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roman - Page 4

  • Les Amants météores d'Eloïse Cohen de Timary

    Les Amants météores

    d'Eloïse Cohen de Timary

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    "Comme un sportif avant l'épreuve, elle se répète mentalement le geste à accomplir. C'est sûr, elle aurait préféré faire cela à l'hôpital-entendre le bip des machines, le chariot repas qui passe dans le couloir, sentir l'odeur des détergents médicaux et puis celle, si familière, des anesthésiants-mais les circonstances ont voulu qu'elle se trouve quelque part en Bretagne, dans cette vieille maison aux murs humides et aux tomettes écaillées par le temps."

    A quoi tiennent les rencontres d'une vie ? A un détour, à un bus manqué ou à un sourire croisé par hasard et qui s'attarde dans la mémoire.

    Pour Marianne et Virgile, c'est une interview ratée qui les a rapprochés. Un échange de regards dans un bar reculé. Et les voilà, nos amants météores.
    Nos amants étonnants. Nos amants incandescents. Nos amants émouvants. Nos amants marquants.

    On dit souvent que toutes les histoires d'amour ont déjà été contées et qu'il ne reste plus qu'à trouver une manière différente de les écrire. C'est ce qu'a réussi à faire dans ce second roman Éloise Cohen de Timary.

    Déjà en réinventant le modèle de couple avec ce héros à la sexualité fluide qu'on aurait pas forcément attendu dans le rôle de l'amant éperdu.

    Puis, en livrant un récit d'amour à la fois éphémère et ancré dans le futur. Comme s'il jouait sa propre partition. Aux accents de vie et de mort.

    Il y a de très belles images entre ces pages. Des images qui puisent leurs racines dans ces jardins paysages si chers à Virgile. Dans ce ciel météore aussi.

    Il y a des scènes qui marquent. Comme cette fête opulente aux allures de crépuscule. Comme ce week-end iodé. Comme cette arrivée dans leur appartement de Montmartre. Comme ce déjeuner chez les parents.

    Il y a cette alternance de narration. Ces voix qui s'entremêlent pour mieux nous parler de cette relation fulgurante.

    J'ai trouvé cette construction intéressante. Même si j'ai eu du mal parfois à quitter Virgile et Marianne pour Florence, cette médecin attachante mais dont je ne percevais pas l'importance.

    Même si la fin m'a permis de mieux saisir la portée de cette protagoniste, j'aurais préféré  moins me plonger dans son vécu pour mieux rester avec nos amants.

    De même, je dois avouer que j'ai moins accroché avec Tatiana et avec toute la partie de l'intrigue qui se rapporte à elle.

    J'ai regretté également que certains thèmes forts ne soient pas plus développés. Comme celui de la possibilité de la paternité.

    Pour autant, malgré ces quelques bémols, je garderai un bon souvenir de cette lecture et de nos amants météores. 
     
    JC Lattès, 328 pages, 2020

  • Étés anglais d'Elizabeth Jane Howard

    Étés anglais

    d'Elizabeth Jane Howard

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    "La journée commença à sept heures moins cinq, lorsque le réveil, offert à Phyllis par sa mère pour son premier poste de domestique, sonna sans se lasser jusqu'à ce qu'elle l'éteigne. "

    La semaine dernière, je suis partie dans le Sussex. Passer deux mois des étés 1937 et 1938 dans une merveilleuse propriété.

    J'y ai fait la connaissance de trois frères: Hugh, Edward et Rupert, de leur soeur Rachel, de leurs parents, de leurs épouses, de leurs enfants...

    J'ai participé à des pique-niques sur la plage, à des jeux endiablés, à des après-midi de lecture à l'abri d'une chambre ou à l'ombre d'un hamac.

    J'ai vu des personnages évoluer, se déchirer, se rapprocher.

    J'ai senti le pouls de toute une époque pulser entre ces pages. Une époque marquée encore par le spectre de la der des ders et hantée par le basculement imminent dans la prochaine.

    J'ai quitté à regret cet endroit. En espérant pouvoir le retrouver très prochainement.

    Avec ce premier tome de la saga des Cazalets, Elizabeth Jane Howard nous plonge dans une fresque dense et extrêmement bien écrite.

