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des romans américains - Page 3

  • Retrouve-moi de Lisa Gardner

    Retrouve-moi

    de

    Lisa Gardner

    retrouve-moi, lisa gardner, albin michel, look for me, dd warren, roman policier, littérature américaine, polar, thriller, boston, enquête, disparition

    "Une journée d'automne idéale. C'était louche. D. D Warren, enquêtrice de la police de Boston, le savait d'expérience: il faut toujours se méfier des journées idéales. Et pourtant, devant son fils Jack qui gloussait d'excitation en enfilant son sweat-shirt et son mari Alex, expert en scène de crime, qui souriait jusqu'aux oreilles en sortant un sac de toile L.L Bean du placard, difficile de ne pas se prendre au jeu."

     

    Un prologue comme un cauchemar où une jeune femme assiste au massacre de ses colocataires et peine à se remettre de ce traumatisme.

    Puis, retour dans un présent plus apaisé où l'héroïne enquêtrice savoure les prémices d'un dimanche bostonien aux allures de journée idéale. Au programme: cueillette de pommes et adoption d'un chien pour leur foyer. Mais bien vite, cette quiétude est brisée par un coup de fil. Quatre membres d'une même famille ont été sauvagement assassinés chez eux. Une des leurs semble avoir échappé à cette tuerie. Une adolescente de 16 ans. Victime ou coupable? Telle est une des nombreuses questions que vont se poser D.D Warren et son équipe dans une course contre la montre. 

    Mais ils ne sont pas les seuls à rechercher la jeune fille. En effet,  Flora et Sarah, deux membres d'un forum de soutien aux victimes de violence mènent leurs propres investigations.

    Et si ils n'arrivaient jamais à temps?

    Il s'agit du deuxième titre de Lisa Gardner que je découvre. Et ce qui me frappe comme pour la première fois, c'est le mécanisme narratif bien huilé qui lui permet de toujours demeurer dans une action soutenue et de tenir en haleine son lecteur. Un mécanisme qui s'appuie notamment sur la multiplicité de points de vue, sur un flash-back introductif fort et sur les extraits d'une rédaction de l'adolescente disparue. Autant de manières de faire avancer l'intrigue et de nous apporter des clés de compréhension sur les pourquoi de cette affaire et sur les implications de chacun des protagonistes.

    J'ai donc vite tourné les pages, happée par cette histoire. Et même si le dénouement se révèle cohérent avec l'ensemble, je dois confesser que j'aurais apprécié une autre issue.

    Outre le sens du rythme, un des autres atouts de l'autrice réside selon moi dans sa manière d'évoquer certains problèmes qui secouent la société américaine, comme ce déficit de structures d'accueil et de personnel d'encadrement pour les enfants enlevés à leurs parents provisoirement ou définitivement. Chapitre après chapitre, elle évoque ainsi la spirale de violence subie par certains des protagonistes. Une spirale qui fait froid dans le dos et qui lui permet de pointer tant les défaillances du système que la peine ressentie par certains des acteurs de ce même système face à leur aveuglement ou leur impuissance. 

    Et je crois que c'est ce que j'aime souvent dans un polar, cette dimension sociologique qui se superpose et qui donne à voir un peu du monde qui nous entoure. Même si j'aurais préféré que certains thèmes évoqués soient encore plus approfondis, je suis donc ressortie de ce page-turner avec la sensation d'avoir un peu appréhendé certains des sujets qui ébranlent les piliers du Boston way of life.

    Bref, vous l'aurez compris: une lecture efficace qui me donne envie de découvrir d'autres titres de Lisa Gardner.

    Un grand merci aux Editions Albin Michel pour l'envoi.

    Editions Albin Michel, 2021, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cécile Deniard, 471 pages

  • Château de femmes de Jessica Shattuck

    Château de femmes

    de

    Jessica Shattuck

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    "La fête des moissons que donnait la comtesse était toujours très courue. Ce jour-là, il pleuvait des cordes. La pluie s'acharnait contre le vieux château des von Lingenfelds-fuites en jets, parquets trempés, façade jaune devenue aussi noire que la carapace d'un scarabée."

     

    Une fête dans un château. Comme les ultimes feux de joie juste avant le basculement. Mais déjà dans cette nuit de 1938, retentissent les exactions perpétrées contre les Juifs et se nouent des alliances pour faire tomber Hitler.

    Marianne von Lingenfels prête aussi un serment ce soir là : celui de toujours protéger les femmes et les enfants de ces résistants.
    Un serment qui va l'engager à jamais et la relier à deux femmes en particulier : Benita et Ania.
    C'est leurs destins que nous allons suivre dans l'Allemagne de 1945, de 1950 et de 1991. Trois époques décisives entre déroute, choix, pertes de repères et renoncements. Trois époques marquées par les lambeaux d'un passé qui les étreint à jamais.

    Se défaire du passé pour faire peau neuve/ l'enterrer dans les tréfonds de sa mémoire pour recommencer/porter à jamais le poids de la culpabilité/ entretenir le souvenir des morts quitte à ne pas se reancrer dans le flot de la vie. Telles sont les questions qui se posent pour nos héroïnes. Mais peut-on oublier vraiment ?

    Ce roman, je l'ai découvert grâce à Mélina et je l'en remercie. Pendant quelques heures, j'ai ainsi voyagé auprès de ces trois protagonistes.

