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the frenchbooklover - Page 44

  • Le Goût d'Emma

    Le Goût d’Emma

    De Emmanuelle Maisonneuve & Julia Pavlowitch

    Dessin et couleurs : Kan Takahama

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    « Tiens, mon Philippe, un échantillon des meilleures huiles d’olive. Elles viennent de Crète et du Portugal. Ce sont des huiles rares, très rondes, peu amères. Sans agressivité ni mauvaise acidité. »

    Emma a un don : celui du goût. Et elle caresse depuis quelque temps un rêve : celui de devenir inspectrice au Guide Michelin et de sillonner ainsi les routes de France pour visiter hôtels et restaurants. Après quelques entretiens, elle obtient enfin ce titre tant convoité. Mais elle n’avait jamais anticipé à quel point cette aventure allait révolutionner son existence.

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    Ce manga s’inspire de la vie de son auteur. En effet, Emmanuelle de Maisonneuve a elle-même exercé la profession d’inspecteur du guide Michelin, après avoir œuvré auprès de Michel Bras et d’Alain Ducasse. C’est d’ailleurs cette dimension autobiographique qui rend cet ouvrage d’autant plus passionnant.

    Ce récit initiatique se déploie sur neuf volets. Neuf volets qui accompagnent notre héroïne, de son initiation aux arcanes du métier d’inspecteur à ses premières gammes, de ses voyages sur les routes de France à  son périple japonais, de ses rapports de débutante à son premier grand oral. Autant de moments clefs qui nous permettent de mieux cerner cette carrière pas comme les autres.

    Emmanuelle de Maisonneuve et sa co-auteur Julia Pavlowitch ont choisi de nous faire entrer pleinement dans les coulisses du Michelin en ne nous épargnant aucun des termes techniques, des codes en vigueur ou des étapes des inspections. Mais ce souci de vérité ne transforme pas pour autant ce manga en documentaire pédant.

    Tout simplement car cette soif d’authenticité au niveau des codes du guide Michelin se retrouve aussi dans la restitution de l’itinéraire d’Emma. Bien loin de visites formatées, chacune de ses excursions dans les différents établissements des régions imposées à notre héroïne se révèle unique, aussi bien par la qualité des mets que par les rencontres humaines. On plaint certains des restaurateurs ou des hôteliers soumis à un stress trop intense, on se régale devant certains mets servis comme ceux de Collioure…

    « J’ai l’impression d’être une funambule, en équilibre sur un fil…Et, en même temps, je me sens vivre à 100% »

     Le goût du vrai et du bon sert de boussole à Emma. Et on la suit avec entrain dans ses expéditions de gourmet solitaire. On la voit également s’affirmer et grandir. C’est un peu comme si cette expérience lui permettait de se trouver, tant sur le plan professionnel que personnel.

    Bref, vous l’aurez compris : j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman graphique et je ne peux que le recommander aux gastronomes curieux.

    Les Arènes BD, 2018

     

     

  • Electrico 28 de Davide Cali et Magali Le Huche

    Electrico 28

    de Davide Cali & Magali Le Huche

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    « Comme tous les jours, Amadeo se lève tôt. Il fait un câlin à son chat Bolivar, prend une douche et se rase. Puis il lui donne des croquettes, lui fait un petit bisou et sort. » […]

    Amadeo est conducteur de l’Electrico 28, le tram de Lisbonne. Tout au long de sa carrière, il a aidé de nombreux amoureux timides. Il a ainsi élaboré toute une série de manœuvres pour les pousser à la déclaration.

    C’est son dernier jour avant la retraite et il espère une fois encore réunir un couple de maladroits…Mais sa tâche va s’avérer plus difficile que d’habitude…

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    J’ai immédiatement été attirée par la couverture très gaie de cet album. Qu’il traite de Lisbonne, une ville que j’avais tant aimée il y a deux ans, m’a également incitée à m’y plonger.

    Dès le début, on fait la connaissance d’Amadeo, un Cupidon qui contribue au bonheur des autres, en s’oubliant souvent. C’est touchant de voir tous ces gens qui se côtoient et s’admirent mais qui se frôleraient simplement du regard sans lui. Notre héros favorise les rencontres, même si la dernière semble plus ardue. Heureusement, avec les années, il est passé maître dans le jeu de la séduction par procuration et il a plus d’un tour dans son sac.

