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the frenchbooklover - Page 43

  • La Disparition de Stephanie Mailer de Joël Dicker

    La Disparition de Stephanie Mailer

    de

    Joël Dicker

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    "A propos des événements du 30 juillet 1994.

    Seuls les gens familiers avec la région des Hamptons, dans l'Etat de New York, ont eu vent de ce qui se passa le 30 juillet 1994 à Orphea, petite ville balnéaire huppée du bord de l'océan.

    Ce soir-là, Orphea inaugurait son tout premier festival de théâtre, et la manifestation, de portée nationale, avait drainé un public important."

    Ce soir-là, aux alentours de 20h, un homme cherchait désespérément sa femme partie courir et pas encore revenue. Elle allait être découverte morte devant la maison du maire. Victime sans doute d'avoir été le témoin de l'assassinat dudit maire et de sa famille.

    Un coupable allait être trouvé. Mais 20 ans plus tard, lors du pot de départ d'un des inspecteurs chargés de l'enquête, une certaine Stephanie Mailer allait semer le doute. En affirmant que le meurtrier courrait toujours.

    Alors, mystification d'une journaliste carriériste? Ou réelle révélation?

    Les pistes allaient encore plus se brouiller suite à sa disparition...

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    J'avais vraiment beaucoup aimé l'Affaire Harry Quebert. A la fois pour son intrigue alambiquée. Cette sorte d'immense labyrinthe où les impasses se multipliaient. Mais également pour la réflexion sur l'écriture et sur son pouvoir. Je me souviens encore du plaisir de me plonger dans cet ouvrage tous les soirs, pendant mon voyage à Amsterdam. Et de cette envie de n'arrêter qu'une fois l'énigme policière résolue. Aussi, j'ai été ravie de pouvoir emprunter ce nouvel opus dans ma médiathèque.

    Comme pour le titre précédemment mentionné, Joël Dicker reprend le principe de deux schémas narratifs enchâssés: l'un qui se déroule dans le présent et l'autre dans le passé. On suit ainsi l'enquête autour de la disparition de Stephanie Mailer et, comme un écho, celle menée 20 ans plus tôt autour des tragiques quatre meurtres. Cette construction se révèle diablement efficace. En effet, elle maintient le lecteur en haleine et en même temps, elle nous éclaire sur la personnalité des différents protagonistes.

    Les crimes ont été commis en 1994 lors du premier festival de théâtre d'Orphea. 20 ans plus tard, une menace de nouvelle "Nuit noire" plane sur les représentations de ce même festival. Je n'en dirai pas plus car je veux pas révéler les ressorts de l'histoire. Mais cet élément théâtral, au cœur de l'intrigue, se retrouve dans la structure du livre. Effectivement, le roman s'articule en trois parties: Dans les abysses, Vers la surface et Élévation. Trois parties qui nous font penser aux trois actes d'une pièce.

    Dans ce drame en trois actes, le lecteur est confronté à une troupe conséquente. Les rôles sont nombreux, les tirades se succèdent et certains acteurs du passé deviennent véritablement des acteurs. Comme si la mise en abyme était poussée à son extrême.

    Cette construction m'a beaucoup intéressée. Cependant, ce choix d'une distribution trop importante présente quelques bémols. En effet, je n'ai pas trouvé la psychologie toujours assez fouillée pour tous. Et certains des personnages m'ont semblé superflus. Comme si à trop multiplier les points de vue et les possibilités, l'auteur se perdait et nous perdait.

    Pour nous conter la disparition de Stephanie Mailer, Joël Dicker recourt à une écriture cinématographique. Les plans s'enchaînent, les dialogues et les monologues aussi. Et voilà le lecteur totalement happé. C'est addictif: les pages se tournent toutes seules et on veut SAVOIR! COMPRENDRE! Jusqu'au rebondissement final...

    Je dois avouer que je n'ai pas été complètement convaincue par les derniers chapitres. Certes, tout se tient et la résolution est bien ficelée. Néanmoins, certaines scènes m'ont paru de trop. Le ou les coupables s'étaient déjà dessinés et ces ultimes péripéties ne pouvaient plus perdre le lecteur. De même, l'épilogue final ne m'a pas emballée. J'apprécie l'idée de ne pas tout savoir du futur de ceux qui restent. Et de laisser libre cours à mon imagination.

