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belfond - Page 2

  • Le Parfum de ces livres que nous avons aimés

    Le Parfum de ces livres que nous avons aimés

    de

    Will Schwalbe

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    "Nous étions fans du moka de la salle d'attente du centre de soins de jour de l'hôpital Sloan-Kettering. Le café n'était pas très bon et le chocolat plus mauvais encore. Mais nous avions découvert, Maman et moi, en pressant sur la touche Moka, que le mélange de deux ingrédients très moyens pouvait donner quelque chose de relativement délicieux. Les crackers n'étaient pas mal non plus."

    A la fin de l'automne 2007, Mary Schwalbe est diagnostiquée d'un cancer du pancréas stade 4. Alors qu'il l'accompagne pour une prise de sang, avant le début de sa chimio, son fils Will lui demande ce qu'elle lit. Et cette question, somme toute anodine, va entraîner la création d'un club de lecture informel.

    "Les livres ont toujours représenté pour ma mère et moi un moyen d'aborder et d'explorer les sujets qui nous concernaient et nous mettaient mal à l'aise. De même qu'ils nous ont servi d'exutoire chaque fois que nous nous sentions tendus ou angoissés. Dans les mois qui ont suivi le diagnostic, nous avons de plus en plus parlé de livres [...] nous avons créé sans même nous en apercevoir un club de lecture inhabituel qui ne comportait que deux membres."

    Très vite, ce club de lecture permet à cette mère mourante et à ce fils de se dire des choses essentielles. Comme si les échanges entre ces deux sensibilités avaient besoin de ce langage commun. Comme si les livres libéraient leur parole.

    Et c'est à cette expérience émouvante que nous convie Will Schwalbe.

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    J'avais lu de très bonnes critiques sur le blog de Bianca et des Petites madeleines. Aussi, quand cet ouvrage est arrivé à la médiathèque, je me suis jetée dessus et je l'ai dévoré.

    Dès les premières phrases, on est happés par ce récit.

    Dès l'annonce du diagnostic, on sait comme Mary, Will et tout le reste de la famille que les jours sont comptés.

    Certes, Le Parfum de ces livres que nous avons aimés parle de maladie. De cancer. De traitement. De lutte. D'adieux. De mort.

    Certes, nous suivons Mary de salle d'attente en séances de chimio, de séances de chimio en rendez-vous avec les médecins...

    Certes, nous observons son déclin physique.

    Certes, la tristesse n'est jamais loin.

    Mais malgré tout, ce n'est pas ce que je retiendrai de ce livre.

    Non, ce que je retiendrai, c'est ce portrait d'une femme extraordinaire.

    Mary Ann Schwalbe a travaillé pour les prestigieuses administrations de Radcliffe et de Harvard.  Puis, elle s'est intéressée à la cause des réfugiés, a voyagé à leur rencontre, a vécu dans un camp thaïlandais, a fondé la Commission des femmes pour les réfugiées et les enfants réfugiés. Dans ses dernières années, elle a œuvré pour la création d'une grande bibliothèque à Kaboul et de bibliothèques itinérantes en Afghanistan.

    Au fil des pages, lors de ses conversations avec son fils cadet ou de ses interventions dans de nombreux dîners, remises de diplômes..., on découvre ainsi son parcours et on ne peut ressentir que de l'admiration pour son destin, ses combats.

    A cette déclaration d'amour extraordinaire de Will pour sa mère se greffe une autre déclaration d'amour: celle pour la lecture et les livres en général.

    Les livres comme mode d'emploi/Les livres comme médicament/Les livres comme source d'expression...

    "Il nous reste à tous beaucoup plus de livres à lire qu'on n'en pourra lire et beaucoup plus de choses à faire qu'on n'en pourra faire. Pourtant, Maman m'a appris que lire n'est pas le contraire de faire, mais celui de mourir. Je ne pourrai jamais plus lire les livres préférés de ma mère sans penser à elle-et je sais que lorsque prêterai ou recommanderai l'un de ces ouvrages, quelque chose de ce qui l'aura habitée passera dans leurs pages, qu'une part de ma mère vivra en ces lecteurs, qui éprouveront peut-être l'amour qu'elle a éprouvé et qui reproduiront peut-être à leur façon ce qu'elle aura accompli dans le monde."