    Au fil des pages, le lecteur s’amuse….Et la fin réussie et optimiste nous fait quitter ce livre, le sourire aux lèvres.

    Au texte ensoleillé de Davide Cali s’entremêlent les dessins profondément gais et lumineux de Magali Le Huche. Une fois encore, elle démontre son talent pour croquer des personnages et pour restituer les ambiances. Les couleurs de sa Lisbonne m’ont rappelé bien des souvenirs et m’ont donné envie d’y repartir.

    Bref, vous l’aurez compris : si vous avez besoin d’une petite bulle d’espoir en ces jours encore maussades, plongez-vous dans cet ouvrage résolument plaisant.

    ABC Melody, 2017

     

     

  • Les Reflets changeants d'Aude Mermilliod

    Les Reflets changeants

    de

    Aude Mermilliod

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    "J'ai 22 ans, je suis fraîchement diplômée, je suis brillante et très amoureuse. Et tout disparaît derrière ça. A la question:"Comment tu vas?", je réponds: "en ce moment, il va plutôt bien."

    Elsa, tout juste 22 ans, vit sa première histoire d'amour avec un homme qui la manipule et ne la rend pas heureuse.

    "Toi, je t'aurais quittée à un moment....Les racines que tu voulais m'imposer m'auraient dérangé, et j'aurais mis les voiles.  Je m'en serais voulu, tu m'aurais détesté, mais je n'aurais pas regretté mon choix. Mais elle...elle...elle me cloue au sol à chaque fois que je la vois sourire."

    Jean, 53 ans, a dû abandonner la mer pour devenir cheminot et s'occuper de sa fille un week-end sur deux. Un choix qu'il regrette mais qu'il referait mille fois juste pour être auprès de sa petite merveille. Même si il ne sait pas toujours trouver les mots ou les gestes qu'il faut...Même si il se sent écrasé par cette responsabilité...

    "Toi, mon joli moulin à paroles, contrainte à ce terrible silence, parfois tu es haineuse et frustrée. Pour ma part, mes sentiments n'ont pas changé. Je t'aime, Yvette."

    Emile, 79 ans, a l'impression qu'un aspirateur lui broie en permanence la tête. Il ne supporte plus ce vacarme incessant qui le détruit et l'isole des autres. Ni cette monotonie des jours qui s'écoulent sans changement notable. Il aspire tout simplement au silence.

    Trois personnages à des croisements de vie. Trois personnages aux destins apparemment opposés. Néanmoins, leurs chemins vont se croiser dans des gares, sur la plage, et le long des voies ferroviaires de la Côte d'Azur.

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    Voici une bande dessinée dont le titre m'a immédiatement interpellée. Et une fois que je l'ai achevée, il a pris tout son sens.

    Malgré l'écart de générations et leurs existences différentes,Elsa, Jean et Emile sont tous les trois les reflets du désir des autres: désir amoureux, sexuel, paternel, familial, conjugal... Ils se définissent beaucoup par les autres et n'arrivent pas à s'affirmer ou à affirmer leurs envies. Ainsi, tous les trois, ils se sentent prisonniers.

    Cet été pas comme les autres, que nous allons passer en leur compagnie, va leur permettre de s'émanciper. Et de devenir les reflets de leurs propres désirs.

    Pour raconter cette transformation, Aude Mermilliod a choisi une structure plutôt classique: trois chapitres pour chacun d'eux. Une rencontre entre deux des protagonistes comme transition. Un chien comme lien entre eux trois. Et une conclusion qui embrasse leurs trois destinées.

    Sur quelques deux cent pages, on suit avec beaucoup d'intérêt l'évolution lente d'Elsa, Jean et Emile. Chacun d'entre eux se révèle tour à tour attachant, énervant, lâche, émouvant...On se reconnaît dans leurs fragments d'humanité et on ne peut qu'espérer qu'ils aillent vers la sérénité.

    J'ai apprécié cette narration qui s'étire, qui prend son temps, comme pour mieux épouser la chrysalide de chacun. L'évolution parfois assez surprenante de l'intrigue m'a également beaucoup plu.

    De même, les couleurs assez tranchées, les dessins contrastés m'ont semblé très pertinents pour un tel sujet.

    Bref, vous l'aurez compris: je vous recommande Les Reflets changeants, si vous aimez comme moi les chroniques douce amères et les histoires sur les tournants de vie.

    Le Lombard, 2017, 197 pages