    Une fresque qui sonde les oscillations intimes de chacun de ses personnages. J'ai trouvé ce procédé de s'attarder pendant quelques pages sur chacun, d'entremêler ensuite leurs destins et de suivre leurs éventuelles mutations  extrêmement abouti. On glisse ainsi d'un protagoniste à un autre dans un ballet perpétuel et sans jamais sentir les transitions.

    Certains des héros se démarquent particulièrement. Par leurs blessures, par leur veulerie, par leur trop grand sens du sacrifice, par leurs caractéristiques qui nous font sourire ou nous dégoûtent.

    J'ai été d'ailleurs particulièrement frappée par la faculté de l'autrice à créer toute une galerie de figures aussi diverses et à l'ancrage psychologique aussi fort et juste. Parfois, dans ce genre d'ouvrages, certains traits sont trop outrés ou un certain manichéisme se fait ressentir. Ici, tout sonne vrai.

    De plus, le découpage de l'intrigue se révèle très intéressant.  J'ai beaucoup aimé cette idée de centrer sur deux étés et revenir sur les blancs entre ces deux espaces temps par un jeu de retours dans le passé astucieusement disséminés.

    Bref, vous l'aurez compris: un ouvrage maîtrisé, reflet d'une période et vraiment prenant dont j'attends avec impatience la suite. Un véritable coup de cœur que je ne peux que vous recommander.

    Editions de la Table ronde, traduction d'Anouk Neuhoff, 2020, 557 pages

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  • Le Pianiste de Hartgrove Hall

    Le Pianiste de Hartgrove Hall

    de

    Natasha Solomons

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    "Edie chanta à ses propres funérailles. Il n'aurait pu en être autrement. La plupart des gens l'avaient d'abord connue par sa voie. Il fallait quelques semaines, voire des mois, aux nouvelles relations pour concilier cette voix, une voix qui vous électrisait avec ce petit bout de femme aux yeux gris munie d'un grand sac à main. Grive musicienne, elle chantait comme un rossignol. Ce dernier surnom -"le petit rossignol"- était celui qui, d'après moi, lui convenait le mieux."

    Poussez les portes de Hartgrove Hall et faites la connaissance de Fox, notre héros, sur deux périodes de vie très distinctes.

    Celle des années 2000 où il vient de perdre sa femme et où son inspiration musicale s'est évanouie. Comme si les notes se refusaient désormais à lui.

    Celle des années 45/50, juste après la Seconde Guerre mondiale, où il hésite entre rester avec ses frères pour sauver le manoir familial et écouter l'appel de la musique.

    Deux périodes comme des échos. Deux périodes qui s'imbriquent et se répondent.

    J'avais vraiment apprécié le roman Le manoir de Tyneford. Aussi, j'étais contente de redécouvrir la plume de Natasha Solomons. Mais nos retrouvailles ont mis du temps à s'opérer. Je crois que ce qui m'a désarçonnée, c'est cette arcane contemporaine qui donnait bien des réponses aux enjeux du passé. Comme si l' important ne se tenait pas là.

    Il m'a fallu accepter ce pacte narratif pour entrer de plein pied dans cette intrigue et me laisser porter par le charme de ce livre.

    La musique constitue le cœur palpitant de ces pages. La musique comme une passion dévorante et solitaire qui peut éloigner de sa famille. La musique comme un lien qui relie ceux qui ne vivent que pour elle. La musique comme un moyen de collecter ce temps qui passe et de garder à jamais l'atmosphère d'un lieu et de préserver les sensations. La musique comme début et comme fin. La musique et ses dérives.

    J'ai été particulièrement sensible à tous les passages autour de la collecte des chansons par notre héros. L'émotion de sentir le poids des ans dans une ritournelle.

    J'ai aimé la partie ancienne. Comme un vieux film nostalgique et élégant. Récit d'apprentissage. Récit de perte. Récit d'amour. Récit autour de ces rencontres déterminantes qui bouleversent tout. A l'ombre du manoir et des notes.

    La partie contemporaine ne m'a pas toujours autant intéressée. Même si le rapport entre Fox et son petit-fils Robin ainsi que les réunions des anciens amis m'ont touchée.

    J'apprécie quand les sentiments sont explorés avec pudeur et sensibilité. Et j'ai jugé que Natasha Solomons réussissait le plus souvent à merveille cet exercice.

    Bref, vous l'aurez compris : une jolie saga familiale autour de la musique et de la mémoire. 

    Calmann Lévy, 2017, 441 pages