    De nombreux auteurs sont évoqués: Somerset Maugham, Irène Nemirovsky, Muriel Barbéry....Tous ceux qui ont accompagné les derniers mois de cette femme si charismatique.

    Certains titres touchent notre domaine de connaissance et on s'amuse à voir si on partage leur analyse. D'autres, au contraire, suscitent notre envie et je dois avouer que je suis ressortie avec une liste de nouveaux désirs d'achats.

    Bref, vous l'aurez compris: ce témoignage constitue une belle leçon de vie, de courage, d'humanité. Tout en pudeur et en sensibilité. Et un coup de cœur.

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    "Maman m'a appris que nous pouvosn agir sur le monde et que les livres sont vraiment importants: grâce à eux, nous savons ce que nous devons faire de nos vies et comment le dire aux autres. Maman m'a aussi enseigné, au cours de ces deux années, de ces dizaines de livres et de ces centaines d'heures passées à l'hôpital, que les livres peuvent servir à rapprocher les êtres et à maintenir la proximité, même entre une mère et un fils déjà proches, et même après la mort de l'un d'entre eux."

    Editions Belfond, 2013, 413 pages

    Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.

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  • Sashenka de Simon Montefiore

    Sashenka

    de

    Simon Montefiore

     

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    "A l'heure du thé, le soleil s'était déjà couché lorsque trois gendarmes du tsar prirent position aux grilles de l'institut Smolny. En ce dernier jour du trimestre, on ne s'attendait pas à trouver des policiers devant ce pensionnat de jeunes filles, le plus chic de Saint-Pétersbourg. Leurs élégantes tuniques bleu marine à parements blancs, leurs toques en agneau et leurs sabres rutilants ne passaient pas inaperçus"

    Saint-Pétersboug, 1916, Sashenka Zeitlin, jeune fille de la haute-bourgeoisie est arrêtée à la sortie de son pensionnat. Lui sont reprochées ses pensées révolutionnaires et son engagement pour le bolchevisme. Mais grâce aux appuis de son père, elle est très vite relâchée, sans pour autant avoir renoncé au combat...

    C'est son destin et celui de son entourage que nous sommes invités à suivre jusqu'au début des années 1990.

    J'ai entendu parler de ce livre pour la première fois sur le blog de Bianca. Son billet m'a donné très envie de le parcourir. Aussi, j'ai été ravie de pouvoir l'emprunter dans la médiathèque parisienne que je fréquente.

     

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    Après avoir été banquier à Londres, Simon Montefiore est retourné vers ses premières amours: la Russie, qui le fascinait depuis ses études à Cambridge. Il a notamment publié des biographies reconnues sur Catherine II et Staline. Puis, il s'est tourné vers la fiction avec Sashenka.

    Il raconte dans une interview au Monde la genèse de ce roman: "Le personnage de Sashenka est né le jour où, dans les archives, je suis tombé sur la photographie d'une femme de 28 ans aux yeux gris, absolument superbe dont les seules informations était son nom.[...] A partir de là, j'ai imaginé la vie qui aurait pu être la sienne, en la nourrissant d'histoires vraies et souvent magiques, comme celles de l'écrivain Isaac Babet"

    Le roman s'articule autour d'un triptyque: avant, pendant et après le régime communiste.

    La première partie se situe dans la ville de Saint-Petersbourg, "Piter", à l'hiver 1916-1917. On s'attache au destin de la famille Zeitlin, confrontée aux dernières heures impériales. La mère est une proche de Raspoutine et ne se remet pas de son assassinat. Tandis que la fille, Sashenka, convertie par son oncle aux idées révolutionnaires, transmet des messages, apprend à semer ses poursuivants, à manier des armes...

    Simon Montefiore a réussi à créer un personnage d'héroïne forte. Dès les premières pages, on est fascinés par la conviction de cette jeune fille de dix-sept ans, par son sens de l'engagement, par sa force...On sent l'attrait qu'elle exerce déjà sur son entourage: sa gouvernante, son père, le capitaine Sagan chargé de la surveiller...

    Ces premiers chapitres permettent de mieux comprendre l'atmosphère qui pouvait régner au moment de la chute du régime tsariste. En quelques lignes, l'auteur nous emmène dans les salons à la mode, dans la maison de Raspoutine, puis, dans les rues, les entrepôts...parmi les révolutionnaires. L'univers carcéral est également évoqué.