    Bref, vous l'aurez compris: malgré quelques réserves, ce roman a constitué un joli moment de lecture. Parfois, cela fait du bien de tout simplement se faire capter par une intrigue et de vouloir savoir à tout prix comment elle se finit.

    Éditions de Fallois, 2018, 640 pages

    Billet dans le cadre du challenge de Bianca Un pavé par mois

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  • Lucky Losers de Laurent Malo

    Lucky Losers

    de

    Laurent Malot

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    « Sean Kinsley, dix-sept ans, à moitié anglais : c’est moi. On m’accuse d’être responsable du foutoir qui a régné au printemps dernier ; je plaide pour le concours de circonstances. A la limite, je veux bien assumer le rôle de détonateur, mais si mon père n’avait pas été surpris par ma mère avec un autre homme, si aucun court-circuit n’avait réduit l’institut Balzac en cendres et si les ateliers d’Arincourt n’avaient pas annoncé un plan social, est-ce qu’on en serait arrivés là ? »

     Lorsque son père a été découvert par sa mère en compagnie d’un autre homme, le destin de Sean Kinsley a été bouleversé. Sa mère a quitté son père et est repartie à Douarnenez, dans la ville où elle avait grandi. Sa sœur a suivi. Et finalement, son père s’est également installé en Bretagne avec son fils.

    Une nouvelle vie débute donc pour ce dernier. Malgré les peurs initiales, Sean se fait très vite trois amis : Antoine, Rémy et Kevin. Tout semble aller pour le mieux quand l’autre lycée de la ville, celui des riches, brûle. Pour finir leur scolarité, les élèves doivent donc intégrer l’établissement de notre héros. L’occasion pour ce dernier de tomber raide dingue amoureux de la sublime Camille d’Arincourt.

    Son rapprochement avec elle ne plaît pas du tout à une bande de fils à papas. Très vite, des tensions émergent. Et Sean se retrouve à lancer un défi. Il a un mois avec sa bande d’amis pour apprendre à les battre en natation, en équitation et en aviron.

    Il était loin de se douter que ce défi dépasserait les simples limites du lycée. Et deviendrait une sorte de symbole des affrontements sociaux autour des plans de licenciement.

    En un mois, tout va donc basculer…Dans la vie de Sean. Comme dans celle de son entourage. Ou des autres habitants de Douardenez.

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    Le port de Douardenez

    J’ai été immédiatement attirée par le titre de ce roman et par cette couverture colorée.

    Dès le début, on est happés par les premières lignes. Sean Kinsley nous parle de son année de première littéraire. Dans son nouveau pays. Dans sa nouvelle ville. Dans son nouveau lycée. En effet, nous sommes conviés à passer neuf mois en sa compagnie. Neuf mois importants où il va connaître de nouveaux amis, son premier amour et réussir à s’affirmer.

    « Ce n’est pas moi qui ai fait sortir les élèves dans la cour, c’est l’injustice qui a frappé une fois de trop. Vous voulez savoir quand on rentrera en classe ? Quand le monde sera redevenu juste. »

    L'aspect roman d’apprentissage est bien traité. Sean est un gentil « loser ». Le genre de garçon qui perd complètement les moyens devant les filles qui l’impressionnent et dit tout ce qu’il ne faut pas. (Le premier coup de fil à sa dulcinée est mémorable). Le genre de garçons aussi qui est toujours là pour soutenir les siens envers et contre tout. On rit de et avec lui, on s’attache et on assiste avec beaucoup de plaisir à sa transformation, non sans heurts. D’un garçon plutôt réservé, on le voit devenir une sorte de leader malgré lui.

    « -Sean Kinsley ?

    -Oui ?