    Marianne, Benita et Ania permettent à l'autrice d'exposer le destin des femmes dans l'Allemagne vaincue. Des femmes qui ont subi chacune des violences pendant le conflit, qu'elles soient d'ordre moral ou physique. Des femmes qui ont dissimulé ou participé. Des femmes qui nous permettent de mieux saisir aussi le fardeau de ces années à jamais gravées en elles. Des femmes sans doute miroirs de bien d'autres femmes.

    La construction, de cette fête introductive à cette fête reunificatrice, suit une logique chronologique. Mais pour mieux illustrer le propos, elle épouse parfois les méandres de la mémoire avec des retours à des moments anciens. Une construction certes classique mais que j'ai trouvée intéressante.

    Tout comme j'ai apprécié la manière dont Jessica Shattuck dépeint ces personnages.

    En revanche, je crois que parfois, j'aurais aimé qu'elle développe plus certains épisodes comme cet attentat ou le conflit pour Marianne ou Dresde. Même si je comprends ces silences qui font exister les femmes en dehors des hommes et symbolisent bien toutes ces absences de réponses liées à ces temps troublés.

    Bref, vous l'aurez compris : malgré ce bémol, Château de femmes constitue une lecture intéressante sur une période de l'histoire, celle de l'après, que je connais moins.
     
    Editions Points, collection Grands romans, traduit de l'anglais par Laurence Kiefé, 470 pages

     

  • Toute la lumière que nous ne pouvons voir d'Anthony Doerr

    Toute la lumière que nous ne pouvons voir

    de

    Anthony Doerr

    toute la lumière que nous ne pouvons voir, anthony doerr, albin michel, livre de poche, seconde guerre mondiale, littérature américaine, roman américain, roman historique, roman d'apprentissage, saint-malo, coup de coeur

    "A l'aube, ils tombent en masse du ciel, passent par-dessus les remparts, caracolent au-dessus des toits, descendent lentement entre les hautes maisons. Des rues entières en bouillonnent, taches blanches sur les pavés. Message urgent aux habitants de cette ville. Dispersez-vous dans la campagne.

    La marée monte. La lune, petite, jaune, est presque toute ronde. Sur les toits des hotels du front de mer, à l'est, et dans les jardins par-derrière, une demi-douzaine d'unités d'artillerie américaines flanquent des obus incendiaires dans la bouche de mortiers."

    7 août 1944. Tombent les bombes sur Saint-Malo. Et chacun retient sa respiration pour être épargné.
    Marie-Laure attend seule dans la maison de son grand-oncle. Elle ne voit rien mais elle entend au loin les craquements des feux et les effondrements des toits ou des façades.
    Peut-être même qu'elle entend l'hôtel des Abeilles s'écrouler. Et ces trois Allemands prisonniers dans la cave au milieu des éboulements. Parmi eux, Werner, tout juste sorti de l'adolescence. Werner, un génie de la mécanique qui comprend comme personne les radios et les ondes.
    Marie-Laure et Werner. Les deux héros de cette fresque qui va nous emporter de 1934 à 1944. Par un système de retours incessants entre le passé et le présent. A la manière d'un puzzle où l'urgence prend tout son sens.

    Ce livre, je l'ai découvert sur les conseils de mon frère. Et, dès les premières pages, j'ai été entraînée dans ce chant de mort et de vie. Dans cet univers que les ténèbres semblent engloutir mais où pointent des îlots de lumières. Qu'on ne peut pas toujours percevoir ou anticiper mais qui surgissent à la faveur d'un brin d'humanité.

    Récit de deux enfances et de deux adolescences contrastées.
    Histoire d'une obsession pour un diamant bleu qui mène un soldat allemand à traquer tous ceux qui pourraient le posséder.
    Hymne au courage et à toutes ces résistances de l'ombre.
    Description de toutes ces lâchetés ordinaires et de ces renoncements. Ne rien dire. Ne rien faire. Détourner le regard. Et se noyer dans un océan de cauchemars et de regrets.
    Fragment d'un amour extraordinaire entre une fille et son père.
    Fresque de la Seconde Guerre mondiale.
    Rapport sur l'importance de la radio dans ces combats.
    Rappel de la beauté des mots et de la musique même quand la fin du monde semble proche.

    Il y a tant de lectures possibles et de thèmes dans cet ouvrage.
    Un ouvrage qui se déploie sur quelques 700 pages et qui nous retient captifs.
    Grâce à une construction où se distille une certaine tension.
    Grâce à un souffle incroyable.
    Grâce à une manière de mettre en scène les émotions et de bâtir un parcours qui, tour à tour, nous fracasse ou nous donne de l'espoir.
    Grâce à une galerie de personnages forts. Marie-Laure, Werner mais aussi Étienne, von Rumpel, Jutta, Mme Manec, M.Leblanc, Frederick, Volheimer...Incarnation de toute notre nature, entre failles et heures glorieuses. Oscillement de leurs êtres. Cicatrices de leurs âmes face aux circonstances du conflit et de leur avant.

    Bref, vous l'aurez compris : il s'agit d'un coup de cœur pour moi. Et je ne peux que vous recommander de partir sur les traces de cette lumière que nous ne pouvons voir.

    Le Livre de Poche, 2017, 696 pages

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