    Ce cycle s'achève sur les premières heures consécutives à la chute du tsar. Sashenka vient de devenir une des secrétaires de Lénine.

    Nous la retrouvons en 1936. Elle incarne alors la femme soviétique modèle. Elle travaille à la rédaction d'un journal féminin à succès et est devenue la mère de deux charmants enfants, après avoir épousé un haut fonctionnaire du parti.

    Preuve de sa popularité, elle reçoit lors de la fête qu'elle organise le 1er mai de nombreuses personnalités, issues tant du gouvernement (Staline) que de l'intelligentsia (l'écrivain Benia Golden)...C'est d'ailleurs sa rencontre avec cet auteur qui va précipiter son destin.

    Sashenka, son mari et son oncle sont arrêtés. Ils ont heureusement réussi à mettre à l'abri les enfants. Leurs interrogatoires débutent...

    Cette immersion sous le régime stalinien m'a vivement intéressée. Elle permet de se rendre compte à quel point la terreur régnait à cette époque. Aux rares moments de bonheur et de répit, succédaient des vagues de dénonciation. Tout le monde était soupçonné et personne n'était jamais à l'abri d'une arrestation. On était surveillé, sur écoute...Un séjour en prison signifiait le plus souvent la mort ou l'exil. La torture était, en effet, utilisée pour faire avouer même les plus innocents. Certains enfants de soi-disants criminels étaient emmenés dans des orphelinats où ils vivaient dans la violence permanente.

    J'ai beaucoup apprécié l'histoire d'amour entre Sashenka et Benia. Elle donne une dimension plus humaine à l'héroïne. Cette parenthèse enchantée souligne d'ailleurs encore plus le caractère éphémère du bonheur à cette époque-là et la fragilité de l'existence de chacun sous la dictature stalinienne.

     Après un saut dans le temps, le lecteur se retrouve plongé dans la Russie des années 1990, après la chute du communisme. Katinka Vinski, une jeune historienne, vient d'être recrutée par un milliardaire pour enquêter sur le passé de sa mère. Cette dernière est, en effet, convaincue d'avoir été abandonnée par ses parents et aimerait retrouver leurs traces. Commence alors une enquête qui va mener la jeune femme dans les archives du KGB, dans les salons des anciens dirigeants et surtout sur les traces d'une certaine Sashenka.

    Cette partie revêt les apparences d'une enquête policière. Katinka doit démêler les fils du destin de sa cliente et de Sashenka. Les morceaux du puzzle s'assemblent peu à peu. Puis, on découvre la vérité. Une vérité choquante et bouleversante.

    Toutefois, on peut émettre quelques reproches concernant cet ouvrage. J'ai jugé la première partie moins intéressante que les autres. Plus on avance dans ce roman, plus les pages s'enchaînent. Je n'ai pas non plus toujours trouvé plausible l'incursion de tous les personnages historiques importants de l'époque dans la vie des protagonistes imaginés par Simon Montefiore.

    Bref, vous l'aurez compris: Sashenka constitue un bon moment de lecture. Et un voyage très intéressant dans l'histoire russe du 20ème siècle.

    Belfond, 2010, 569 pages, 22 €

    Lu dans le cadre du challenge God save the livre 2013 et Histoire.

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  • La fin d'une ère

    Dernier été à Mayfair

    de

    Theresa Révay

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    "Lorsqu'il traversait le grand bois, Julian s'engageait toujours à droite au croisement de Hadrian's Heart. Son cheval obliquait naturellement puis allongeait ses foulées, l'inclinaison du sentier lui offrant une belle échappée au galop. Le jeune homme revenait ainsi vers le coeur du domaine sans se laisser tenter par les chemins qui convergeaient vers la "Voie royale", la route romaine qui remontait jusqu'à Londres et descendait vers la côte, d'où l'on embarquait pour le continent"

    Mayfair, juin 1911, Lord et Lady Rotherfield reçoivent la haute société pour l'entrée dans le monde de leur dernière fille Victoria. Tous sont présents: l'aîné Julian écrasé par le poids de ses futures responsabilités et contraint à un mariage avec une jeune fille bien née; Edward, le cadet, un dilettante Don Juan et joueur, écrasé par les dettes de jeu et passionné d'aviation...Tous sauf Evangeline, la rebelle de la famille qui vient d'être emprisonnée pour avoir participé à une manifestation de suffragettes. Julian part donc pour essayer de la faire libérer et étouffer tout éventuel scandale.