    -Si un jour tu fais de la politique, je vote pour toi. »

     A cet aspect initiatique se superpose un versant lutte des clans. Dans la ville de Douardenez, les clivages sociaux sont très prégnants. Deux mondes s’opposent et le lycée va devenir le lieu de leur collision. Très vite, le défi des « Lucky Losers », l’équipe de Sean, devient le reflet voire le symbole de toute la lutte des prolétaires contre les riches. Cette dimension de comédie sociale à la Full Monty ou à la Ken Loach m’a beaucoup plu. Laurent Malo aborde avec beaucoup de talent des problématiques sociétales telles que le chômage, le divorce…Mais il le fait toujours avec un regard décalé. Même si le sujet se fait grave, l’humour est toujours sous-jacent. Et j’ai aimé cette joie dans la tempête. Cette élégance face aux drames de la vie.

    « Je me suis promis, à cet instant, de ne plus croire qu’en une chose : leur courage de se battre. […] Ils étaient tous les trois mes guerriers, j’étais leur coach, on était la Team Losers. »

    Un des autres atouts de cet ouvrage réside dans les personnages. L’auteur nous propose toute une galerie de protagonistes hauts en couleurs et bien campés. Un peu, comme notre héros, on n’arrive pas toujours à bien les cerner et j’ai apprécié ce flou. Un flou qui donne encore plus de véracité à la narration du point de vue de Sean. Ce qui reste mystérieux pour lui le demeure également pour nous lecteurs.

    Les pages se tournent toutes seules, le ton reste vif, la légèreté apparente se pare de gravité et déjà nous devons quitter Sean et les siens. A REGRET. J'aimerais beaucoup les retrouver dans un prochain volet, à la manière de la série des Comment j'ai d'Anne Percin.

    Bref, je vous recommande la lecture de ce joli roman pour adolescents engagé, drôle et bien mené.

    Albin Michel Jeunesse, 2016, 297 pages

     

  • Hollywood Boulevard

    Hollywood Boulevard

    de

    Melanie Benjamin

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     "Ces derniers temps, la frontière entre les films et la vraie vie est devenue floue.

    Parfois, je suis assaillie par des images du passé-le rétroviseur fêlé de ma première voiture, la danse fantomatique d'un rideau devant une fenêtre ouverte, du temps où j'étais enfant et facilement impressionnable, un jour où j'étais alitée, en proie à la fièvre. Ou encore la courbe excitante des lèvres d'un homme, un homme dont j'avais dû autrefois connaître le baiser."

    Hollywood, 1969, Frances Marion, célèbre scénariste à la retraite, se remémore ses jeunes années, de son arrivée à Los Angeles à son Oscar, en passant bien entendu par sa rencontre déterminante avec Mary Pickford, la "petite fiancée de l'Amérique".

    De cette première conversation dans une loge de cinéma, s'ensuivra une relation amicale et professionnelle particulièrement féconde. En effet, chacune à leur façon, elles vont contribuer à la naissance du cinéma. Mais, dans un monde dominé par les hommes, il leur est difficile d'exister. Heureusement qu'elles peuvent compter sur leur soutien sans faille...Jusqu'à ce que...

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    L'année dernière, je n'avais pas pris le temps de vous parler des Cygnes de la Cinquième Avenue. Pourtant, j'avais eu un coup de cœur pour ce roman de Melanie Benjamin, tant pour son sujet que pour son style. J'en étais ressortie profondément émue. Truman Capote et Babe Paley m'avaient ainsi accompagnée pendant quelques jours...

    Autant vous dire que j'attendais donc avec impatience cette nouvelle publication. Aussitôt paru, aussitôt acheté et aussitôt lu...

    Dans cet ouvrage, l'auteur s'attaque à la naissance du cinéma. Pour conter cette période de bouillonnement créatif, elle s'appuie sur un schéma narratif à deux voix: celle de Mary Pickford et celle de Frances Marion. Toutes deux ont marqué cette ère: Mary Pickford s'est imposée comme une actrice chérie par l'Amérique et Frances Marion a réussi à exister en tant que scénariste. En effet, elle a contribué à la création du mythe de Mary. Et, à la période du cinéma parlant, elle a livré quelques adaptations reconnues (deux d'entre elles ont été récompensées par un Oscar).

    Ces deux destins féminins s'entremêlent. Parfois, la chronologie est bouleversée mais le puzzle temporel se reconstitue très facilement.

