

    Je ne sais pourquoi mais en mars, j'ai peu lu. Pourtant, j'ai ouvert de nombreux ouvrages mais à chaque fois, je ne pouvais dépasser quelques chapitres. Comme si le refuge des mots se refusait à moi.

    Et puis, hier, j'ai pris par hasard ce Michael Connelly et je me suis évadée dans les nuits de Los Angeles à la rencontre de l'inspectrice Renée Ballard. Et la magie a opéré.

    De Michael Connelly, je ne connaissais que le Poète dont je gardais le souvenir d'une intrigue retorse aux prises avec un redoutable tueur.  Et le souvenir aussi d'une atmosphère poisseuse.

    Cette atmosphère poisseuse, je l'ai très vite retrouvée. Dans ces rondes de nuit où certains flics dissimulent leurs bleus à l'âme. Problèmes de famille, d'alcool, rétrogradation: nombreuses sont les raisons qui les poussent à accepter ces horaires décalés. Et dans leurs tours de garde, ils croisent des affaires sordides sur lesquelles leurs regards s'arrêtent de moins en moins. Armures d'indifférence pour survivre à ces visions du pire.

    Dans ce paysage crépusculaire, l'inspectrice Renée Ballard détonne. Reléguée dans ce service en raison d'un problème avec son ancien chef et d'une trahison de son ex-coéquipier, elle lutte pour pouvoir mener ses enquêtes sans les redonner aux collègues de jour. Son attention va tout particulièrement se porter sur le tabassage d'un prostitué transsexuel et sur le meurtre d'une serveuse dans une fusillade en boite de nuit. Deux investigations distinctes qui vont solliciter toutes ses capacités et puiser sur ses réserves. Mais à trop jouer au cow boy solitaire ne risque t'elle pas de se perdre?

    Description de la ville des Anges la nuit, réflexion sur la condition de flic et de femme flic, portrait d'une héroïne pugnace, ce roman policier emprunte de nombreux chemins. Au fil des pages, on perçoit également toute la maîtrise de son auteur pour tirer petit à petit tous les fils de son intrigue et faire monter le suspense.  Une recette qui transforme vite ce titre en véritable page turner.

    Un page turner que j'ai refermé à regret ce matin. Je me suis d'ailleurs immédiatement précipitée en librairie pour acheter la suite des aventures de Renée Ballard.

    Traduit de l'anglais par Robert Pépin.

    Le Livre de Poche, 2019, 461 pages

  • Papa-Longues-Jambes de Jean Webster

    Papa-longues-jambes

    de

    Jean Webster

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    "Le premier mercredi du mois était un jour parfaitement abominable qu'on attendait dans l'horreur, qu'on supportait avec courage et qu'on se hâtait d'oublier. Ce jour-là, les parquets devaient être impeccables, les chaises sans un grain de poussière, les lits sans un pli. "

     

    Jerusha Abbott, une jeune fille de 17 ans qui préfère répondre au prénom de Judy, n'a jamais connu d'autre horizon que son orphelinat.

    Mais tout change quand un mystérieux bienfaiteur se propose de lui payer ses frais d'université, à condition qu'elle lui adresse une fois par mois une lettre. Sorte de compte-rendu de sa vie et de ses études.

    Ainsi débute une correspondance à sens unique, reflet de tout ce qui habite Judy et de tout ce qui l'anime. Car elle a décidé de faire de ce philanthrope dont elle n'a vu que l'ombre son confident. Son "Papa longues jambes" auquel elle ne dissimule ni ses enthousiasmes ni ses désarrois.
    En entamant cette œuvre, j'avais une crainte : que la structure épistolaire à sens unique de la narration reste trop centrée sur son autrice et ne permette pas de saisir les motivations ou les sentiments des autres personnages. Or, très vite, mes réticences se sont dissipées et je me suis laissé entraîner par la plume alerte et tendre de Judy. Par sa manière aussi de retranscrire souvent avec une certaine innocence les comportements des autres. Ce qui permet au lecteur de se sentir quelque peu omniscient et d'anticiper avant elle certaines actions.

    Un des autres écueils du roman épistolaire à sens unique, comme du roman sous forme de journal intime, réside souvent dans un côté répétitif de la forme qui peut lasser à terme. Encore une fois, ici, il n'en est rien. Les missives se font tantôt classiques, tantôt dissertations. Elles abritent souvent des dessins. Et toujours, les pages se tournent pour continuer à entendre la voix de Judy.

    Il se dégage un charme suranné de cet ouvrage publié en 1912. Un charme suranné dû aux descriptions des usages de l'époque. Dû également à Judy qui découvre la vie en dehors de l'horizon de son orphelinat et qui réagit à tout ce qui l'entoure avec un émerveillement touchant.

    Papa longues jambes constitue un joli roman d'apprentissage, dans le domaine universitaire mais aussi dans le domaine de l'existence.

    De plus, il propose le portrait d'une héroïne aux allures de modèle pour toutes celles qui souhaitaient entreprendre des études au début du 20ème siècle. Une héroïne qui veut garder son indépendance et savoir s'assumer financièrement. Une héroïne qui entend réaliser ses rêves avant tout. Et c'est peut être dans ce sens que la fin ne m'a pas complètement satisfaite.

    Je serai donc curieuse de découvrir l'évolution de Judy dans Mon ennemi chéri, la suite.

    Bref, vous l'aurez compris : une jolie lecture. Et un grand merci à Amandine d'avoir suggéré ce titre pour notre émission des bibliomaniacs. 

    Gallimard Jeunesse, traduit de l'anglais par Michelle Esclapez, 2007, 212 pages