    De 1911 à 1918, on suit ainsi l'évolution de cette fratrie, confrontée aux bouleversements qui agitent l'Europe et à la fin d'un monde.

     

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    Je n'avais jamais entendu parler de cet ouvage avant que Fanny du blog Netherfield Park ne le mentionne. Elle me l'avait conseillé en commentant mon billet sur Le Manoir de Tyneford de Natasha Solomons. Je l'ai trouvé à ma bibliothèque de quartier et je me suis donc lancée.

    Theresa Révay est une auteure française, réputée pour ses fresques historiques. Elle a notamment publié Livi Gandi ou le souffle du destin en 2005 et la Louve Blanche en 2008.

    Je suis assez fan des sagas familiales et de la possibilité qu'elles donnent d'observer l'existence de plusieurs membres du même foyer sur plusieurs années. Et je trouve que l'écrivain a très bien réussi le pari de créer des personnages réalistes. On croit à ses protagonistes et à leur destin.

    J'ai particulièrement aimé Julian, l'aîné, un homme éduqué selon certains principes et qui se retrouve héritier du titre et d'un certain sens du devoir alors qu'il aurait aimé connaître un tout autre sort. Au début, son caractère m'énervait. Mais, peu à peu ses fêlures sont apparues et l'ont rendu plus humain. Son idylle extra-conjugale et son comportement pendant la Première Guerre Mondiale ont remporté finalement mon adhésion.

    De même, j'ai beaucoup apprécié Evangeline, la rebelle de la famille. Son engagement auprès des suffragettes la mène deux fois en prison. La première, elle est sauvée par son frère. Mais à la deuxième arrestation, elle préfère taire son identité et subit ainsi le sort de ses compagnes moins fortunées. Elle endure notamment la technique du gavage, appliquée aux femmes récalcitrantes qui refusent de se nourrir au nom de leur combat idéologique. Cette épreuve la transforme profondément et change sa personnalité. Sa rencontre avec l'aviateur français Pierre de Forestel, incarnation de la noblesse française elle aussi sur le déclin, la fait aussi beaucoup évoluer.

    Je pourrais m'appesantir ainsi sur plusieurs des héros imaginés par l'auteure: May, Edward, Percy...Je préfère vous laisser le plaisir de la découverte.

    Ce que j'ajouterai juste, c'est que chacun d'eux permet de découvrir des aspects primordiaux de cette époque foisonnante: les meetings d'aviation, la spéculation autour de la radiophonie, le fonctionnement de la Chambre des Lords, le rôle des infirmières anglaises pendant la Première Guerre Mondiale, le naufrage du Titanic...

    C'est là d'ailleurs une des autres réussites de Theresa Révay. Non seulement elle a su forger des personnages forts mais elle a su resusciter l'ambiance de toute une époque. Le début m'a d'ailleurs fait fortement penser à une de mes séries fétiches: Downton Abbey. Et j'ai beaucoup aimé la référence aux Vestiges du jour (le majordome s'appelle aussi Stevens)

    Ce souci de la reconstitution historique l'a poussée à se documenter pendant plus d'un an et demi. Et cela se ressent à la lecture. Tout semble exact: les descriptions des scènes de combat, la vie dans les tranchées, le fonctionnement d'un manoir anglais...La Grande Histoire s'imbrique parfaitement d'ailleurs à la petite histoire, celle des Rotherfield et de leur pendant français, les de Forestel.

    Les pages de cet ouvrage se tournent vite. Mais j'aurais quand même un reproche à formuler: la rapidité de certaines péripéties. Pour narrer le destin de ces deux grandes familles sur 8 ans, l'auteure a très souvent recours à l'ellipse ou au raccourci. Or, je n'ai pas toujours trouvé que ce procédé tombait bien. Par exemple, mon coeur de midinette j'aurais aimé assister aux rencontres amoureuses et aux premières déclarations. Elles sont malheureusement souvent escamotées.

    Bref, vous l'aurez compris: si vous cherchez une saga familiale réussie qui rend parfaitement compte de l'ambiance des années 1910's, ce roman est pour vous.

    Merci donc Fanny pour ce conseil! J'ai dévoré cette oeuvre et j'ai passé un bon moment de lecture grâce à toi.

    Belfond, 2011, 477 pages, 21 €