    J'ai été très intéressée par cette description des débuts du Septième Art. C'est passionnant d'assister à l'émergence des acteurs et des réalisateurs, de voir l'évolution des films, de comprendre comment cette mécanique s'orchestrait. Hollywood Boulevard fourmille de détails, sans jamais sombrer dans un écueil trop pédagogique.

    Tout nous est conté par ces deux pionnières.

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    Après avoir sans cesse erré sur les routes des Etats-Unis avec des troupes de troisième ordre, Mary Pickford est devenue une comédienne. Puis, pour subvenir aux besoins de sa mère, de son frère et de sa sœur, elle s'est lancée dans le cinéma. Très vite, parmi les actrices soi-disant interchangeables, elle s'est démarquée par son air angélique et ses boucles blondes. La consécration est ensuite venue grâce aux idées scénaristiques de sa meilleure amie, Frances Marion, qui l'a transformée en petite fille toujours adulée. Son mariage avec la star Douglas Fairbank a encore accentué ce succès. Tels des monarques, ils recevaient dans leur manoir de Pickfair des stars, des nobles, des princes et étaient souvent victimes de mouvements de foule. Avec l'arrivée du cinéma parlant, leur chute allait être encore plus rude.

    Autre destinée, celle de Frances Marion. Destinée tout aussi incroyable et tragique. Issue d'un milieu aisé de San Francisco, elle a tout quitté pour Los Angeles. Très vite, elle s'est rendue compte que le cinéma serait sa voix. Et elle s'est lancée. De scénario en scénario, elle a fait sa place. Jusqu'à être reconnue par toute la profession...Mais un drame allait la toucher de plein fouet (je n'en dirai pas plus pour préserver le suspense)

    De ces deux personnalités connues, Melanie Benjamin a fait deux personnages de romans fascinants. Elles se révèlent tour à tour attachantes, admirables, jalouses, envieuses, dures, courageuses, haïssables, émouvantes...

    Leurs liens d'amitié constituent le ressort de leur réussite et de leur chute. Un peu comme pour Babe Paley et Truman Capote dans les Cygnes de la Cinquième Avenue. Comme si obtenir la gloire avait forcément un prix. Celui du sang, des larmes et de l'échec.

    J'ai aimé les suivre pendant plus de cinquante ans. Deux points de vue sur les mêmes événements. Qui a raison? Nul ne le sait. Et tel n'est pas le propos...

    "Nous nous souvenons de ces expériences identiques de deux façons différentes-ça ne les rend pas pour autant moins vraies l'une et l'autre. Deux personnes peuvent regarder la même chose et y voir deux histoires différentes."

    Ce sont ces deux regards qui rendent encore plus dense le canevas romanesque. Toutefois, malgré cette richesse de l'entrecroisement des visions...Malgré la description approfondie des débuts du cinéma...Malgré la réflexion très intéressante sur la place de la femme dans le 7ème art (un débat encore d'actualité aujourd'hui)...je n'ai pas eu le même coup de cœur que pour les Cygnes de la Cinquième Avenue. Je trouve que ce livre perd de son intensité en son milieu et qu'il devient un peu long par moments.

    Finalement, j'ai été captée de nouveau dans les derniers chapitres, au moment de la ruine des deux. L'auteur nous dépeint Pickfair, le manoir de Mary Pickford, dans une tonalité digne de Sunset Boulevard. Et comment ne pas penser à ce film devant les dernières années de l'ex-"Fiancée de l'Amérique", perdue dans ses souvenirs, ses rêves de gloire passée et l'alcool? (le rôle interprété par Gloria Swanson avait même été proposé à Mary Pickford à l'origine) J'ai vraiment beaucoup aimé ces ultimes pages, tant pour leur atmosphère que pour la beauté du style et pour le bilan de la relation des deux amies.

    Bref, vous l'aurez compris: même si j'émets quelques bémols, ce roman m'a vraiment plu. Et je vous le conseille si vous êtes fans comme moi du cinéma et des destins de femmes.

    Albin Michel, 2018, 507 pages

    Billet dans le cadre du challenge Un pavé par mois de Bianca.

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